Liste des groupes Heavy Rock Hurrockaine Compass Star

Né en 2012 du projet conjoint de Paulina 'Pauletta' Magdalena Mazur, charismatique chanteuse à la puissante et identifiable empreinte vocale et flutiste inspirée par les vibes de Ian Anderson (Jethro Tull), et de Christian 'Chris' Książek, fin bassiste et graveleux vocaliste, Hurrockaine (dénomination synthétisant 'hurricane' (car inspirant une ravageuse virulence des éléments), 'rock' et 'cocaine', (synonymes d'un rock au parfum old school éminemment addictif)), quartet natif de Sosnowiec (Silésie), a témoigné d'un travail minutieux en studio pour nous livrer ici une production propre, au rendu quasi professionnel. Avec le soutien du batteur Marcin 'Zmoodie" Zmuda et du guitariste Rafał 'Kengie' Kędzierski, pas moins d'une année a été nécessaire pour voir le combo nous livrer un EP auto-produit de 5 titres distribués sur un ruban auditif de 25 minutes mêlant hard rock, heavy metal et rock mélodique classique des '70 alliées à quelques touches rugueuses typiquement grunge, voire folk. Aussi y trouve-t-on combinées diverses sources d'influence telles que Journey, Iron Maiden, Jethro Tull, Fleetwood Mac, Nirvana, The Cranberries, entre autres. Aussi, entrons sans plus attendre dans le chaudron bouillonnant de ce « Compass Star » pour en déceler la substantifique moelle.

Tout d'abord, on ne pourra passer à côté d'une assise heavy metal dont se nourrit en partie ce propos. D'entrée de jeu, les éléments semblent se déchaîner, pour prestement amorcer un ralentissement et nous octroyer in fine un mid tempo heavy mélodique bien senti sur « Huragan ». Des lignes de guitares mordantes et opportunément modulées coordonnées à de sémillantes séries de notes envoyées par une flute rocailleuse typée Jethro Tull ravigotent le tympan autant que les virulentes patines oratoires de la belle sévissent, renseignant sur ses redoutables armes de persuasion pour nous rallier à sa cause. On est secoué de bout en bout, ou plutôt transporté par un courant ascendant infiltré d'un zeste d'originalité nous poussant à un inaltérable headbang. Dans cette énergie, quelques clapotis guitaristiques en suspension nous caressent sur l'entame de « Pamiec », jusqu'à ce que vienne nous chercher une frondeuse et martelante section rythmique d'une trempe heavy metal de bon aloi. De leur côté, les chatoyantes, ondulantes et franches impulsions de Paulina se calent sur une ligne mélodique témoignant de fines nuances, mises en exergue notamment sur le refrain. En revanche, les couplets ne jouissent pas des mêmes atours pour nous happer. Mais, les délectables envolées "fluteuses" compensent cette carence relative.

Les influences hard rock se font également bien sentir, avec une touche folk en substance. D'obédience hard rock, l'éponyme « Compass Star » regorge de vivacité qui jamais ne lâche du lest. Ce faisant, la magmatique piste nous lacère le pavillon par ses riffs acérés, sa cadence effrénée et les frasques volcaniques de la sirène. Des gimmicks de feu à la lead guitare s'allient à ceux d'une flute virevoltante et enjouée générant, de fait, une onde vibratoire difficile à esquiver. On entre dans la tourmente de plein gré sans que l'envie d'en ressortir ne se manifeste, les envoûtants passages esquissés à la flute contribuant à nous retenir. Dans cette mouvance, un riffing bien gras au sein duquel se faufilent quelques truculentes volutes à la flute nous fait comprendre que l'ambiance de « I Don't Wanna Lose My Friend » va flirter avec les braises incandescentes d'un hard rock classique bien racé. Un refrain immersif dynamisé par les rocailleuses attaques vocales de la déesse s'observe, même si la ligne mélodique frise une certaine linéarité.

Enfin, les mots bleus n'auront pas été éludés, loin s'en faut, avec une pièce d'une rare fluidité pour nous sustenter. Le collectif aurait dans son arsenal une ballade d'une troublante élégance, un poil grunge, aux nombreuses nuances atmosphériques, avec quelques effets insoupçonnés. Aussi, « Zadra » aurait pour fonction de calmer le jeu, du moins le pense-t-on, jusqu'à ce que la belle ne dissémine un peu de sa fougue, libérant toute sa verve. A nous de la suivre à la fois interloqué par les chemins mélodiques empruntés et séduit par la prestation. De plus, une rythmique émoussée mais pas mollassonne, et même progressive, nous promet de maintenir une attention constante de bout en bout.

Au final, si les cheminements harmoniques sont susceptibles de pousser à une désaffection prématurée une âme peu avertie, l'assimilation progressive pourra aspirer un auditorat en phase avec cette originale combinatoire stylistique. L'exercice technique s'avère bien mené, et même éprouvé, et la dynamique d'ensemble indéfectible et foncièrement communicative. Mais, des secteurs restent encore à approfondir pour espérer l'emporter largement. Ainsi, à condition de gagner en épaisseur artistique, de varier et étoffer l'offre, d'affiner le trait mélodique, tout en affirmant une identité propre, la troupe a une belle carte à jouer. Le collectif polonais ne pourra pas non plus faire l'économie d'un ajustement plus rigoureux des lignes vocales, au demeurant cinglantes et pleines d'allégresse. Aussi, on pourra tenter l'approche de l'oeuvre par une écoute ou deux, pour le plaisir de la découverte, et peut-être y trouver des points d'accroche aptes à retenir le chaland...