Les informations sur cet ancienne colo perdue au milieu des tulipes et des moulins à vent restent fragmentaires : son auteur, suicidé le jour de ses 35 ans, initiateur de
Bestial Summoning, tout comme le label qui a cautionné cette sortie,
Wild Rags, demeurent anecdotiques. Car, cette offrande se suffit à elle-même. La Déviance a forgé cette chose dans la matière noire. Comment trouve-t-on
Bhaobhan Sidhe ? Disons que c’est Lui qui vous trouve. Dans le cas présent, la contamination s'est produite lors d’un concert, il a suffi d‘un coup d’œil sur la guitare de
Black Christ, un autocollant en biais, et le virus venait de se répandre.
Die,
Die,
Die my Darling.
Corpse Crater ressemble à une exploration des entrailles de la Terre, charriant les substances les plus sombres, toxiques, et carbonées : un univers qui tolère l’homme en surface, mais qui constitue en réalité sa totale négation. L’homme oublie qu’il marche sur ses morts,
Bhaobhan Sidhe va le réveiller. Cette planète n’est rien d’autre qu’ un charnier millénaire à ciel ouvert. Pour forcer l'homme à entamer son acte de contrition, BS s'est dépouillé de ses oripeaux black metal originaires, et a revêtu une aube noire épurée, sans clou ni cartouchière. Les sons produits par cette entité se décomposent en un cocktail corrosif tentant d'incorporer à la façon d'un docteur Frankenstein de la coldwave hypnotique, dans de l'ambient éthéré, le tout agrémenté de rythmiques minimalistes et angoissantes à la John Carpenter, version décharnée, sortie de la cave après 20 ans de séquestration et de viol incessant (encore un fait divers).
Corpse Crater fait l’effet d’un assemblage bancal de sonorités tubulaires abrasives et glaciales qui se nourrissent de l’effort produit par l’écoute active de sa victime. Les notes n’ont pas la perfidie d’endormir mais au contraire attisent la curiosité, aiguisant l’ouïe dans une attente perpétuelle du commandement final : sombre avec Moi dans les Ténèbres. Killing Yourself To
Live.
La torture orchestrée par cet artefact a de quoi faire sombrer quiconque dans la folie. La perte totale de repères pousse à l'automutilation salvatrice. L’intention nihiliste qui préside au fondement de cet opus n’a d'égal que la simplicité d’écriture de son auteur-interprète. Un doux parfum de charognes embaume cette sérénade pour prédateurs en liberté. Cette musique rend d’autant plus terrifiant l’imagerie qui l’accompagne et l’idéologie qui la sous-tend. Le Mal est à l’œuvre ici-bas, et cette musique en est la preuve. Je suis rassuré de voir que personne ne la possède. Une musique à réserver aux cerveaux malades. Thank
God for the Bomb.
Gloire à Moi.
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