Encore des Belges ! Après l'excellent EP des bien nommés Schizophrenia (à lire dans ces pages), voici le premier album de leurs compatriotes de
Slaughter Messiah. Affublé d'un patronyme que l'on imagine pas trompeur, et déjà auteur d'une démo et de trois EP sur les dix dernières années (si, si, sont actifs, nos amis),
Slaughter Messiah a choisi High Roller Records pour sortir ce disque, plutôt attendu dans le microcosme du plat pays, tant la formation a bien foulé les planches avant de lâcher cette offrande, à la pochette qui sent bon l'excellent album des
Condor (Unstoppable
Power) avec son guerrier tout droit sorti d'un vieux Voïvod. Et, quand on sait qu'un ex-
Enthroned est partie prenante dans ce quatuor (
Lord Sabathan), on se dit que, décidément, on a pas affaire à des poussins de la nuit dernière (témoin le titre "
Descending to
Black Fire", clin d’œil que les fans repéreront facilement) .
N'y allons pas par quatre chemins, on va laisser les mouches vierges dans la pièce : Dès les premiers instants de "From the Tomb Into the
Void", le déluge de riffs virevoltants, un brin étouffés par un son bien âpre, donne le "la".
Slaughter Messiah, à l'image d'un
Hexecutor qui aurait tourné dans le virage du black/death de façon saugrenue, fait de l'urgence son maître mot. Et ce ne sont pas les rythmes plus que tapageurs d'un "
Mutilated By
Depths" qui vont calmer les ardeurs. Avec des refrains simples à mémoriser, souvent le nom du morceau craché comme un leitmotiv entêtant, la base de
Slaughter Messiah est on ne peut plus affirmée. Et, si on ne nage pas bien loin d'un
Necrowretch putride qui n'aurait pas renié ses origines tout en copulant avec une base thrash extrême, les morceaux restent construits pour ne jamais lasser et farcis de relances acérées. Les 5 minutes et quelques de chaque titre - sauf l'expéditif "Pouring Chaos" qui n'atteint pas les 230 secondes - déroulent un schéma somme toute classique : riffing très rapide, breaks judicieux avec de rares ralentissements bien amenés, et un vocaliste au timbre éraillé qui suit le rythme majoritairement effréné de tout ce petit monde.
Aucune originalité dans le genre, chacun l'aura compris, mais là n'est pas le propos. La qualité et l'énergie malsaine priment ici. Si parfois on peut sourire à un petit cri à la Schmier (
Destruction), le morceau de sept minutes "Hideous Affliction", lui, ne prête aucunement à sourire. Assez inattendu dans ce registre plutôt propice à des compositions expéditives,
Slaughter Messiah, sous une base que l'on pourrait croire basique, ne se contente pas de faire de la petite composition bâclée. On se surprendrait même à repérer quelque mélodie insidieuse dans tout ce magma ("Hideous Affliction", "Fog of the
Malevolent Sore" au final entêtant). Adepte de breaks bien amenés, et de leads tout droits hérités du blackmetal nordique, et avec des musiciens au diapason,
Cursed to the Pyre ne déçoit nullement, et les espoirs placés en lui au fil des parutions plus ou moins confidentielles de la décennie, ne seront pas vains.
Avec un premier abord qui pourrait être un peu facile, plus malin qu'il n'y paraît, ce premier
Slaughter Messiah sait faire parler la poudre (le bien nommé "
Pyre", dévastateur) et ce n'est pas un hasard si le groupe partage l'affiche avec
Desaster ou intègre le Courts of Chaos cette année en bonne place.
Pas de reprise (le groupe l'a déjà fait sur des enregistrements précédents), pas d'intro superflue, 8 titres pour une durée idéale (42 minutes) qui plaira à coup sûr aux fans d'extrême au sens large (les adeptes des groupes cités dans ces modestes lignes peuvent foncer). S'il pourra falloir un peu de temps pour bien en saisir l'essence (une écoute superficielle ne suffit guère pour distinguer la qualité intrinsèque de l'ensemble et l'album se dompte au fil des écoutes par de multiples points d'accroches),
Cursed to the Pyre enflammera sans nul doute au delà de son propre pays. Sont forts ces Belges !
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