En toute bonne foi, je ne peux laisser la seule chronique de Julien laisser installer cette impression amère, qui risque de dissuader plus d’un lecteur d’investir dans le dernier
Phazm.
Bien entendu, j’entends bien la formidable impression laissée par Antebellum, l’un de ces disques qui fait regonfler le torse de bon nombre de metalheads franchouillards, ravis d’entendre qu’en France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées, d’autant plus côté metal.
Mais que diable, puisque l’on est parti sur une comparaison discutable, suis-je donc le seul à remettre en cause les louanges adressées à un
Gojira pour un The Way Of All
Flesh (qui risque de rester longtemps dans l’ombre de son brillant prédécesseur), de la même façon que cette tendance incompréhensible à juger
Cornerstone of the Macabre comme une simple stagnation des Lorrains ?
Et bien dussé-je être le seul à encenser
Phazm pour son dernier effort, je ne me défilerai pas.
N’y allons pas par quatre chemins : la musique de
Phazm n’a rien perdu de cette impayable personnalité, cette sorte de death’n roll aux relents poisseux de stoner, capable de groover comme personne, tout en gardant cette forme de second degré cynique et glauque. Rendez-vous sur The
Old Smell Of The Meat pour s’en rendre compte.
Toujours cet univers américain qui émane d’un
Adrift massif mais révélant des touches bluesy du meilleur effet, sans parler de la furie blues-rock de Mucho Mujo (avec en prime des soli plein de classe) ou de la balade du poor lonesome cowboy impayable (Strange Song).
Mais bien loin que de contenter de nous resservir le même plat, avec
Cornerstone,
Phazm alourdit un peu plus son univers, lui donnant un cachet mortuaire prégnant qui rompt d’une certaine façon avec le caractère outrageusement « barré » de son prédécesseur. Et c’est sur ce point précis que selon moi,
Phazm apporte quelque chose de neuf et ne regarde pas dans le rétroviseur.
De l’écrasant (et « Gojiresque » de par son intro, ou plutôt « Morbidangelesque » pour être plus juste) The Worm of The Hook qui affiche une atmosphère suffocante qui pue la mort à des kilomètres, au funèbre Welcome To
My Funeral, qui a la bonne idée d’aller chercher une ossature doom du meilleur effet, le disque dissipe rapidement l’illusion donnée par le death n’roll sautillant de Love Me
Rotten (bien agréable par ailleurs même si son esprit n’est pas représentatif du disque).
Le cynisme est toujours là, mais au fil des écoutes s’installe surtout un brouillard poisseux et funèbre, émanant du riffing basique et spontané de compositions imparables. Cet univers suintant vous colle aux oreilles et ne s’en détache plus…vous collant un bourdon désespéré (
The End et
Necrophiliac), et même la reprise de
Metallica (Damage Inc), aussi spontanée que le reste des compos, ne vous change pas les idées sombres.
En fait, j’ai compris pourquoi ce disque m’a accroché de la sorte…au sortir de tous ces albums guidés par la surenchère du plus vite, plus fort, plus technique,
Phazm offre une oasis de spontanéité, sous sa forme nonchalante, ce son un poil crasseux mais tellement organique, ses compositions erratiques, son respect des racines du rock et du blues…car à chaque note, la mort rôde et le désespoir règne, discrètement, sans effusion ni démonstration.
Dernière phrase du livret: « No keyboards, triggers, virtual shit and any bitches make-up on this record »…
Certains groupes obnubilés par la forme et ayant oublié l’essentiel devraient prendre de la graine de ce trio infernal, qui sait pourquoi jadis on a baptisé ce style « métal de la mort ».
Pour la petite histoire, on devait jouer avec eux l'an dernier et ils ont du annulé le déplacement à Clermont.
He ouais, en France on a pas de pétrole mais on a des idées... en Pologne on a pas de pétrole mais on a pas de pétrole.
Cet album est magnifique, avec, comme signifié dans la chronique, une atmosphère d'Amérique profonde avec ses bouseux tarés.
Quand j'écoute ce CD je pense au film "Délivrance".
Nous avions joué avec eux en 2006, nous les avions fait venir pour les 30 ans de notre guitariste, puis nous les avions fait revenir en octobre 2008 avec Sadus ; quand je pense qu'alors Pierrick m'avait dit que leur future séparation n'était qu'une rumeur...
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