Avant d'entrer dans le vif du sujet, il convient de présenter de quelle manière Fidei Defensor a fait son entrée dans le milieu du Black
Metal. Un groupe absolument inconnu, et dont l'album "Cognoscenti" était annoncé depuis pas loin de deux ans comme "prochaine sortie" (avant le dernier Sunwheel à vrai dire) sur la page d'acceuil de Supernal Music. Chaque Blackist connaissant un minimum Alex Kurtagic, le gérant du label, possède son avis sur le bonhomme. Certains le prennent pour un génie dissertant sur la soit-disante supériorité de la race blanche et la médiocrité du juif moyen, et d'autres, comme moi, le prennent simplement pour un petit branleur élitiste de bac à sable.
Quoiqu'il en soit, cet "élitisme" inhérent au bonhomme (et au genre, d'une certaine manière) s'est retrouvé dans la campagne de précommande dudit disque. "Cognoscenti" sera pressé à 250 copies, numérotées à la main, et surtout, avec le nom de l'acheteur encodé dans les différents morceaux pour sévir en cas de diffusion intensive sur internet(faites moi rire). La campagne a duré un mois, jour pour jour. Et si la totalité des copies n'étaient pas prévendues d'ici la fin de la période, la sortie du disque serait purement et simplement annulée.
Rude, n'est-ce pas ?
Rendons à César ce qui lui appartient, Kurtagic a peut-être voulu, à sa façon, lutter contre le "vol" de la musique sur internet. Il en reste qu'un premier disque, de surcroît d'un groupe absolument inconnu au bataillon, pressé à 250 exemplaires ( ce qui est assez important dans le milieu UG), rien d'étonnant à ce qu'il ne s'en soit précommandé que 134 (si mes souvenirs sont bons). S'en est suivi une colère mémorable de Kurtagic sur son site internet, et de la mort de Supernal en tant que label.
Cependant, voilà que Darker Than Black, autre excellent label, prend la décision de sortir ce disque, vendu comme le produit de l'année (je vous invite à jeter un coup d'oeil sur les flyers de "Cognoscenti"). Distribué via Merchant of Death pour un prix tout à fait abordable, je l'ai commandé dès que j'ai eu fini de l'écouter dans son intégralité, et plusieurs fois d'affilée.
"Cognoscenti" vient du latin, et est utilisé pour qualifier une personne particulièrement cultivée et supérieure en intelligence, notamment dans le domaine des arts et de la culture. Le ton est donné, à peine se renseigne-t-on sur l'album en question que l'arrogance pointe déjà le bout de son nez. "Fidei Defensor" signifie Défenseur de la Foi, peut-être les défenseurs d'un Black
Metal fin et pédant. Quant à la personne représentée sur l'artwork, je n'ai pour tout dire absolument aucune idée de qui est-ce. Probablement une obscure figure hérétique de l'époque baroque.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que le son de ce "Cognoscenti" est absolument excellent. La boîte à rythmes (au son Ô combien agaçant pour un batteur averti) est correctement mixée et ne prend pas tout l'espace sonore, les guitares possèdent un grain sobre mais efficace, et les nappes de claviers diffuses sont judicieusement placées en arrière plan, et donnent de la matière aux compositions. La voix est très distordue, absolument incompréhensible sans le livret sous les yeux, et apparaît en de relativement rares occasions, la musique étant beaucoup plus parlante que les mots.
Au lieu de faire un track by track fade, je dirais que ce disque s'approche en tout points d'un
Shining qui aurait décidé de faire dans le grandiloquent. Tout pue le luxe et les manières sur ce "Cognoscenti", des riffs alambiqués et prétentieux jusqu'aux claviers, en passant par le latin, employé à outrance (je n'ai pas encore le booklet sous les yeux, mais mon petit doigt me dit que je vais bien me fendre la poire). Prenez l'introduction de "Hostis Hvmani Generis", consistant en deux lignes de guitares insolentes que martèle une drumbox sans fioritures, avant de démarrer en trombe sur un riff imposant et massif comme une muraille. Ou même l'introduction, "Nvlli Expvgnabilis Hosti", trois minutes de claviers éthérés et spectraux que masque à peine une timide guitare. Le tout exécuté en mid-tempo la quasi-totalité du temps, même si un blast salvateur viendra secouer l'auditeur sur la pièce finale, "Cognoscenti". Cet emploi donne de la force au côté atmosphérique, certes, mais devient cruellement lassant au bout d'un certain temps.
Enfin, pour "l'album de l'année", il faut voir qu'il est aussi extrêmement court : A peine 32 minutes pour 5 titres. L'auditeur qui aura salivé en attendant sa copie ne pourra qu'être déçu devant ce foutage de gueule éhonté, et restera donc, comme moi, sur sa faim devant tant de promesses non tenues. Et qu'on ne vienne pas me dire que c'est à cause du travail demandé, s'il vous plaît : Fidei Defensor n'a pas pu mettre trois ans pour composer 5 titres de 3 à 9 minutes. Quand on voit ce qu'
Enslaved est capable de nous pondre en un laps de temps très court...
Ce premier disque de Fidei Defensor est un bon disque de Black
Metal, aux touches atmosphériques bien senties, qui se laissera aisément écouter pour les amateurs du genre. Malheureusement, le battage qui a accompagné sa sortie a été excessif (voire a même desservi l'opus) et les promesses des différents labels ne sont pas tenues. Qu'on se le dise, "Cognoscenti" est trop court et malheureusement un peu trop superficiel dans le traitement des compositions (ce qu'on se plaît à appeler de la "masturbation") pour être le disque de cette année.
Le type qui à fait un an de philo, et qui considère détenir la science absolue.
Il suffit de lire son pseudo-essai sur le BM ou il ne fait rien d'autre que de la citation d'auteurs, de philosophes et de groupes...
Kurtagic est totalement imbuvable pour ma part, même si je reconnais qu'il a sorti de bons groupes sur Supernal...
Sinon bonne chronique, je me pencherai peut être sur le disque, mais j'en doute un peu ^^.
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