Jumeau de
Terrorizer, fondé au même endroit et au même moment (
Los Angeles, 1987), officiant dans le même style death-grind, Nausea n’a hélas jamais rencontré le succès de son voisin, rentré quant à lui dans la légende fin 1989 à titre posthume, lors de la parution de l’invincible
World Downfall. Situation paradoxale puisque quasiment un tiers des morceaux de l’album mythique sont directement issus du répertoire de Nausea, aimablement apporté par Oscar Garcia lors de l’enregistrement.
Après cinq années d’activité en passant par plusieurs demo-tapes & EPs, ainsi qu’un full-album n’ayant pas tenu toutes ses promesses, le groupe d’Oscar Garcia et d’Eric Castro est mis en sommeil en 1992, pour un retour aux affaires dix ans plus tard, cadencé par la sortie de nouvelles démos entre 2002 et 2006 (Abscence of
War,
Who Would Surrender?,
Images of Abuse). Entièrement capturé en 2013,
Condemned to the System est ainsi un tableau précis de la seconde période de Nausea, regroupant sept morceaux issus des démos de 2002 à 2006, trois nouvelles compositions, ainsi que le vieux & culte Corporation Pull-In en ‘prêt’ sur
World Downfall.
Si l’âme de
Terrorizer s’est sévèrement dissipée depuis la reformation en 2005 sous l’impulsion de Sandoval & Pintado, sans évoquer des disques foncièrement médiocres, Nausea a su quant à lui conserver son essence d'antan, non seulement grâce à un riffing actuel en cohérence idéale avec son passé, mais aussi à travers la préservation de l’esprit et de la fougue contestataires de ses jeunes années, en témoignent le titre, la pochette et l’articulation de son nouvel album aux multiples clins d’œil.
En 29 minutes,
Condemned to the System ne laisse aucune place au superflu, débutant sur les chapeaux de roue par un
Freedom of Religion énergique et un Does
God Need Help tout aussi fracassant, aux rythmes précis & débridés, aux riffs agressifs & accrocheurs, sans occulter le growl unique & enragé d’Oscar Garcia ni son message revendicateur face aux nombreux excès de notre système. Si la qualité de composition et l’esprit de synthèse permet à Nausea de maintenir un régime sans temps mort jusqu'au terrible Absence of
War, constatons aussi avec joie combien le mythe ‘Downfall’ reste intact à l’écoute du fameux Corporation Pull-In.
Avec deux full-albums en plus de 25 ans et 10 années de sommeil, l’absence d’un bon label jusqu’à sa signature actuelle chez Willowtip, Nausea n’a connu ni une cadence prolifique, ni un grand rayonnement auprès des médias, mais a su conserver le respect de son public. Droit dans ses bottes, le quatuor californien représente plus que jamais l’un des meilleurs ponts entre l’assise structurée du deathmetal et l’urgence du crust/grind, livrant aujourd’hui l’album tant attendu après
World Downfall, un disque authentique et jamais démonstratif, une synthèse idéale qui répare en même temps l’injustice d’un
Crime Against Humanity (1991) trop court et sans grande puissance.
Fabien.
Oui tout à fait, Condemned to the System « crustille » et l’ombre de Disgust ou d’Extreme Noise Terror n’est jamais bien loin. L’influence HC/grind british perdue par Terrorizer (c'est plutôt flagrant sur l'album Hordes of Zombies) fait partie de la culture de Nausea, qui conserve par ailleurs une forte attache metal pour un mélange explosif. FABIEN.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire