Liste des groupes Death Mélodique Jotnar Connected Condemned

Jotnar s'est formé en Espagne en 2008 sous l'impulsion des guitaristes Elhadji N'Diaye et Ben Melero. Passionnés de death mélodique, et surtout, du style des Suédois d'In Flames, ils complètent rapidement leur line-up et font la même année leurs premières scènes. Cependant, les très nombreux changements de line-up vont les éloigner des concerts pendant quelques années, jusqu'à la stabilisation finale et l'arrivée de leur premier EP en 2012 "Giant". Jotnar se fait alors remarquer par l'agressivité et la solidité de sa musique. Il se fait même soutenir par l'ex-In Flames Jesper Strömblad, invitant tous ses followers à découvrir du "death mélodique de haute qualité". Ce soutien va porter ses fruits puisque les Espagnols enchaîneront les prestations auprès de Korn, Amon Amarth, At The Gates etc. Confiants et motivés, ils reviennent cette année avec un nouvel album "Connected/Condemned" et un nouveau chanteur, Mario Infantes.

En cinq ans d'absence, le groupe a eu le temps de se faire des contacts et une certaine réputation, et il nous montre qu'il n'a pas fait les choses à moitié avec ce full length. Il s'est entouré de grands noms : si Jens Bogren s'est occupé du mixage (Soilwork, Opeth, Dimmu Borgir...), certaines pointures font aussi office de guests, comme Alessio NeroArgento (Disarmonia Mundi), Jennie Nord (Ultimate Fate) ou encore Björn "Speed" Strid, qui n'en finit plus d'apparaître sur les albums de petits combos (Caelestia, Logical Terror, TANK...).

Musicalement, Jotnar joue toujours sur le terrain d'In Flames, avec un groove et une rythmique qui rappellent le duo "Colony"/"Clayman". Toutefois, il apporte une touche plus moderne, dans l'air du temps, grâce à un son plus massif, à quelques syncopes et à quelques bidouilles électroniques, souvent placées en début de pistes. Le schéma n'étonnera personne, on retrouve le très classique couplets criés refrains chantés en clair, avec des mélodies très made in Goteborg. En ce sens, le premier titre éponyme fonctionne très bien, avec en prime une certaine puissance de feu. "Remaining Still" montre aussi beaucoup d'agressivité avec un sens certain de la mélodie. Pas de répit jusqu'au plus calme "Missing Shadows" mené par du chant clair, et "Broken Esteem" qui sonne comme du Soilwork avec la présence de Björn Strid. Les amateurs restent en terrain connu.

Jotnar enchaîne titres rapides et titres mid tempo avec aisance, mais peine à varier les types de mélodies et de riffings. On les connaît déjà tous par coeur tant le style de Goteborg a été pris et repris. Malgré la puissance et le dynamisme, on aura du mal à se retrouver sur le cul. Pourtant, les Espagnols tentent des choses : tout d'abord, la présence des différents guests fait son petit effet (mais là encore, le seul fait de voir Strid au chant ne surprendra personne). Ensuite, un titre comme "I, The Paradox" sort un peu des sentiers avec un jeu de guitare plus atmosphérique. Enfin, le quintet se laisse tenter par l'exercice de la reprise et s'attaque à la chanteuse RnB/Pop Nelly Furtado et son fameux titre "Say It Right", une chanson dotée d'une rythmique assez mécanique et d'une ambiance atmosphérique. Ici, Jotnar ne reprend pas ces deux éléments mais pose simplement les paroles et la mélodie sur un death mélodique classique. On perd l'essence même du morceau de Furtado, sobre mais efficace dans le style, pour un morceau plus "rentre-dedans" mais sans groove entêtant. Les réfractaires du RnB trouveront le pari osé et réussi, les autres tendront à préférer l'originale...

"Connected/Condemned", avec ses cinquante neuf minutes et ses quatorze pistes, reste bien trop long et traine sur la fin. Difficile d'aller au delà de "I, The Paradox" et de se laisser tenter par une suite en dents de scie. La première partie de l'opus, elle, reste particulièrement sympathique avec des chansons énergiques, agressives, mélodiques et groovy, comme tout death mélodique qui se respecte. Il faudrait juste que Jotnar se trouve une réelle personnalité - même si elle commence à se dévoiler grâce aux touches modernes - au lieu de repomper ses idoles d'In Flames. Vous aussi, vous aurez parfois l'impression de vous être trompés de CD...