Rika Zaraï et le personnel des thalassothérapies partagent une conviction profonde : les bains de vase sont bons pour la peau. Dès lors, je peux aisément arguer, par le biais d’un parallèle quelque peu boueux, que l’écoute du premier album de Slimelord (prince de la vase hihi) aura le même effet bénéfique sur mes augustes conduits auditifs.
Quintet originaire de Leeds (grand-Bretagne) et déjà auteur de 3 EPs entre 2019 et 2022, il s’articule autour de Alexander Bradley (guitares, growls) Andrew Ashworth (growls), John Riley (basse, piano), Ryan Sheperson (batterie) et Krystian Zamojski (guitares). Pour le premier album, ces musiciens, qui officient également dans d’autres formations telles Cryptic Shift et
Sewer Fiend, ont été repéré par le label 20 Buck Spin avec une parution du dénommé
Chytridiomycosis Relinquished début mars 2024.
Thématiquement, Slimelord propose une histoire qui sort des sentiers battus inhérents au style. Ici, sous fond concret d’extinction des batraciens à cause de la chytridiomycose (maladie provoquée par des champignons), le groupe développe un concept mêlant environnement, philologie, géologie et fantasy. Concept développé au point que même les soli instrumentaux sont dénommés et qui est fort bien représenté par l’artwork de Brad Moore.
Musicalement, se basant sur 7 titres assez longs (pour quasi 48 mn au total), Slimelord présente une base death metal mâtinée de doom, dotée également d’une belle couleur progressive.
D’emblée et idéalement,
The Beckoning Bell emmène l’auditeur dans leur univers de violence et de lourdeur. Les riffs sont à la fois puissants et tordus, les changements de rythme fréquents et le rendu sonore général nous plonge dans une boue réverbérée. Ajoutez à cela des harmonies sifflées, un growl bien caverneux et une ambiance putride et hop, vous voici à la fin des 7mn sans avoir vu le temps passer.
Archétypes des morceaux aventureux qui démontrent un talent certain d’écriture, Tidal Slaughtermarsh et Gut-Brain
Axis sont aussi les 2 plus longs morceaux de l’album (8mn passées à chaque fois). Cette durée conséquente permet à Slimelord de montrer la capacité indéniable du quintet à écrire des titres progressifs et accrocheurs, avec ces imbriquements rythmiques et mélodiques judicieux (exemple probant que le break de basse au milieu de Tidal Slaughtermarsh). Les guitares y sont éminemment mises à l'honneur, tout le long de phrases musicales soignées et de soli qui servent vraiment les titres.
Ces musiciens étant loin d'être des manches, il me faut souligner le superbe travail de basse de John Riley qui, en s'éloignant des riffs centraux, propose des lignes audacieuses, superbement mises en valeur par un mixage aux petits oignons (bravo à Damian Herring qui a enregistré et mixé l'album). Il en va de même pour la batterie, pour laquelle on peut se délecter de la finesse du jeu de cymbales (ex The
Hissing Moor).
Avec ce
Chytridiomycosis Relinquished, Slimelord se positionne concrètement dans les sorties à prendre en compte dans le style en cette année 2024. Même s'il s'essouffle un peu dans un dernier titre instrumental trop redondant à mon goût, ce quintet fait preuve de maîtrise, d'originalité, de personnalité et de créativité. De plus, Slimelord ne sacrifie pas la dose nécessaire de brutalité et de vilenie pour plaire au plus grand nombre. Un bain de vase jouissif somme toute, à vous procurer dans toute échoppe médici...euh musicale digne de ce nom.
Complétement d'accird c'est de la balle ce Slimelord
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