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17/20
Nom du groupe Parlor
Nom de l'album Comments
Type EP
Date de parution 15 Octobre 2021
Style MusicalHardcore
Membres possèdant cet album1

Tracklist

1.
 Dive into Motion
 03:03
2.
 Instacat
 02:51
3.
 Comments
 02:16
4.
 Fighting the Blue
 01:39
5.
 Q&A
 04:01
6.
 Pervitin
 06:55

Durée totale : 20:45

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Parlor


Chronique @ JeanEdernDesecrator

25 Octobre 2021

rigolo à l'extérieur et méchant à l'intérieur

L'herbe est sensée être plus verte chez les autres, pourtant notre riante contrée fournit de beaux pâturages musicaux où laisser brouter ses oreilles.
Jusque là, Parlor, groupe parisien fondé en 2016, avait commis deux explosions sonores, un EP "Zamizdat" (2017) délivrant une surpuissance sauvage, enregistré en 6 pistes avec un son brutasse et compressant, donnant l'impression d'être tassé avec le groupe dans une salle de répète de 8m², et un premier album en 2018 trompeusement appelé "Softly", aussi brut de décoffrage, mais un peu plus compréhensible.

Le quatuor aurait pu rester dans ce confort rustre et réconfortant, mais l'adversité en a voulu autrement. Si la pandémie a stoppé net leur série de concerts, les confinements ont permis au groupe de se concentrer pleinement sur de nouvelles compositions, d'un point de vue studio, en dehors du contexte de la scène. C'est donc un EP qui a été mis en chantier, produit par Francis Caste (Kickback, Hangman's Chair, Regarde les Hommes Tomber…), avec qui le groupe a pu prendre le temps de faire un travail de fond, sur les compos comme sur l'approche de chaque instrument, dans l'optique d'évoluer en douceur...vers un futur album dont les contours restent encore à définir.
L'EP est sorti le 15 Octobre 2021 sur le label Source Atone Records, encore lui, qui brille par ses dénichages de groupes français singuliers (Nefastes, Nature Morte,…), et de top qualité comme on dit chez mon boucher de quartier.

En effet, avec "Comments", Parlor ne s'est pas contenté de pondre six titres de plus à la va-comme-je te-pousse. Parlons déjà du son de ce disque, qui fait passer le combo de l'amateurisme à une production à la hauteur de la puissance qu'il délivre. L'emballage sonore est flatteur, tout en muscles, et rend enfin justice à chaque instrument, jusqu'au son de basse de Boris Patchinsky dont la texture grondante se mêle à merveille au kick et aux fondations des guitares. La batterie très heurtée et imprévisible de Guillaume Quincy met du relief à l'ensemble, dans un mid tempo chaotique qui peut à tout moment s'emballer (il y a même quelques giclées de blasts).
Le principal élément mis en avant est la guitare de Yann Desti, massive en mur du son, concassée par une section rythmique en mode déconstruction. Le chant d'Arthur Leparc est screamé de manière à vous écorcher en beauté sans approcher le seuil de douleur -ou de l'énervement.


Musicalement, Parlor délivre du chaotic hardcore, au croisement du post hardcore, de la dissonance indus/noise, avec des gros riffs neo/thrash et un chant très screamé. J'ai pensé bien sur à Converge, Botch, à du Helmet première époque, où au Soulfly quand il est groovy et en forme ("Dive Into Motion"). Le format est court dans tous les sens du terme, avec des compos resserrées de deux trois minutes voire moins, comme sur "Fighting the Blue", titre très court et hardcore (1:39), qui vous décape les oreilles avec de gros riffs saccadés, sans chercher à se structurer. Le coté chaotique du groupe se retrouve dans la capacité à oser se dissoudre complètement dans un extrême, comme cette plongée nihiliste dans la noise, avant de revenir à la suite du morceau ("Comments").
La douceur et la mélodie ne sont pas absentes, elles se manifestent alors qu'on ne les attendait pas du tout, dans "Q&A", morceau brumeux à la Rollins aux guitares claires et chaudes, napées de chant clair, où on sent un spleen isolationniste hermétique à tout espoir. La dernière plage, "Pervitin" fait encore un contrepied avec un intermède planant où les guitares se répondent en delay et réverb, dont le chant délié apporte un certain soulagement, avant de se liquéfier dans un psychédélisme floydien, terminant cet EP sur une touche mystique et énigmatique.


Le thème de l'EP tourne autour de l'effet du numérique et des réseaux (a)sociaux sur les gens, et si Parlor est d'une noirceur sans fond dans sa musique, les gars semblent assez déconneurs aux entournures, et n'hésitent pas à saupoudrer un soupçon de décalage potache de-ci de-là, ou a en mettre une grosse louche dégoulinante dans leurs vidéos, comme avec de cauchemar en cuisine de "Thermostat 8" sur leur premier album, ou le dernier "Instacat" qui brocarde la superficialité d'un certain site de partage de selfies à l'égo putassier. Et cela sera l'occasion de ma seule réserve, car de mon point de vue, cela peut envoyer des signaux contradictoires et brouiller la perception de la musique, entre un propos mélodique foncièrement sombre et malsain, et un emballage visuel plus décalé en mode WTF a la Limb Bizkit. Ce n'est peut-être que ma perception binaire de base ou une question de dosage ou de mise en scène. Après tout, Converge arbore en concert une bonne humeur insolente qui tranche avec l'âpreté de sa musique, tout comme par le passé, des compatriotes comme Tripod ont pu surfer (et avec quel aplomb !) sur cette vague un peu casse gueule.

Le groupe propose en tout cas une qualité de riffs largement au dessus de la moyenne, pas de remplissage, chaque élément présent a sa raison d'être dans le morceau. A cheval entre plusieurs styles, capable de la sécheresse la plus abrupte comme de la douceur d'un somnifère d'hôpital psychiatrique, Parlor surprend tout au long de cet EP, qui aurait gagné à être développé en format long. En effet, ils ont passé un cap voire deux d'un coup, avec une musique plus claire, profonde, variée, focus dans ses effets, avec enfin un son à la hauteur de la concurrence, et c'était là l'occasion d'enfoncer le clou avec un gros disque où leur inspiration était au rendez-vous. On devine chez eux une bonne marge de progression, et avec un peu d'ambition, il n'est pas impossible que leur prochain LP fasse du bruit. Avec cet EP bien foutu, méchant et dissonant, Parlor a tout pour se retrouver GSTTP ("Groupe à Surveiller de Très Très Près"), et à voir en live, vu l'énergie débordante dans leur manière de jouer.


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