Bureau de Pulverized Records, fin 2022.
- Patron, Patron !!
- Oui Lee, qui puis-je pour toi ?
- Ben voilà, je suis bien embêté. Je dois faire la promo de ce groupe chilien, Putrid Yell. Ils font du bien bon death old school mais là, il y a plein de sorties chez la concurrence et je pêche pour en faire la promo idéale …
- T’inquiète pas mon petit Lee, j’appelle mon pote Putrid Matt qui va nous pondre un artwork aux petits oignons. Tiens, je vois déjà la scène : à gauche un mutant monstrueux, à droite un zombi inspiré par Fulci et au milieu la silhouette de Chtuhlu. Des éclairs, du sang et hop, c’est emballé. Alors, c’est qui le boss ??
-Ah on est bien Patron, on est bien …
Parodie mise à part, une bonne illustration qui accroche l’œil est toujours un plus, enfin surtout pour ceux comme moi qui ont grandi dans les années 80, ont passé des heures à lire et relire les magazines spécialisés et à scruter les devantures des loueurs de VHS. Putrid Yell a fait le bon choix avec cet artwork qui vous saute aux yeux tel un arc électrique.
Niveau musique, ce groupe sort ici son premier album,
Consuming Aberration, chez Pulverized Record. Actif depuis
2012, ayant sorti deux démos et quelques splits, ce quintet est déjà bien aguerri et cela s’entend dans l’agencement des morceaux, dont certains sont déjà en rodage depuis la première démo.
Planté dans un style old-school, le death metal pratiqué par nos guerilleros emprunte aussi bien aux vieilles suédoise et sud-américaines pour offrir un Death
Metal aux relents thrash, bon à faire bander un mort. L’atteste par ailleurs l’ultra-efficace The
Search en ouverture l’album. Tempo élevé, basse solide, riffs thrashy en pagaille, HM-2 saturée, soli échevelés, ralentissement central, roulements de tom et growl éraillé : on se sent comme à la maison et c’est bon.
L’entreprise de démolissage auditif continue de plus belle sur le titre éponyme,
Re-Animator et
Forgotten Souls, avec leurs couches généreuses de tchouka-tchouka dans laquelle surnagent quelques pointes de blast-beats. Un format classique certes mais magnifié par une recherche accrue du riff qui tue et de refrains à beugler dans le pit. On peut également s’ébaudir devant l’énergie sauvage marquée au fer rouge, cette « folie sud-am » qui n’est pas du tout galvaudée ici.
Les influences
Entombed et Death des débuts,
Sepultura période
Morbid Visions-Schizophrenia sont évidentes, tout comme celle d’
Autopsy pour l’aspect crasseux. Le tout est facilement décelable sur la diabolique doublette Indescridable
Evil Instinct – Charred Corpses (cette dernière bénéficiant même d’un solo de basse, zeste de moisi supplémentaire).
À l’image d’un cadavre réanimé par un savant fou, les titres
Process Through Death ou Wrenching Putrid Yell prennent leur temps pour vous sauter à la gorge. Mais, dès que leurs doigts raidis et froids s’enroulent autour de votre carotide, inutile de crier pitié et succombez à cette belle profession de foi death metallique. Il y a un peu de
Asphyx là-dedans, ce qui est bien souvent gage de qualité. Même la délicate incartade mélodique Deadly
Ashes, illuminée par sa guitare classique aux accents flamenco, n’est pas inopportune.
Le travail de Cristian Leon (enregistrement et mix) et Damien Herring (mastering) rend impeccablement hommage à la volonté de Putrid Yell d’offrir une musique brute, sans concession mais où chaque instrument trouve sa place. La basse, souvent parent pauvre dans le style, est ici bien ronflante et apporte de sympathiques nuances.
Je peux alors rassurer ce brave employé de chez Pulverized Records, ce
Consuming Aberration étant une franche réussite et sera un des albums incontournables de 2023. Mon dernier conseil pour clore cette bafouille : scrutez bien vos distros préférés et achetez-moi cet album, satisfaction garantie !!!
Banco ! Ça fait envie cette description. Belle bafouille
Belle chro poto, ça donne vraiment envie. J'ai hâte de posséder cet album !
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