Heartlay est le projet qu'Aaron Sadrin chérit depuis ses début en 2014. Il a sorti deux EPs "
Injection" et "
Remedy", résolument très metal et aux influences alternatives. One-man band en studio, quartet en live, Heartlay proposait déjà une bonne dose de rage couplé à des refrains mélodiques et entêtants. Avec "
Close to Collapse", son premier full length, le voilà qui s'offre un virage musical : il garde son coeur metal et y mélange une bonne dose d'indus/electro saupoudrée d'ambiances sombres.
Beaucoup de groupes de metal indus composent leurs morceaux à partir de riffs ou de mélodies. Pour Aaron Sadrin, c'est l'inverse. Il part de lignes de synthés ou de beats, et incorpore peu à peu les vocaux et les guitares. Cela justifie la prédominance des éléments industriels, que ce soient les bidouilles, les atmos, les leads, les pads, les arpèges et autres beats bien véhéments. L'ensemble peut-être saccadé, mécanique ou sombre, pour coller à cette thématique de l'effondrement (effondrement moral, politique, philosophique...). On le sent d'entrée de jeu avec l'introduction "Imminent", de l'ambient industriel cybernétique qui nous prouve que oui, on est bien proche de la fin.
"Thrown" démarre les hostilités avec son synthé new wave qui sera la marque de fabrique de ce titre. Les couplets guidés par la basse laissent place à des refrains entêtants très américains. On pourrait vite croire que ce projet vient des States tant la recette est là : grosses guitares saturées, production acérée, chant émotif, mélodies accrocheuses...mais parfois l'anglais, à l'accent bien français, nous ramène à la réalité.
On remarque très vite la diversité des sons et des riffs, ce qui nous permet d'avoir un album riche et en constante évolution. On sent qu'il y a eu un réel travail sur les bidouilles et les rythmiques comme sur "Come
Down" et son aspect futuriste, ou "
Will It Be Enough" et ses beats EBM. Les guitares apportent une touche de rage qui n'est pas négligeable et elles renforcent le côté sombre de la thématique.
Le chant garde un style mi-atmo, mi-émotionnel de bout en bout, on l'aurait aimé plus hargneux, peut-être plus criard par moment, notamment sur les morceaux les plus dynamiques et punchy. Par contre sur les titres les plus softs et les plus ambiants, cette technique s'accommode particulièrement bien comme sur "The Sights", "All Alone" ou "I Can't Let it
Fall". C'est dommage de ne pas avoir plus d'alternances de chant lorsqu'on a une telle diversité de sonorités, de rythmiques, et de riffings...
Le final futuristico-cybernétique instrumental laisse rêveur et nous propulserait presque dans la BO d'un film. Il signe aussi la fin de cet opus "
Close to Collapse". Aaron Sadrin nous aura offert un ensemble cohérent et mature à la croisée des genres, quelque part entre l'indus de NIN ou de
Zeromancer, l'electro de
Celldweller, la synth pop, l'ambiant, la new wave, la dark electro...l'ancien et le nouveau Heartlay ne font désormais plus qu'un et s'unissent à merveille, le tout masterisé par Brett Caldas-Lima aux
Tower Studio (
Chimaira,
Megadeth, SepticFlesh…).
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