"Yes !
That's is ! I was inspired by the
Devil !!". Tirée du Nom de la
Rose et prononcée avec emphase par
Helmut Qualtinger, cette célèbre tirade a, sans nul doute, inspiré à son tour de nombreux autres artistes (elle est utilisée comme sampler par
Marduk sur son titre With
Satan and Victorious
Weapons). Nul doute aussi qu'elle soit nichée dans la caboche des musiciens de
1782.
Formé en 2018 dans la ville italienne de Sassari par Marco Nieddu (chant, guitare) et Gabrielle Francellu (batterie), le groupe prend comme nom la date de mort de Anna Göldin, dernière femme condamnée et brûlée pour sorcellerie en Europe. Par déclinaison,
1782 va rendre hommage aux sorcières et choisir tout ce qui touche à l'occultisme et aux créatures des ténèbres comme thématique de prédilection.
Musicalement, le groupe s'oriente vers un doom sombre et poisseux, où le riff règne en maître. On patauge dans des eaux stagnantes pleines de guitares sales, de rythmes obsédants et de voix hantées. Le tout placé entièrement sous le signe du
Riff démoniaque ...
La seule parution du single
She Was a Witch chez Electric Valley Records, qui rencontre un succès certain chez les amateurs du genre, leur ouvre les portes du label compatriote Heavy Psych Sounds records. Depuis,
1782 a sorti son premier album éponyme en 2019, recruté le bassiste Fransesco Pintore et proposé son 2ème full
From the Graveyard en 2021.
Munis d'une une notoriété offerte par de nombreux concerts et fidèles au label, voici nos compères prêt à écraser nos pauvres âmes en 2023 avec ce 3ème album finement intitulé
Clamor Luciferi.
Les notes d'orgue égrenées le long de la lugubre intro A Merciful Suffering rassurent d'emblée :
1782 ne s'est pas subitement mis au glam. Les 3 parpaings qui suivent proposent même un doom encore plus massif et vicieux que sur les albums précédents. Que ce soit sur Succubus et son refrain martial, l'énumération des principaux seigneurs des ténèbres sur la terrifiante Demons ou encore Black Rites, prompte à vous donner la chair de poule, on sent que le groupe maitrise pleinement son style.
Les riffs sont simples d'exécution mais vraiment bien trouvés, avec une couche énorme de fuzz crasseux sur la guitare. La batterie bâtît une ossature robuste et résonne telle un tambour funéraire (l'instrumentale Tumultus
XIII comme exemple probant). La basse, qui amène le plus souvent l'épaisseur nécessaire, se permet aussi de petites incartades harmoniques bienvenues (
Devil's Blood). Un ensemble mixé aux petits oignons où plane la voix martialo-plaintive de Marco Nieddu.
On se complait alors dans ces rythmes lents, mais sans oublier parfois de remuer énergiquement la tête, comme sur les convaincantes River of Sins ou Demons. Même si cette impression d'écouter un monolithe immuable peut rebuter les non-initiés, les écoutes successives révèlent les richesses de l'œuvre.
1782 ne dévie pas sa route déjà tracée, qui cette fois vous transporte directement sur le chemin caché menant à l'antre de
Lucifer, maître absolu des lieux (cf la superbe pochette signée Guiseppe Francellu).
1782 franchit donc le cap du troisième album avec classe et brio. Même s'il ne lui amènera peut-être pas visibilité supplémentaire auprès d'un grand public sensible à la hype, les qualités de ce
Clamor Luciferi sont indéniables. Souhaitons alors que ce cri démoniaque soit entendu le plus loin possible.
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