Crimson Dyed Abyss

ajouter les paroles de l'album
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
16/20
Nom du groupe Angelseed
Nom de l'album Crimson Dyed Abyss
Type Album
Date de parution 29 Novembre 2015
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album11

Tracklist

1. Bloodfield 04:59
2. Dancing with the Ghosts 05:16
3. Man with Black Roses 05:43
4. Forever Blind 05:34
5. Leaving All Behind 05:32
6. Fallen Angel 06:31
7. Schizohead 05:05
8. Dreamer - Breaking Dawn 06:23
9. Soulcollector 05:49
10. The Healer 05:41
11. Now 05:26
Total playing time 1:01:59

Acheter cet album

 $73.99  102,42 €  36,77 €  £36.31  $20.79  106,93 €  39,77 €
Spirit of Metal est soutenu par ses lecteurs. Quand vous achetez via nos liens commerciaux, le site peut gagner une commission

Angelseed


Chronique @ ericb4

12 Fevrier 2016

Essai transformé pour le collectif croate à l'aune de cette œuvre riche et variée...

Peu nombreuses sont les formations metal symphonique croates à venir tenter de faire de l'ombre à leurs homologues stylistiques européens. AngelSeed fait précisément partie de ces outsiders que nul n'avait jusque là subodoré l'existence et qui compte bien jeter un pavé dans la mare. Le combo croate avait déjà annoncé la couleur de ses intentions lors d'un premier effort à l'instar du bien inspiré EP éponyme, sorti il y a tout juste 18 mois. Reprenant ses trois titres, nos acolytes les ont progressivement complétés par huit autres du même acabit, pour les intégrer dans ce roboratif « Crimson Dyed Abyss », flamboyant album full length sorti chez Sliptrick Records insufflant un message musical de plus d'une heure d'un metal symphonique mélodique de fort bonne facture. Doit-on comprendre, cette fois, que la messe est dite ?

Le sextet originel est resté inchangé, comprenant ses trois membres fondateurs (Damir (guitare) ; Sinisa (basse) ; Jurika (batterie)) auxquels s'étaient adjoints : Juraj (guitare) ; Jurica (claviers) et Ivana (chant). De cette étroite collaboration émanent des compositions tout aussi efficaces qu'auparavant avec un supplément d'âme accolé à leur propos. Ce faisant, on reste calé dans un metal symphonique gothique mélodique, avec une touche atmosphérique, voire folk. C'est dire que les sources d'influences sont hétérogènes, oscillant entre Delain, Evanescence, Within Temptation, Nightwish et Unshine, sur le plan harmonique et les lignes de chant au lyrisme discret ; Stratovarius, Mercenary ou Sonata Arctica, côté instrumentation et énergie percussive, avec une touche d'Elane pour la fibre roots. Un soin particulier aux lignes mélodiques et aux variations rythmiques a été apporté et moult détails de production, comme les finitions et les enchaînements, ont été générés. Et ce, tout en nous octroyant une qualité d'enregistrement supérieure et un mixage affiné, équilibrant désormais avec précision les parties instrumentales et vocales en présence. Signe que l'on a opté pour plus de rigueur et de panache, l'artwork de la jaquette aux couleurs mordorées fourmille de traits effilés et opportunément conjugués dans une mouture d'obédience fantastique. Fort de ses textes finement accouchés, d'un degré de technicité plus éprouvé et d'un vent d'inspiration renouvelé, le valeureux collectif nous embarque à bord de son vaisseau amiral à la conquête des abysses de nos âmes.

La jeune troupe marque ses premiers points sur nombre de titres power symphonique mélodique, dans la mouvance de ses sources d'influence, et ce, dès les premières portées. Ainsi, des nappes synthétiques enveloppantes nous mènent à « Bloodfield », où l'on sent poindre l'orage gronder. Des riffs mitraillants viennent étreindre une rythmique frondeuse pour une traversée mouvementée mais sans y perdre en luminescence mélodique, notamment sur les refrains, immersifs à souhait comme auraient pu nous en proposer Delain. La présence de Mikkel Sandager Pedersen aux grunts, associée aux claires patines de la belle, contribue à sublimer ce grisant instant, avare ni en pickings, ni en rampes aux claviers, bluffants de brio. Mais, on est encore loin du compte par rapport à ce qui va s'ensuivre. De la première mouture, on retrouve le magmatique et charismatique « Dancing with the Ghosts », titre power symphonique animé de la même ferveur, dansant sur des charbons ardents, dans le sillage de Magica, tout en veillant à ne jamais nous perdre au cœur de ses enivrantes harmoniques. Difficile d'échapper à l'emprise de ses refrains d'une parfaite homogénéité mélodique et d'une cohésion orchestrale indéfectible. Dans une veine folk, un violoneux pont vient calmer la tempête, avant de se faire balayer par une reprise sur la crête du refrain, nous submergeant par là même. Aussi, la coulée d'une émotion subreptice est-elle inéluctable... Mais, on va élever d'un cran les meurtrissures du pavillon, et de quelle manière... Dynamisant instant que « Forever Blind », où la rythmique crapahute dans tous les sens et où les riffs n'ont de cesse de faire saigner les tympans. La sirène prend alors les habits d'une démoniaque créature comme pour nous signifier de se méfier des apparences d'un angélisme qu'on croirait coulé dans le marbre. Là, on navigue en pleine mer démontée, où les éléments organiques se déchaînent, où pleuvent de meurtriers grêlons au rythme pendulaire d'un tapping en furie, les choeurs nous éventrant de leurs coups de massue. Bref, un inquiétant compartiment auquel ne nous avait pas habitués le combo et dans lequel il semble prendre plaisir à se jouer de nos émotions. Mais, là encore, la sauce prend...

Par ailleurs, on entre en contact avec une assise rythmique plus ample sur un tempo enjoué pour nous sensibiliser à un parcours auditif ultra sécurisant. Une délectable guitare acoustique introduit un entraînant « Dreamer - Breaking Dawn », plage heavy symphonique au dessin harmonique cohérent et loin d'être inconvenant. On pénètre aisément dans les arcanes d'une ronde pléthorique en variations, calée sur un duo mixte à la teinte romantique et fonctionnant à merveille, à la manière de Visions Of Atlantis, première mouture. Difficile de se soustraire à la magie opérée par des refrains typés hard FM et à la mélodicité redoutable d'efficacité, tout comme à celle d'un pont atmosphérique à la technicité d'excellente facture. Le groupe a aussi opté pour un heavy symphonique bien trempé, avec une touche folk, sur « Fallen Angel », petite fresque où, peu à peu les riffs, tels des serres, nous agrippent et nous transportent dans une ascension vertigineuse à l'aune de couplets bien ciselés et de refrains avenants. Le chemin mélodique ainsi traversé demeure serein et les variations rythmiques aperçues, dans le sillage de Sonata Arctica, captent une attention constante. Mais, c'est quand on s'apprête à traverser le break que l'on stoppe net notre progression, et ce, pour prendre le temps de goûter à la caresse d'un délicat solo de flute venu nous envelopper de ses ondulantes stridulations, lui-même s'effaçant derrière un solo de synthé non moins intrigant qui, lui, se fera aspirer par un joli solo de guitare. On se rapprocherait ainsi d'un univers folk dans la lignée de Lyriel, la touche AngelSeed en plus. Enfin, la reprise laisse le champ libre à des riffs échevelés et à un corps vocal d'une puissance confondante.

Lorsque le convoi orchestral ralentit un poil la cadence, nos valeureux gladiateurs ne se montrent pas maladroits non plus. Superbe morceau metal symphonique en mid tempo et au riffing élégant, « Man with Black Roses » attire le tympan tant par les fines inflexions de la déesse que par ses couplets d'une grande rigueur scripturale. On ne passera pas outre une muraille de choeurs éminemment infiltrante assistant l'interprète. Si la ligne mélodique s'avère prévisible, elle n'en touchera pas moins sa cible, celle de nos émotions. Plus encore, une guitare acoustique nous prend la main pour nous faire pénétrer sur l'hypnotique « Leaving All Behind », autre mid tempo, où la basse se délasse et les riffs s'arrondissent, à la manière d'Unshine. On n'échappera pas aux refrains catchy sur ce morceau envoûtant grâce à ses judicieux accords et à l'ajustement optimal de ses gammes. Les harmonies enivrent autant que les tonalités visent à la diversification. En outre, une joute oratoire singulière s'inscrit dans cette trame à fleur de peau, à l'instar d'une voix chatoyante modulée en ligne de fond contrastant avec une fibre féminine claire en background. Un duo inattendu qui évolue jusqu'à tendre vers une parfaite osmose, dans une atmosphère proche de Solicia. Enfin, une dégressivité de l'espace orchestral s'amorce à la lumière d'un piano/voix féminine permettant à cette piste de s'achever sereinement.

Quelques virées alternatives nous sont aussi proposées, avec quelques belles réussites. Aussi, une rythmique syncopée nous ouvre la porte sur « Schizohead », titre symphonique gothique aux relents orientalisants, non sans rappeler Epica. Une cavalerie percussive éminemment offensive vient frapper nos tympans, alors que les riffs tranchent dans le vif et que la basse n'a de cesse de faire vrombir ses lourdes cordes. Un pont technique où se déchaîne une lead guitare, tournoyant autour d'un serpent synthétique aux ondulations inattendues offre une scène dantesque, l'ensemble évoluant parallèlement sur un tracé mélodique un poil déroutant mais nuancé et plutôt agréable sur le refrain.

Une approche singulière de quelques moments tamisés nous est également destinée, permettant au collectif d'esquisser ses mots bleus, de deux manières différentes. Ainsi, de sensibles gammes au piano nous mènent à « The Healer », engageante power ballade laissant évoluer la belle au gré de ses claires inflexions, par moments rejointe par son comparse pour quelques voluptueuses embardées. Tout en légèreté, le convoi orchestral tempère ses ardeurs, nous octroyant un troublant instant, finissant au son du maître instrument à touches, pianissimo... Enfin, une empreinte violoneuse sous-tendue par une sulfureuse toile synthétique nous invite à une atmosphérique ascension sur l'outro « Now », soyeuse ballade progressive où les voix des anges nous parviennent. Instant fragile mis en exergue par une féline et mélodieuse instrumentation partageant à parités égales l'espace sonore avec le champ oratoire. C'est en quasi apesanteur que l'on se trouve tout le long, la pièce se clôturant par un superbe dégradé de l'intensité acoustique.

Mais, dans ce florilège de joyeusetés, il y a un bémol. Des riffs acérés détruisant tout sur leur passage, étreignant une rythmique plombante, nous escortent sur l'ardent « Soulcollector », titre power symphonique dans le sillage de Stratovarius, où des choeurs en faction aimantent partiellement notre attention. On aurait peut-être souhaité davantage de finesse dans l'écriture des portées, des accords moins ésotériques ainsi qu'un pont moins crayeux. On regrettera également une ligne mélodique, cette fois, invariablement resserrée autour des notes médianes. Une piste assurément dans l'ombre de ses consoeurs.

En définitive, on découvre un message musical à l'atmosphère éclectique, suivant une approche complémentariste sur le plan rythmique accouplée à une mélodicité enchanteresse. C'est dire que l'énorme potentiel artistique et technique d'un groupe qui n'a pas plaint sa peine, à l'image d'un travail de studio minutieux, inonde l'ensemble de ses partitions. Aussi, la restitution de ces arpèges accouchés sur le papier est apte à nous faire tantôt headbanger, tantôt frissonner, tantôt rêver sur la majeure partie de l'opus. Bref, on détient là une œuvre susceptible de les propulser parmi les valeurs montantes du registre metal symphonique à chant féminin, le groupe ayant beaucoup appris et intégré bon nombre de plans harmoniques de ses aînés. Certes, quelques prises de risques et un poil d'originalité n'auraient pas nui à un propos qui en manque encore pour le moment. Mais, l'objectif du ralliement d'un auditorat sensibilisé aux gammes de leurs sources d'influence ne saurait être entravé par cet écueil. Un truculent programme qui saura trouver un débouché favorable à son évolution...


0 Commentaire

1 J'aime

Partager
    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire

Autres productions de Angelseed