Sept ans après son premier album, et quatre ans après le split Unveiling the Signs, la formation belge
Wijlen Wij est de retour pour un second opus intitulé Coronachs of the ?, sous l'égide du label russe
Solitude Productions. Si l'on trouve toujours au sein du groupe Kostas Panagiotou (
Pantheist), Kris Villez (In Somnis) et Lawrence van Haecke (
Solicide), on notera que Stijn van Cauter (
Until Death Overtakes Me et une pléthore d'autres projets) n'en fait plus partie, un départ qu'on pourrait voir, à tort ou à raison, comme à l'origine du relatif changement de personnalité qu'a subit la musique du groupe.
En effet, si sur le fond
Wijlen Wij officie toujours dans le même style, ce nouvel album présente un certain nombre de nouveautés qui si elles ne manquent pas forcément d'intérêt risquent de ne pas plaire à une partie des fans du groupe. Là où le premier album proposait un
Funeral Doom sombre et pessimiste où les passages plus mélodiques, bien que présents, restaient assez sobres et jouaient un rôle relativement limités, Coronachs of the ? met au contraire en avant une atmosphère bien plus lumineuse, mélancolique et émotionnelle.
L'exemple le plus flagrant de cet état de fait est clairement "...boreas", le titre ouvrant l'album: dès les premiers instants, la tonalité étonnement positive des mélodies et des nappes d'orgue a de quoi surprendre l'auditeur ayant apprécié le premier album du groupe, le dépaysement étant en outre de plus en plus grand au fur et à mesure de la progression de la chanson, celle ci se terminant par une montée en intensité très maitrisée dont les mélodies risquent cependant de paraître étonnement niaises à certains. L'arrivée du chant clair est également à remarquer, tant son utilisation a changé depuis l'album éponyme. En effet il est ici très doux, voir même romantique, et est très éloigné des accents plus liturgiques et torturés que pouvaient proposer des titres comme "L'Anathème" ou "Bridges". De même, l'assez réussi interlude au piano qui arrive aux alentours de la quatrième minute est bien loin des notes de claviers glauques et obsédantes d'un morceau comme "
Wijlen Wij".
Or, si "...boreas" est clairement le titre au sein duquel ces éléments sont les plus développés, il n'est pas le seul à les inclure, des morceaux comme "A
Solemn Ode to Ruin" ou "From the
Periphery" les comportant également à des degrés divers.
Cela étant, cette métamorphose vers un
Doom plus beau, métissé et accessible n'est pas complète. En effet, des morceaux comme "
Die Verwandlung", qui bien que relativement mélodique conserve une réelle sobriété à ce niveau là, ou "Laying Waste to the City of
Jerusalem", dont les quelques accélérations pourront faire penser à "Falling Stars", sont porteur d'une âpreté et d'une dureté qui rappellent plus le premier album et sont à ce titre plus à même de séduire certains. Cependant ils ne sont pas totalement satisfaisants: outre un travail de composition légèrement moins intéressant, bien que sans doute plus dense, on pourra regretter le fait que le son des guitares soit bien plus conventionnel que sur le premier album. De plus ils souffrent d'une production peu adaptée, qui tranche étonnement avec ce à quoi les sorties du label nous avait habitués.
Au final, l'album souffre d'une identité légèrement bâtarde, certains passages étant trop gentillets pour une partie des auditeurs, d'autres trop rudes pour les autres. Les personnes appréciant ces deux aspects auront par contre de quoi être satisfaites, l'album étant tout de même très varié et offrant pas mal d'idées différentes, à défaut d'être vraiment parfait. Le groupe ayant splitté peu après la sortie de l'album, il est malheureusement peu probable qu'il nous offre un jour un successeur à ce Coronachs of the ? , qui aurait pu adopter une ligne directrice plus tranchée...
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