Après une première démo dévastatrice sortie en 2015 et ayant eu les honneurs d’une sortie CD chez Lavadome,
Cambion aura mis le temps à accoucher d’un premier full length, la faute à la distance géographique qui sépare ses deux géniteurs. En effet,
Cambion est un groupe qui se partage entre Allemagne et Etats-Unis, et tenter d’annihiler une nouvelle fois la galaxie peut se révéler un peu ardu quand ses membres ne peuvent ni écrire, ni répéter ou enregistrer dans la même pièce. D’autant qu’après la sortie numérique discrète du petit EP Scourge of
Power en 2017, le bassiste a quitté l’entreprise de destruction ne laissant plus que Rich Osmond et Thorben Rathje seuls avec leur bourgeon malfaisant. Mais ces deux là se connaissant depuis Obscuratio, leur premier groupe en 96, il fallait plus qu’une pandémie planétaire pour les empêcher de salir de nouveau le cosmos.
Ce qui rassure de suite, c’est que
Cambion n’entend pas amoindrir son propos, et même si la folle vélocité de la démo
Unfold Chaos Supreme n’est peut-être pas égalée, l’intensité reste de mise et
Conflagrate the Celestial Refugium apparaît comme un nouvel écrabouillage de tronche. En premier lieu, le groupe a su recruter un batteur humain de talent pour renforcer le côté organique de leur death metal et apporter davantage de dynamique et de technicité. Chason Westmoreland (ex-
Hate Eternal) revêt les couleurs du groupe avec brio et se distingue par son jeu ébouriffant et diablement créatif. Là où la programmation de la démo alignait des motifs féroces à vitesse supraluminique, Chason décoiffe par son jeu varié et complexe. De plus, l’album propose une production plus puissante et énergique, avec une double grosse caisse davantage audible, même si l’on aurait apprécié une basse plus déliée dans le spectre sonore.
A partir de cette assise indestructible faite de blasts et de tapis de doubles, Thorben a pu tricoter ses riffs assassins et balancer ses milliers de leads. Car oui,
Cambion est constitué de soli slayeriens chaotiques et débridés qui pullulent et peuplent chaque riff de guitare rythmique, les deux parties s’entremêlant sans jamais se phagocyter, et cet aspect thrash apporte bien un surcroît d’identité à un
Cambion qui navigue cependant toujours sur les terres d’un mix
Angelcorpse /
Krisiun en mode cosmique. Le morceau titre qui ouvre l’album avec grand fracas sur une thématique anticléricale forte en donne un parfait exemple tout comme le remarquable "
Cambion", à l’esprit thrash metal avéré, dont les paroles sont adaptées du poème éponyme de Clark
Ashton Smith, auteur proche de Lovecraft. "
Cities of Brass" illustre également ces déferlements de soli tandis que la rythmique est inspirée de la plus vieille mélodie transcriptée du monde (chant hourrite #6 – 1400 BC) évoquant un peu de par son riff central, son ambiance et sa thématique cosmogonique, le groupe
Mithras.
Toutefois,
Cambion se montre capable de ralentissements pour mieux dynamiter les passages blastés qui leur succèdent assurant ainsi un meilleur équilibre général grâce auquel la technicité des musiciens est davantage mise en avant, et c’est là que se situe la différence avec la démo
Unfold Chaos Supreme, aussi invincible soit-elle. En témoigne
Vae Victis, l’un des hits de la galette, doté d'un riff central en béton, porté par le chant malsain de Rich Osmond, et dans lequel les accélérations sont terriblement sanglantes. Et que dire de l’incroyable instrumental qui clôt l’album, long de presque dix minutes, à la construction allant crescendo jusqu’au final frénétique, et dont l’un des riffs de progression n’est d’ailleurs pas sans évoquer le Call of
Ktulu des Mets (31:42).
En huit années d’existence,
Cambion aura eu le temps de mûrir son projet, pour finalement sortir un premier album en tout point remarquable, dont l’intensité, la férocité et la vitesse, rappellent avec succès le death metal infernal de la fin des années 90 avec ces fers de lance qu’ont été
Angelcorpse,
Krisiun et
Hate Eternal. Un album au visuel aussi atypique que fascinant, dont le titre affiche la promesse d’embraser les cieux pour laisser aux humains les joies d’affronter leurs démons.
Voilà, commandé avec le second Temple au label, directement, en plus c'est très abordable.
J'ignorais que ce disque bénéficiait déjà d'une chronique sur SOM, je viens de rédiger la mienne croyant combler un manque, alors qu'elle n'est pas fondamentalement différente de celle-ci. Tant pis, je la poste tout de même en complément.
T'as bien fait. Il faut harceler les gens avec ce disque car c'est clairement pour moi aussi la claque death metal de cette année.
J'ai réécouté aujoud'hui même... hé ben c'est la claquasse dans la gueule ! C'est incisif et efficace, ça ne blaste pas pour blaster, l'album semble posséder d'une durée de vie bien conséquente en plus. Je vais quand même attendre une copie physique avant de m'abrutir l'occiput avec cette bestiole. J'ai eu le déclic avec la piste Eiton Euclarion, il y a quelque chose de martial, de guerrier là dedans, miam !
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