Jeune quintet de metal symphonique à chant féminin brésilien créé en 2019 à Petrópolis,
Arcana Elysium entend, tout comme ses compatriotes de
Lyria,
Vandroya,
Silent Cry ou encore Finita, essaimer ses riffs sur la scène metal locale, voire internationale. Aussi, mû par un soudain élan d'inspiration, le combo nous octroie son premier et vibrant single «
Hunting in the Shadows » quelques mois seulement suite à sa sortie de terre. Il s'agit-là de l'une des dix pistes de son introductif et présent album studio «
Corpus Callosum », une auto-production d'une durée quasi optimale de 47 minutes accouchée deux longues années plus tard. C'est dire que nos acolytes ont pris la mesure des enjeux et des risques encourus à trop vouloir brûler les étapes pour faire entendre leur voix, a fortiori dans un registre metal encore en proie à une féroce concurrence. Bien leur en a pris...
A bord du navire nous accueillent les cinq membres d'équipage qu'unit un indéfectible lien d'amitié, à savoir : la soprano Patricia Scagliusi, le guitariste Bruno Riz, le bassiste/growler Igor Valle, le claviériste Claudio Alves Justen et le batteur Alex Diniz. De cette étroite collaboration naît un propos rock'n'metal mélodico-symphonique aux relents heavy, power, dark et progressif, à la fois pulsionnel, plutôt engageant, des plus enivrants, un brin romantique, non sans rappeler
Nightwish,
Epica,
Xandria,
Delain,
Stream Of Passion,
Draconian,
Lacuna Coil et consorts. Mixé et mastérisé par Celo Oliveira au "Kolera
Home Studio", l'opus jouit d'une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation et d'une belle profondeur de champ acoustique. Indice révélateur d'une sérieuse envie d'en découdre de la part de nos inspirés concepteurs. Mais laissons-nous porter par les alizés dans l'espoir de déceler quelques terres d'abondance lors d'un parcours aux multiples rebondissements...
C'est sur des charbons ardents que s'effectue le plus clair de la traversée, la troupe parvenant dès lors et sans ambages à aspirer le tympan. Ainsi, passé la brève et dispensable entame instrumentale, «
Corpus Callosum », c'est à une nature véritablement déchaînée que l'on aura affaire. Ce qu'illustrent «
Hunting in the Shadows » et « Game
Changer », deux poignants up tempi aux riffs corrosifs à mi-chemin entre
Epica et
Delain. Dotés d'enveloppantes nappes synthétiques, d'un entêtant refrain et mis en exergue par un duo mixte en voix de contrastes bien habité – les cristallines inflexions de la sirène n'ayant de cesse de faire front aux serpes oratoires de son comparse de growler – ces entraînants efforts jouent tous deux dans la catégorie des hits en puissance que l'on ne quittera que pour mieux y replonger le pavillon. Dans cette énergie s'inscrit encore « The Light
That Hurts », troublant manifeste dark symphonique gothique aux relents orientalisants, fortement chargé en émotion et à l'indéboulonnable ferveur.
Un poil moins tubesques et impulsives, d'autres plages ne se révéleront guère moins impactantes. Ce qu'illustre, d'une part, le ''delainien'' mid tempo heavy symphonique et progressif aux souriants gimmicks guitaristiques «
Cold Road ». Alternant couplets bien customisés et refrains headbangants, et mise en habits de lumière par les limpides impulsions de la déesse que viennent rejoindre les growls ombrageux d'une bête acariâtre, l'enjouée offrande troublera plus d'une âme rétive. Dans cette dynamique, on retiendra également le tortueux « The Only One » tant pour ses enchaînements intra piste ultra sécurisés que pour la soudaineté de ses montées en régime et ses changements de tonalité.
Sur une cadence plus mesurée, nos compères ne se sont pas montrés plus malhabiles, loin s'en faut. Ainsi, calé sur une ligne mélodique aux délectables ondulations où viennent se greffer les fluides patines de l'interprète et sur laquelle vogue un refrain immersif à souhait que relayent de savoureux couplets aux accents hispanisants, c'est d'un battement de cils que «
Beyond These Tears », un solaire mid tempo aux airs d'un
Stream Of Passion des premiers émois, se jouera de toute tentative de résistance à son assimilation. Dans cette mouvance, le mid tempo progressif aux délicats arpèges pianistiques «
Farewell Sacrament » se pose tel un voyage en d'oniriques contrées. Encensé là encore par les saisissantes envolées lyriques de la soprano et agrémenté d'un grisant slide à la guitare acoustique, cet enivrant effort aux relents latino fera voler en éclats le plafond de verre. Peut-être bien le masterpiece de l'opus...
Est-ce à dire que le sans-faute serait au bout du chemin ?
Pas tout à fait. Ce qu'atteste «
Taste Hell to Deserve
Heaven », ''lacunacoilesque'' up tempo aux riffs acérés, à la rythmique sanguine et où claque une basse rageuse. Et ce, au regard d'une entame instrumentale peu loquace et empreinte d'imputrescibles longueurs, de la répétibilité de ses séries d'accords et d'une sente mélodique en proie à d'indéfectibles linéarités. L'accroche peinera plus encore à s'effectuer sur «
Insane Creation », un tempétueux et ''draconien'' effort dark gothique doté certes d'un fondant refrain mais hélas desservi par un cheminement d'harmoniques tendant à l'uniformité.
En définitive, la troupe nous offre une traversée dans une mer limpide à la profonde agitation intérieure, interrompue par de rares intempéries. Conjuguant habilement les styles convoqués et diversifiant à l'envi tant ses phases rythmiques que ses ambiances, le combo parvient à maintenir intacte l'attention. D'aucuns parmi les fans du genre auraient sans doute espéré l'une ou l'autre fresque et/ou ballade pour se sustenter. Témoignant toutefois d'une technicité instrumentale et vocale dores et déjà maîtrisée et d'une inspiration mélodique que nombre de leurs homologues pourraient leur envier, y accolant un petit supplément d'âme, le mal n'est pas grave. A l'aune d'une œuvre aussi frissonnante et énigmatique que démoniaque, nos acolytes seraient à même d'opposer une farouche résistance face à leurs homologues générationnels ; un chatoyant et pénétrant propos apte à les propulser parmi les espoirs à ne pas éluder, et ce, dans un registre musical ô combien séduisant mais éminemment exigeant. Dans l'attente à peine voilée d'un second méfait de même acabit...
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