Liste des groupes Metal Progressif False Coda Closer to the Edge

Que connaissons-nous réellement du metal grec ? Les grecs sont un peuple qui aime le metal, mais nous, nous ne connaissons très peu ceux qui en jouent dans ce pays. Les fans de Dark Gothique ont Scepticflesh, les amateurs de Power ont Firewind, mais les autres n'ont rien de bien connu. Pourtant, la scène grecque n'est pas inintéressante pour autant, et particulièrement dans le domaine du progressif. Until Rain nous avait ébloui l'an dernier, de même que Dakrya il y a quelques années. Cette année, deux groupes sont chargés de porter l'étendard du progressif grec : Psycrence et False Coda, tous deux sortis chez Steel Gallery. Reste à voir s'ils le porteront aussi haut que leurs compatriotes sus-cités.

C'est donc False Coda, mené par les frères Andreas et Vasilis Milios (respectivement batteur et guitariste), qui nous intéresse aujourd'hui avec son album Closer to the Edge. L'artwork, qui est toujours la première étape dans la découverte d'un nouveau disque, est plutôt engageant avec cette terre de désolation, polluée à l'extrême, évidemment par les Hommes. Il y a de quoi être sceptique cependant au regard de la tracklist, puisque False Coda propose sept titres pour seulement quarante minutes et aucun morceau ne se fait remarquer par sa longueur. On serait tentés à la vue de cette tracklist de penser que les grecs jouent simplement un metal mélodique légèrement progressif comme on en voit malheureusement trop, mais il n'en est rien, et False Coda parvient à combiner efficacité et grandes envolées progressives.

L'opus s'ouvre sur Simple Rules, morceau de moins de quatre minutes qui pourrait passer pour une vraie chanson, mais qui n'est en réalité qu'une sorte de longue introduction. On entend quelques bruitages, une ambiance oppressante se met doucement en place ... Et arrivent enfin les guitares. Elles dévoilent ainsi riffs et soli, comme ça, de but en blanc, dans un registre entre pur progressif et néo-classique avec quelques touches jazzy. Oui c'est sympathique et pour le moins original de débuter un album de cette manière, mais il faut admettre que c'est un peu trop surprenant, trop inattendu, trop peu cohérent finalement. Ils auraient volontairement voulu dérouter l'auditeur ils ne s'y auraient pas mieux pris.

Car la suite de l'album, même si elle est loin d'être exempt de reproches, a au moins pour vertu de proposer quelque chose de cohérent avec ce qui est annoncé. On retrouve bien un metal progressif élancé et mélodique, faisant la part belle aux divagations instrumentales. Le titre éponyme en est l'exemple-type, avec sa longue introduction très mélodique à base de claviers. La section rythmique s'autorise ainsi de nombreuses cassures, qui font tout l'intérêt du morceau, et guitares et claviers ont chacun droit à leur moment de gloire. D'un autre côté il y a aussi la volonté de créer une musique structurée par des couplets et des refrains, et force est de constater que l'ensemble fait plutôt bon ménage.

Code of Kindness joue sur la même ambivalence, avec l'alternance couplets-refrains pour ne pas perdre l'auditeur, mais profite aussi de longs passages instrumentaux pour explorer un progressif plus poussé, comme l'ont fait les grands noms du prog dans les années 70'. Un intelligent chorus de Vasilis Milios permet alors de revenir aux refrains sans que cela ne paraisse trop forcé.
En bon groupe de progressif, False Coda s'essaye de même au mélange des genres, incorporant des intonations heavy/power sur Room of Pain, voire des influences black (ce blast sur Picture !), ce qui montre alors une certaine richesse musicale.

Les deux derniers morceaux sont clairement d'obédience progressive (ce sont d'ailleurs les plus longs) même s'ils figurent dans un registre plus moderne et technique assez peu mélodique. C'est de fait ce qui rend ces morceaux intrinsèquement inégaux. Respect n'a d'intérêt que pour son bon refrain mélodique et son passage au piano de toute beauté. Blood on Eyes de son côté jouit d'une excellente introduction et d'intéressants passages instrumentaux (ces riffs vers les cinq minutes ...) mais se perd parfois dans d'étranges expérimentations jazzy. Encore une fois le refrain sauve le morceau en redonnant un aspect mélodique qui manque décidément un peu trop souvent.

En effet, malgré des explorations instrumentales souvent agréables et intéressantes on déplore un manque de recherche dans les mélodies, qui devient de plus en plus flagrant vers la fin du disque. Cela nuit évidemment à l'accessibilité de l'album, d'autant plus que ce n'est pas le seul défaut. Ainsi, deux parties du quintette remplissent mal les exigences fixées. La batterie offre un jeu assez peu varié, mais surtout subissant une production qui la relègue injustement à l'arrière-plan. Le chanteur non plus ne parvient pas à convaincre totalement, notamment à cause d'une voix trop poussée et trop souvent. Manos Xanthakis peut faire bien mieux, et c'est en plus un chanteur qui a déjà une certaine expérience.

Finalement, malgré un certain nombre de défauts assez variés, ce Closer to the Edge augure de bonnes choses quant à l'avenir des grecs. Les compositions tiennent la route et révèlent une intéressante vision d'un metal prog moderne mais qui ne renie pas ses origines rock. Le tout est desservi par une production correcte (sauf en ce qui concerne la batterie bien sûr), qui permet d'apprécier tranquillement ce premier essai de False Coda. Des progrès sont indéniablement à réaliser, mais il y a de quoi être confiant.