Magazine RockHard N° 130 de mars 2013, page 24, interview du chanteur/guitariste Michael Poulsen du groupe danois à la mode du moment
Volbeat. Parlant du légendaire
King Diamond dans une réponse à la question du pigiste dénommé Benji, le scandinave ose énoncer le propos suivant, hallucinant : « […] car il est le seul musicien danois, avec Lars Ulrich bien sûr, à avoir réussi aux Etats-Unis. » Quel ignoble mépris pour le mythique
Mike Tramp de feu
White Lion et pour les inénarrables albums « Pride » (1987) et « Big Game » (1989) de ce dernier respectivement certifiés 2 fois
Platinum et Gold par la RIAA ! Coup de gueule mérité contre une énième imposture pseudo rock n’ roll à part,
King Diamond, Lars Ulrich et bien entendu
Mike Tramp ne sont pas les seuls danois à avoir percé au pays de l’Oncle Sam. Dans une mesure bien moindre commercialement parlant mais faisant tout autant partie de la Légende que les derniers cités, il conviendra également de mentionner le regretté Henrik Ostergaard (RIP 1963-2011) d’un certain
Dirty Looks comme natif du Royaume du Danemark à avoir vécu le rock n’ roll dream de l’autre côté de l’Atlantique. Hommage.
Dirty Looks se forme en 1984 sur les cendres du groupe de reprises
Crossfire autour du chanteur/guitariste Henrik Ostergaard et du bassiste Jimmy Chartley, quittant pour l’occasion leur ville d’Erie en Pennsylvanie pour chercher le succès et la gloire à San Francisco. Sujet à d’innombrables changements de personnel au cours de sa courte résidence californienne et malgré un statut de combo incontournable de l’underground scénique local,
Dirty Looks et Ostergaard décident de revenir aux racines et de se relocaliser à Harrisburg PA pour y entamer sereinement une carrière discographique via la parution sur labels indépendants d’un EP et de trois albums entre 1985 et 1987 parmi lesquels un premier disque éponyme sorti sur le label français
Axe Killer Records. Squattant chaque jour un peu plus la bande FM des radios spécialisées hard rock notamment avec le titre « Oh Ruby » extrait de «
In Your Face » (1987),
Dirty Looks ne tarde pas à susciter la curiosité de labels connus et reconnus souhaitant signer le groupe tels EMI, Elektra,
George Lynch et
Atlantic Records. Jetant son dévolu sur ce dernier et fort d’un line up solide composé de l’éternel Henrik Ostergaard mais aussi du talentueux lead guitarist Paul Lidel, du bassiste
Jack Pyers et du batteur
Gene Barnett ;
Dirty Looks s’enferme entre les murs du studio Carriage House de Stamford dans le Connecticut en compagnie du producteur de légende Max Norman (
Ozzy Osbourne, Y&T,
Savatage,
Armored Saint,
Lizzy Borden..) pour y accoucher de son premier véritable album. «
Cool from the Wire » inonde donc les bacs des record stores en 1988 sous le catalog number 81836-1.
Le premier opus éponyme de
Winger mais aussi « Blow my
Fuse » de
Kix, « Second Sighting » de Frehley’s Comet, « Reach for the Sky » de
Ratt, « Blow Up your Video » d’AC/DC et dans des styles plus testiculisés «
Kings of
Metal » de
Manowar, « Under the Influence » d’
Overkill ou encore « The New Order » de
Testament entre autres.. Inutile de préciser qu’
Atlantic Records envoya du lourd en cette année 88, et ce «
Cool from the Wire » de
Dirty Looks bien que plus anonyme que les galettes précitées ne peut que confirmer la tendance. Avouons-le sans détour et évitons de tortiller de l’anus pour déféquer droit, ce vrai faux premier full length du quartette de Pennsylvanie possède de très bons arguments pour constituer une production on ne peut plus digne d’intérêt du genre hard US labellisé MTV de la seconde moitié des 80’s. N’en déplaise à Michael Poulsen, la leçon de rock n’ roll, le vrai, commence avec le titre éponyme du disque et son refrain imparable qui présente un hard rock énergique et bien produit mis en valeur par les vocaux d’Ostergaard n’étant pas sans rappeler ceux du mythique Bon Scott quoique légèrement plus « propres » sans péjoration aucune et peut être également ceux de Joe Lesté de
Bang Tango sur certaines intonations. Toujours dans un registre d’efficacité rock n’ roll, il conviendra de noter l’incisive et bad ass « It’s Not the Way you Rock » et son solo de maitre signé le shredder Paul Lidel, le tube de l’album et plus largement du combo « Oh Ruby » qui survitaminé laisse apparaitre Henrik Ostergaard plus que jamais tel la réincarnation vocale de l’ex AC/DC Bon Scott, l’excellent « Wastin’ my Time » marqué par une intro acoustique et un riffing d’enfer émanant des phalanges de la paire Ostergaard/Lidel ou encore le remarquable et résolument sleaze « It’s a
Bitch » et son refrain infaillible, marque de fabrique semble-t-il de
Dirty Looks sur ce purement rock n’ roll «
Cool from the Wire ».
Malgré un contexte d’époque et de style qui aurait tout à fait pu laisser présager le contraire, pas de ballades d’eunuques sur cette galette, mais plutôt une complainte acérée super efficace qui transpire la rage plutôt que l’émasculation sentimentale en l’objet de « Can’t Take my
Eyes Off of You » et de son solo à faire bander jusqu’à la fissure un geek de la six-cordes, enfanté encore une fois par l’impressionnant Paul Lidel très à l’aise techniquement, boxant davantage dans la catégorie de
George Lynch que dans celle de CC DeVille. Magnifique ode à la capitale japonaise et aux intrusions chaotiques des groupes « occidentaux » en terre nipponne, « Tokyo » constitue sans aucun doute l’un si ce n’est le meilleur moment de l’opus, faisant état de la folie qui attend les combos décibellisés au pays du Soleil Levant («
Streets of love, city light, we do Tokyo tonight, wild girls on the streets all the time, a Roll Royce takes you to Romance […] »), même si il est incertain que ce titre soit autobiographique et que tout le monde réponde favorablement aux avances d’une asiatique en rut même avec une dalle de taulard hétérosexuel entre les jambes. Rappelant les premiers
Dokken, la doublette « No Brains Child » et « Get it Right » marquée par des tempi relativement ralentis, des riffings carrés et les soli toujours aussi bluffants de Lidel permettra à l’auditeur d’effectuer peut être une comparaison osée entre
Dirty Looks et le légendaire géniteur des « Breaking the Chains » et autres « Under Lock and Key », allant pourquoi pas jusqu’à décrire grossièrement le combo d’Erie tel un
Dokken plus ou moins sous amphétamines selon les morceaux, fronté par un Bon Scott ressuscité au vocaux un peu plus lisses qu’en 1978. Ultime offrande sonore d’un «
Cool from the Wire » agréablement réussi, le subtil et classieux « Get
Off » ferme le premier full length international de l’excellent et authentique
Dirty Looks avec brio et efficacité, à l’image de l’entièreté d’un disque inspiré sur lequel rien n’est à jeter.
Très efficace dans le rendu de son expression, véritable et sans fioritures, le sleaze «
Cool from the Wire » du génial
Dirty Looks parvient sans peine à offrir à l’auditeur des titres incisifs allant droit au but et respirant le rock n’ roll à grosses gouttes malgré un formatage MTV/bande FM inévitable pour une sortie 1988 d’un label aussi important qu’
Atlantic Records. Hyper agréable à l’écoute, communicatif, cohérent et non moins varié dans son tracklisting avec l’oscillation de titres énergiques ou plus retenus, ce classique trop méconnu du hard US de la fin de la décennie 80 ayant atteint en son temps une 134ème place au Billboard 200 permettra notamment à l’auditeur de faire la connaissance d’un axeman virtuose ou presque et d’un classieux et charismatique vocaliste qui aura payé le prix fort d’une existence rock n’ roll en décédant le 27 janvier 2011 d’une rupture hépatique sur un lit d'hôpital à l’âge de 47 ans. Un album valant vraiment son pesant d’or, vous savez ce qu’il vous reste à faire pour rendre justice à cet énième groupe moqué par ce foutu destin !
Ce genre de groupe énergisant délivre un rock couillu et efficace.
Merci et chapeau l'artiste !
Je connais très bien cet opus et le suivant. La raison : à l'époque, nous "partagions" les achats avec les potos et ensuite c'était copie cassette. Et donc, j'avais choisi Kix et un ami Dirty Looks.
Je trouve d'ailleurs ces 2 combos assez proches sur pas mal de points.
Et comme pour Kix, je trouve qu'une réédition en format coffret des disques de Dirty Looks serait d'ailleurs bien sympa pour se faire une idée à moindre coût des qualités de ce groupe.
Enfin fait l'acquisition de ce disque qui tourne en boucle depuis 10 jours. Très bon. Je trouve que la comparaison avec Kix est assez évidente, ne serait-ce (mais pas iniquement) que par la voix du chanteur. Excepté le dernier titre, la deuxième moitié du skeud est un peu en dessous de la première à mon goût. Cela reste néanmoins un très bon cru! Merci encore Adrien pour la chro.
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