Si vous n’aimez ni la façon de chanter de Rob
Halford ni celle de
Dio, si vous n’êtes pas fan de métal mélodique à tendance heavy classique, alors le dernier opus de
Charred Walls of the Damned «
Cold Winds on Timeless Days » (CWOTD: l’acronyme du groupe et de l’album) sorti sur
Metal Blade records n’est vraiment pas pour vous. Si en revanche, comme moi, vous êtes un peu resté sur votre faim après les petites 35 minutes de l’album éponyme du groupe, «
Cold Winds » peut vous combler tant il est une continuation du premier album.
Une continuation qui peut aussi être perçue comme la faiblesse de ce deuxième effort car il n’y a pas de véritable évolution de style, de composition ou de production et plusieurs morceaux ressemblent à s’y méprendre à ceux de l’album précédent. Certes il n’est pas aisé d’innover dans le registre du métal mélodique - quand même caractérisé par une certaine rigueur et immuabilité - mais on aurait souhaité que ce qui a commencé par une expérimentation conceptuelle de ce quasi super groupe se matérialise en une deuxième offrande plus variée, plus originale, et surtout plus entrainante.
Car on a du mal à écouter
Cold Winds d’une traite; on se lasse vite et on attend avec un certain désespoir que les morceaux démarrent vraiment. Chaque morceau commence bien, avec une franche touche d’originalité mais finit par décevoir sur la longueur. En cela, c’est bien dommage car si l’album avait entièrement été composé de morceaux aussi puissants que «Zerospan», il aurait facilement pu être classé parmi les meilleurs albums de métal de 2011.
Une seule petite année séparant les sorties de l’album éponyme et de «
Cold Winds », on se questionne forcément sur le comment d’une gestation aussi rapide. Aussi, dans une interview du Rock
Hard d’
Octobre, le batteur/fondateur du groupe Richard Christy explique qu’il avait commencé à écrire le deuxième album pendant l’enregistrement du premier. Comment dans ces conditions avoir assez de recul pour réajuster ce qui faisait déjà défaut lors de la première salve?
Et, malgré mon enthousiasme pour ce groupe après avoir écouté le premier album moultes fois et passé mon été à chantonner «
Ghost Town », il y aurait quelques réajustements à faire. Difficile dans ce rassemblement de pros du métal de donner une vraie place à chacun. Il y a le vibrato très et parfois trop présent, de Tim « The
Ripper » Owens (ex-
Iced Earth et
Judas Priest) et l’impressionnante maitrise à la batterie du vétéran Richard Christy (ex-
Iced Earth,
Control Denied et Death) qui occultent parfois la guitare de
Jason Suecof (ex-
Capharnaum,
Crotchduster et producteur de l’album) et qui oblitèrent presque totalement la basse de Steve Di Giorgio (ex-
Sadus,
Control Denied,
Testament,
Vintersorg,
Iced Earth et Death) à l’exception du début de «On
Unclean Ground».
La façon de travailler du groupe (à distance, chacun enregistrant sa partie individuellement) dessert le résultat final et empêche la symbiose naturelle qui se produit quand des musiciens de ce calibre jouent ensemble en studio. Dans l’interview citée plus haut, Christy nous confie également que sur scène les membres du groupe ne se produisent pas ensemble et que d’autres musiciens jouent avec l’irremplaçable Tim Owens, faute aux emplois du temps surchargés des protagonistes studio. Personnellement je ne dépenserai pas mes euros durement gagnés en ces temps de crise pour voir ça.
Je suis néanmoins séduite par
Charred Walls of the Damned car je pense qu’il leur manque juste la hargne pour faire quelque chose de vraiment formidable. J’aime leur mélange de heavy classique et blast beats plus moderne hérités du passé extrême pas si lointain de Christy et étant une inconditionnelle de
Dio, je suis sensible aux paroles poétiques, à mi-chemin entre espoir et résignation, qui parlent de voyages intérieurs et de forces supranaturelles.
Peut-être que chaque contributeur à cet all-star band, légèrement blasé par son niveau technique personnel apporté au sein du collectif, n’apporte aucun feeling dans son interprétation (une tare observée relativement souvent dans ce genre de projet)? Ou comme je le disais plus haut sont-ils freinés par la distance et leurs emplois du temps respectifs (une tare n°2)?
Pour une personne qui souhaite découvrir ce groupe, le premier album reste la meilleure option si on veut avoir un bon aperçu du style et je souhaite vivement que le troisième album, si troisième album il y a, prenne davantage de risques, soit beaucoup moins peaufiné ad nauseum et surtout plus vrai.
Je comprends bien le côté mitigé, les titres démarrant bien mais linéaires et se ressemblant, la qualité des musiciens, l'enregistrement déshumanisé mais la qualité du résultat et enfin la note que tu attribues pour un résultat que je ne parviens pas à voir clairement.
Aurais-tu la gentillesse de développer un peu plus ?
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