Le désespoir, la perte de sensation, l’annihilation des sentiments, la crise…autant de thèmes, autant d’ambiances, autant de sensations réunis au sein d’un même album, « Crisis //Reinvention ».
Interlock fait fort,
Interlock ose,
Interlock, passionné, sort leur deuxième album seulement et nous propose une musique des plus incisives, teintée d’atmosphères électroniques et torturées. Leur identité est originale et peu identique à ce qui se fait dans le monde du métal. Même si les britanniques font une musique typiquement industrielle au son aussi saturé que celui de Marylin Manson et à la hargne proche des
Strapping Young Lad, il faut le dire,
Interlock se rapproche beaucoup plus du métal dit « cyber » et c’est bien d’ailleurs ainsi que le groupe préfère désigner leur musique.
Le cyber métal est méconnu, à part
Fear Factory ou
Sybreed, quels groupes représentent réellement ce style si délaissé ? Pour
Interlock et leur envie d’innover et de faire évoluer le métal, la question ne s’est pas posée. Le cyber, avec ce concept si futuriste, torturé et décadent, leur a tendu les bras. Pari réussi.
Le monde d’
Interlock se veut alors bien étrange et surtout apocalyptique. Alors que l’être humain dans toute sa splendeur semble être une créature totalement décharnée (la pochette en étant un exemple type ainsi que des noms de titres tels que «
Skinless » ou «
Sleepless »), l’éradication et l’emprise physique et mentale semblent être les maitres mots de l’album.
Ces quelques termes sont appréhendés à travers une musique diversifiée et surtout très originale. Electronique à souhait (pas de claviers, juste une certaine programmation et beaucoup de samples), les guitares sont saturées et lourdes, les riffs sont très bien trouvés, les solos plein d’émotion, tandis que la batterie, ultra technique, a un jeu très varié, un rythme souvent syncopé, et surtout une double pédale monstrueuse (« Straight ») . Le mélange des deux crée de multiples facettes à la musique, celle-ci pouvant très bien être typiquement indus, mais aussi proche du death («
Creed »), du thrash ou du gothic rock («
Never/
Lost »)
Le petit plus d’
Interlock, c’est sans aucun doute la dualité magistrale des chants. Les deux chanteurs Hal et Christina savent parfaitement mélanger leur voix, alternant à tour de rôle, un chant clair très mélodieux, et un chant enragé, presque proche du death, très tranchant, et le résultat est surprenant. Ce tandem de choc attire bel et bien notre attention du début à la fin.
Alors que «
Skinless » démarre agréablement l’album sur les chapeaux de roues, les couplets étant tranchants et les refrains assez aériens, « This Waking Moment » est très calme et presque ambiant, l’enrobage électronique étant omniprésent et les chants se rapprochant plus des murmures.
«
Never/
Lost » est très réussi au niveau des ambiances, et des changements de rythme, de l’ombre à la lumière, du calme à l’agressivité…des chœurs en arrière plan…et toujours ces chants charismatiques, que ce soit celui de Hal ou celui de Christina…un véritable condensé de mélodie et de mystère… «
Sleepless » utilise la lourdeur des guitares à bon escient et quelques riffs incisifs pour couronner le tout.
Interlock n’oublie décidément rien.
Interlock affectionne les passages mélancoliques et torturés. « The Hold » est l’exemple typique. Le titre qui se démarque de l’album. Hypnotisant. Attirant. Prenant.
Triste. Chaotique.
Il y a une véritable progression, si bien qu’on ne sait jamais quand le titre se termine. Le piano cristallin et ses quelques notes énigmatiques résonnent dans notre tête à mesure que l’électronique fait délicatement son apparition. Puis la basse et la batterie, et ce tempo lent, accompagnant ce piano qui continue à nous embarquer. Puis l’arrivée des deux voix, qui se superposent, et ne font qu’un. Claires, Mélodiques, Aériennes., soutenues par un fond sonore des plus tristes. Puis les guitares, saturées, se mélangeant aux autres instruments sans les recouvrir, sans les dénaturer. Et enfin ce tranchant dans les voix, aussi bien du côté de Hal que de Christina, ce côté torturé, ces cris de désespoir si prenants…
Et quand tout se termine on veut y retourner, encore et encore… « The Hold » signifie « l’emprise » en français….c’est tout à fait ça…
« Crisis//Reinvention » c’est quoi ? C’est cybernétique. C’est électronique. C’est tranchant. C’est torturé. C’est prenant.
On n’a qu’une envie après avoir écouté l’ensemble d’une traite : se replonger dans leur monde particulier. Faire de nouveau face à toutes ces émotions. Se laisser envahir par les ambiances…
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