«
Les Alabres », nom donné à ceux qui étaient chargés de se débarrasser des cadavres des pestiférés durant le Moyen-âge, est aussi le nom donné à une petite formation originaire de Toulon. Ce groupe fondé en 2006 se définit comme jouant un folk provençal. Néanmoins, musicalement mais également textuellement, «
Les Alabres » iront au-delà de la seule Provence. La France du Moyen-âge est leur domaine.
Le premier air est celui de l’accordéon, celui de la bourrée sur « La Révolte ». Un titre assourdissant, rentre dedans, renforcé par une bonne puissance de feu batterie/guitare. Le groupe a fait le choix du partage entre deux chants masculin/féminin. Un choix qui est généralement fructueux et qui permet à l’auditeur d’explorer des contrées différentes, partagées entre climat de rudesse et de douceur. La prestation de Jennyfer reste tout de même au stade du simple essayage. Il lui manquerait encore de la maîtrise pour réellement parvenir à transcender sa voix, à la rendre plus stable et équilibrée. Comme le très convaincant « La Récolte », « Le Roy Louis » ressortira indéniablement lui aussi de l’album. Celui-ci ressemblerait davantage à un petit hymne mémorisable, bien qu’assez simple en apparence. La guitare se montre ici plus approfondie que sur les autres titres du volume. Un instrument qui mettra globalement à mal la galette.
Une guitare qui fera office de bourreau sur « Epitaphe d’un Ivrogne » ou l’instrumental « Valse à Fanny », qui offrait pour ce dernier, une excellente entame à l’accordéon. La guitare n’est pas aidée par le faible niveau de la production, donnant un son trop épais, une vraie bouillabaisse sonore, une mise en branle totalement incontrôlée et cacophonique. Le titre «
Les Alabres », plus aérien, apparaîtra lui en plus du mauvais grésillement de guitare, beaucoup trop fouillis. On essaierait ici d’y apporter une atmosphère ténébreuse, mais ça ne prend pas. Déjà les scintillements de synthé en tout début ne plantaient pas du tout le bon décor. C’est plus un élément d’artifice comme sur « Couché
Tard », une chanson traditionnelle, un peu redondante qui avait mieux réussi au groupe « Malicorne », un groupe qui figure parmi les imminentes influences de la formation «
Les Alabres ».
« Furie à Béziers » aurait pu être un très bon morceau, s’il n’y avait pas eu cette faiblesse récurrente de la production. On explore ici une page sombre de l’Histoire de France, le massacre des habitants de la ville de Béziers le 22/07/1209 par les croisées, venus réprimer par le sang l’hérésie cathare ou plus exactement la fidélité d’une population au comte de Toulouse. La fameuse phrase qui avait marqué ce tragique événement « Dieu reconnaîtra les siens » est d’ailleurs reprise sur le refrain. Un refrain qui fera perdre de l’énergie au titre, alors que l’on attendait un certain regain de dynamisme à cet endroit précis.
Une deuxième démo après celle de 2008, qui souffre quasiment des mêmes problèmes que son précédent. Une mauvaise production qui sape le travail des instruments, une guitare peu avenante, n’apportant qu’un contenu plus brouillon encore au produit. Ce groupe de folk français, est néanmoins à suivre. Il a le mérite d’explorer le vrai folklore français, associant musicalement la bourrée paysanne au metal. On cherche avant tout l’authenticité, pas question de reproduire le folk médiéval des allemands d’«
In Extremo ». «
Les Alabres » ont une personnalité bien à eux. Ils leur restent encore à redresser leur niveau technique et production pour que ces ménestrels soient admis à jouer dans la cour des seigneurs.
11/20
Sinon cette chronique est interessante car j'ai vu ce groupe en live il y a bien 3 ans à Lyon. Ils avaient fait un très bon concert avec une reprise fintroll et korpiklanni, deux groupes que j'aime pas du tout mais c'était assez puissant en live. Bonne grosse soirée pogos/bières.
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