Depuis toujours, le cirque incarne un rêve pour les enfants et rencontre régulièrement un succès fou chez le jeune public. On se souvient tous des moments passés dans le chapiteau à observer avec émerveillement les numéros de dressage, le domptage d'animaux, les spectacles de clowns, les tours de magie...
Mais quand le rêve d'un enfant se transforme en un cauchemar et que des clowns devenus schizophrènes s'emportent dans un délire monumental et sautillent dans tous les sens :
Spacemak3r y est souvent pour quelque chose. C'est à ce moment-là que cet endroit féerique se transforme alors en un capharnaüm de grande ampleur et chacun y va de sa folie.
Fort d'un premier succès auprès du public local et d'une victoire à la finale provinciale de l'Omnium du Rock 2009, ce groupe québécois formé en 2006 est composé d'un line-up entièrement maquillé et d'un vocaliste délirant menant la troupe itinérante. Actuellement, la musique de
Spacemak3r est référencé en tant que clowncore ou encore
Circus metal. Ce qui n'est pas totalement faux, puisque le thème général du sextet tourne justement autour du cirque et de la magie. Et, il ne s'agit pas seulement d'un simple thème : tous les morceaux contiennent de nombreuses surprises et adoptent ce même concept original. Révolutionnaire ou pas ? Vous en jugerez par vous-même.
Toujours est-il qu'une comparaison reste bien difficile puisque
Spacemak3r produit une musique unique en son genre, malgré le fait que la scène clowncore soit anciennement partagée avec le groupe français
Bawdy Festival (splitté en 2010). Malgré tout, sur le concept des déguisements adoptés et des shows en live, on pourrait les rapprocher de près avec Slipknot. Parce qu'il faut avant tout savoir que
Spacemak3r officie dans une sorte de néo-metal expérimental avec des mélodies de cirques en arrière-plan et de nombreuses touches électroniques.
C'est un univers très spécial qui s'offre à nous dans ce "
Circus". Le premier risque étant que les auditeurs ne comprennent pas bien la démarche du groupe et son imagination débordante. Malheureusement, comme beaucoup d'autres, ce sont des génies qui resteront incompris par le public. Il est évident que pour ce genre de musique, les mauvaises critiques seront toujours d'actualité... Mais combien de formations actuelles s'entêtent à faire toujours la même chose pendant des années et à sortir des disques inintéressants ? Certains diront que le seul mot qui puisse qualifier le groupe soit le ridicule mais
Spacemak3r a au moins la chance d'avoir sa propre identité, et non pas celle d'une autre formation. C'est donc tout naturellement que la pochette représente une sorte de scène théâtrale se déroulant dans un chapiteau, où se tient le groupe ainsi que d'autres acteurs.
"Nobody Knows" s'ouvre donc sur des chuchotements et des rires de clowns étranges, créant une scène plutôt inquiétante, avant qu'un scream propre au néo-metal et quelques f**k you fassent leur apparition. Certaines notes de films d'horreurs ou de bruitages de fêtes foraines créent elles aussi des mélodies particulièrement intéressantes comme sur l'introduction "Under the Bed" ou sur le titre "
Nightmare". Quand aux lignes rappées par Michael Gagnon, elles sont assez originales, et s'accompagnent très souvent par une instrumentation aux influences carnavalesques, incluant notamment des parties de trompettes. Les mimiques et les clics du chanteur, que l'on peut aussi remarquer sur "
Circus" font elles aussi partie de ce style unique.
Mais, un contraste s'installe tout au long du disque, puisque les joies du cirques s'opposent très souvent avec des mélodies plus sombres. On pourrait penser qu'aucune émotion ne se dégage de cet opus, mais c'est faux. Cette note d'émotion se retrouve sur la dernière piste "
The End" - qui, du haut de ses 7 minutes offre une performance unique. Parfois même à la limite du symphonique ou de l'atmosphérique, le morceau offre de jolies harmonies et fait appel à l'imaginaire. Le titre, qui globalement se veut triste et mélancolique fait intervenir des parties pianotées en premier plan, tandis que les cris déchaînés de Michael Gagnon complètent admirablement bien la scène.
Il est certain que dans le milieu du néo-metal, peu d'artistes sortent réellement des sentiers battus et osent l'originalité. Mais avec cet album,
Spacemak3r a su livrer une prestation de taille. Au-delà de la musique à proprement parler, ce "
Circus" est une véritable démonstration artistique, d'une infime richesse. Que ce soit avec la berceuse enfantine de "Alex's Bed" ou avec le camion de cirque défilant dans les rues pour annoncer les prochaines dates sur "Skolomeino" - à chaque morceau son trésor.
Un style unique et délirant.
welcome to my circus ;)
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