Quand on choisit comme patronyme un célèbre morceau d'un non moins célèbre guitariste, on peut se douter que le groupe en question n'est pas composé de manchots, du moins à la guitare. Banco ! Nos cinq jeunes Slovènes, déjà auteurs de deux albums à partir de 2009 le prouvent dès l'introduction "Pharos" qui annonce la couleur d'un beau solo sur son thème introductif. Le label espagnol Xtreem ne s'y est pas trompé en signant ce groupe dès son second disque, au style plus léché que la majorité de son catalogue habituel. Ajoutons un mot sur la pochette colorée, représentant des aliens encapuchonnés jouant avec la planète. On peut y voir un parallèle religieux ou non.
A mi-chemin entre power U.S (Viciuos Rumors, Sanctuary, voire les débuts de Nevermore surtout pour le chant de Klemin Kalin, assez proche de Dane sans tomber dans les envolées aiguës) et thrash d'obédience Flotsam&Jetsam (comprendre mélodique et soigné),
Eruption propose sur son troisième album neuf titres de haute volée. La paire de guitaristes Tajic / Erjavec tient la barre, sans sacrifier à la construction de titres parfois progressifs, voire mélancoliques ("
Reborn Into
Demise" ou "
Cloaks of Oblivion", de plus de six minutes) qui rappelleront le Nevermore de The Politics Of Ecstasy, mais toujours entrecoupés de soli enluminés, gros point fort de l'album. Doté d'une production précise, le quintet ne dénigre pas les passages plus incisifs, rappelant parfois à ce titre le
Forbidden des meilleurs jours ("Drones"), et diversifiant son propos de manière fort équilibrée. Toujours entraînant dans ses rythmiques et phrasés ("
Seven Archons" et la magnifique ligne vocale),
Eruption montre sa capacité à dévoiler un album riche et bien construit.
Difficile de trouver de gros défauts à cet album, tant la maîtrise instrumentale et l'équilibre entre titres pêchus ("The
Yearning", "Drones", la seconde partie de "
Seven Archons") et morceaux plus posés ("This Barren
Existence" au début chatoyant qui s'emballe à l'approche de ses deux tiers) est ici trouvé. Réellement situé quelque part entre deux scènes (allez, un peu plus power que purement thrash, quand même),
Eruption pourrait trouver son public parmi la surcharge de sorties mensuelles. On pourra éventuellement regretter l'absence d'un ou deux titres réellement rapides, pour chipoter, mais le groupe préfère dispenser sa facette la plus agressive de manière parcimonieuse, le final "
The Prophet", plutôt mid-tempo de plus de sept minutes, au soli encore lumineux, achevant l'écoute sur une bonne note.
Avec un savoir-faire indéniable, des titres à la construction bien pensée (on navigue souvent entre cinq et six minutes par titre) et un créneau pas si encombré (le flambeau encore fumant du côté des fans de Nevermore),
Eruption convainc. De plus,
Eruption ne sonne ni vraiment moderne, ni foncièrement old-school. Traditionnel dans son propos général sans sonner daté,
Cloaks of Oblivion est une belle surprise pour qui ne connaît pas encore le groupe Slovène. Attention toutefois à ne pas prendre
Eruption pour ce qu'il n'est pas, nous sommes loin du revival thrash classique mille fois entendu. A cette condition,
Eruption peut devenir le prochain groupe à suivre dans une ligne entre deux styles. Certains y ont plutôt réussi.
16, 17... ou 18 sont des notes qui correspondent à un album excellent, du genre des classiques ou digne d'un Top 10 annuel (citons les deux premiers Flotsam dans ce registre, par exemple).
Pour donner une idée plus générale et des éléments de comparaisons les plus objectifs possibles, un coup d’œil aux notations que je positionne sur mes albums référencés sur le site sera sans doute plus utile que mes mots maladroits.
Mais la formation est jeune, et le niveau technique peut laisser penser à une marge de progrès dans un futur proche.
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