Parfois, il nous arrive de se faire abuser par une étiquette. Qui n'a jamais acheté un plat cuisiné, un paquet de lessive ou autre poupée gonflable et ne s'est pas retrouvé avec un objet tout foireux qui n'a absolument rien à voir avec ce qui est annoncé avant de le découvrir ?
C'est un peu comme lors de ces soirées où tu t'endors à côté d'
Elizabeth Ostrander pour te réveiller à côté de Vaness de la compta...
Et bien, c'est globalement ce que j'ai ressenti en commençant à écouter cet album de
Red Eleven, groupe recensé comme du stoner sur le site, alors que sur cet album tout du moins, c'est autant du stoner que Pierre Vassiliu, le chanteur d'un groupe d'indus gothique, Maître Gims, un rappeur, Charleville-Mezières le paradis de la musique soca ou encore
Amon Amarth un bon groupe...
Le combo finlandais a débuté son aventure relativement récemment, d'un regroupement de musiciens ayant fait leurs armes dans moult combos locaux évoluant plutôt dans un registre death mélodique, de niveau raisonnable, sans avoir de quoi défrayer la chronique non plus : Sons of
Aeon, Bone5, Code for
Silence,
Survivors Zero,
Beyond the
Dream pour ne citer qu'eux. Le membre le plus connu est sans conteste le batteur Pasi Pasanen, faisant partie des membres fondateurs des nettement moins anecdotiques Swallow the Sun, ayant officié sur leurs trois premiers albums. Le groupe évolue depuis ses débuts dans une optique rock-metal assez groovy aux aspects grunge et avec quelques (très) fines touches de stoner, lesquelles sont les plus flagrantes sur le titre «
Stuck on This Feeling of Feeling Nothing », titre qui a justement été choisi comme clip de leur premier album «
Idiot Factory », sorti en 2013, ce qui explique probablement la méprise originelle dans le choix du style, et comment je me suis retrouvé amené à chroniquer ce troisième album «
Collect Your Scars ».
En parfait écho avec mon propos précédent, c'est avec une introduction aux accents électroniques et orientaux plutôt marqués, avec certains aspects pouvant rappeler
Myrath (des éléments orientaux émailleront d'ailleurs l'album à maints endroits), que « I Follow », le premier titre, se présente comme maître-étalon de l'album. Il distille en effet un rock-metal assez entraînant, avec un chanteur versatile qui aime à explorer différents domaines, aimant partir dans des tons aigus proche des voix des chanteurs de metal progressif même s'il sait également faire parfois quelques incursions dans des registres plus agressifs, tout en restant à la limite du growl. Le titre est alerte et plutôt pas mal conçu même s'il ne peut s'affirmer comme très original.
Son successeur « Just a Game » qui le suit est par contre une vraie petite tuerie avec des couplets au riffing bien groovy sur lequel le ton inquiétant de Toni Kaikonnen évoque Marylin Manson, en contrepoint d'un refrain très heavy assez cajoleur. Ce titre possède également un solo de guitare de très bon aloi et, au final, on en reprendrait bien un peu plus, de même que pour le puissant et catchy « The Mark », un peu gâché malheureusement par un passage parlé plutôt inutile. L'acoustique ballade « Too Much to Ask » est également plutôt agréable avec ses touches hispaniques et ne sonne pas « racoleur » pour un sou.
Malheureusement, tout ne sera pas de cet acabit... Et l'album souffre d'un vrai ventre mou de compositions, à l'image d'un « Different Kind » et son insupportable refrain, sorte de parodie de groupe d'
AOR qui aurait croisé un
Dream Theater en passant (malgré encore un bon solo de guitare) ou les peu folichonnes ballades « Last
Grain of
Sand » ou « Tainted Scene » même si cette dernière sauve un peu les meubles en amenant des passages plus rentre-dedans par moments.
En fait, l'album est varié, c'est un fait... et assez moderne également. Il y a des idées et une certaine ambition de composition, une production très bien exécutée (l'école finnoise), des aspects lumineux et easy-listening qui peuvent plaire et des musiciens expérimentés et d'un niveau certain. Les références auxquelles on est confronté sont également excellentes,
Faith No More,
Threshold,
Korn, un zeste de
Pain of
Salvation, pourquoi pas
Megadeth sur les passages les plus heavy. Malheureusement, dans ce style très rock, la frontière ténue avec le « mille fois entendu » et le « sans imagination » pointe régulièrement à l'horizon. Ainsi, on a, par moments, la désagréable impression que le potentiel créatif (et de ce fait « récréatif ») est passé à 50% dans « Just A Game » et que le reste de l'album n’arrive vraiment pas à suivre.
S'il est personnel, assumé et compétent, l'univers de «
Collect Your Scars » reste convenu et au final assez kitsch. Si la perception de cet album peut souffrir en partie de la sorte de « tromperie sur la marchandise » et que je suis moins expérimenté en terme de rock-metal alternatif que certains sur le site, je ne pense pas me tromper en disant que malgré certaines qualités évidentes, ce n'est pas encore ici que les Finlandais vont réussir à s'imposer autrement que comme un énième groupe ambitieux, qui doit encore faire ses armes, ce qui, passé le troisième album, peut sonner comme le constat qu'il manque des éléments de fond... Bref.
Allez zou, je vous laisse, ce soir j'ai rendez-vous avec Doris Yeh, enfin, je crois...
Mais je persiste et signe sur la désagréable impression de ventre mou au milieu de l'album. Après, je suis probablement à la recherche de combos qui cherchent plus à innover, que ça... Mais encore une fois, je peux comprendre que ça plaise.
Je ne peux pas crier au génie ni lui assigner une excellente note parce que ça ne me touche pas du tout, mais bon... L'essentiel est que sa présence en première page t'a permis de les découvrir, en ce sens tant mieux !
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