Jeune formation britannique officiant dans un registre metal à chant féminin pluriel, conjuguant hard rock, post-hardcore et post-punk bien enlevé,
Dream State s'est lancé prudemment dans la bataille avec une première livraison d'une vingtaine de minutes, à l'image de «
Consequences », offensif EP auto-produit où s'enchaînent prestement 5 pistes cinglantes d'une durée similaire. Collectivement créé en 2014 (sous la houlette de la chanteuse
Charlotte-Jayne Gilpin, du lead guitariste Aled Evans, du guitariste rythmique et vocaliste Sam Harrison-Little, du bassiste Danny Rayer et du batteur Jamie Lee), le quintet gallois dispose d'une certaine expérience de la scène locale, d'où une rage à peine contenue commence à enflammer les tympans d'un public encore circonspect, mais en voie d'aspiration progressive. C'est dire qu'en dépit de quelques défauts de jeunesse, une insoupçonnée faculté de transcender son public s'esquisse déjà...
Si le groupe affirme déjà une personnalité singulière, l'ensemble de l'oeuvre ne saurait se soustraire à des courants d'influence dont il a pu se nourrir pour développer ses gammes endiablées et disséminer ses séries d'accords plus volcaniques les unes que les autres. Aussi, différentes sources ont peu ou prou contribué à façonner le style, les plans rythmiques et harmoniques du combo, à l'instar des Américains d'
Emarosa et de
A Day To Remember, sur le versant hardcore, ou encore de
Doro, avec un zeste de
Bif Naked, eu égard à l'empreinte vocale. Enregistré au Boneyard Studio (au Sud du Pays de Galles), le laconique opus apparaît relativement propre, avec toutefois quelques notes résiduelles en arrière-fond, indice révélateur d'une production encore peu éprouvée. Produit, mixé et mastérisé par Andrew Francis et Phil Humphreys, le skeud se parcourt d'un seul tenant tout en laissant entrevoir quelques flottantes finitions, à éradiquer au fil de l'évolution compositionnelle de la valeureuse troupe.
C'est sur des charbons ardents que nous invite le plus souvent le combo, avec quelques passages bien sentis et inspirés au programme. D'une férocité bestiale, c'est sans concessions que le bondissant «
Burden » prend l'ascendant pour nous fouetter le pavillon de ses riffs qui déchirent tout sur leur passage. La belle, par ses inflexions rugissantes à la
Bif Naked, s'insère parfaitement dans ce décor apocalyptique, assistée par son comparse, pour une étourdissante chevauchée sur un brûlant asphalte. Un vénéneux présent, brut de décoffrage, qui prend aux tripes pour ne plus nous lâcher jusqu'au terme de ce vrombissant instant, même si le tracé mélodique s'avère plutôt linaire. De même, d'obédience post-hardcore, dans la veine d'
Emarosa, le sauvage «
Relentless » distribue ses frappes sèches, assène ses riffs meurtriers, lacérant le tympan de toutes parts, sans jamais lâcher de lest. Dans cette tourmente, la déesse vocifère, exulte, à l'image de son virulent acolyte, pour un fulminant duo. Dans cette mouvance, le magmatique «
Burn Them Down » ne tarde pas à nous sauter à la gorge, amplifié par d'explosives et d'ondulatoires attaques de la lead guitare. Rugueux, d'une orgasmique énergie, ce brûlot n'en demeure pas moins voluptueux eu égard à la logique d'articulation de ses harmoniques, schéma dans lequel s'inscrit opportunément le chatoyant et puissant filet de voix de la jeune sirène. Cheveux au vent, on se surprend à observer que l'accroche auditive s'opère sans encombres, le sillon mélodique tracé répondant à des portées d'une écriture finement accouchée et scrupuleusement restituée.
Mais le collectif gallois s'autorise également à ralentir le tempo, sans pour autant se départir de cette fougue naturelle qui en a formalisé son identité. Ainsi, le mid tempo « Try
Again » offre de frondeurs couplets et des refrains à la mélodicité agréable et accessible et, donc, aisément mémorisable. Une rythmique plombante étreinte par un riffing acéré et vivifiant nous fait parcourir un chemin techniquement sécurisé, flirtant sans cesse avec les flammes lézardantes d'un incontrôlable incendie ici larvé. Ce faisant, le duo mixte en voix rauques et saillantes s'imbrique à merveille dans la solide et véhémente armature instrumentale.
Plus encore, au son d'accords romantiques à la guitare acoustique, on embarque sur «
Rebuild, Recreate », autre mid tempo body-buildé, d'inspiration post punk, gagnant progressivement en agressivité et en épaisseur rythmique. En outre, de rocailleuses et impitoyables empreintes vocales d'un duo en furie emboîtent le pas, pour imposer leur caractère emporté, disséminer leur verve, inonder la piste de leur colère.
On ressort de l'écoute de la menue et vitaminée rondelle bousculé, chahuté, et même rudoyé, et pourtant prêt à réenclencher la manivelle aussitôt le voyage achevé. Interpelé par les qualités techniques et une inaliénable capacité à offenser sans aucun outrancier dérapage, le combo témoigne d'un potentiel à ne pas mésestimer, loin s'en faut. Il lui faudra cependant y gagner en épaisseur artistique, en diversité atmosphérique et compositionnelle, affiner le trait en matière de mixage, pour rallier un auditoire plus largement acquis à sa cause. En l'état, on pourra se laisser envahir par les vibes ensorcelantes d'un communicatif message musical pour le plaisir de la découverte. Quoiqu'il en soit, un balbutiant mais encourageant initial effort s'offre à nous, qui appelle de ses vœux une nouvelle offrande, peut-être à l'aune d'un album full length...
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