Si l'Italie n'est pas la terre promise pour l'auditeur de doom, stoner et autres psychédéleries, il n'en demeure pas moins qu'avec la mondialisation galopante, on ne sait plus où on en est et il devient relativement fréquent de voir émerger d'excellents groupes de régions peu coutumières d'un certain genre, du post-metal islandais au death brutal maltais en passant par le hardcore russe... Surtout qu'en l’occurrence, il ne faut pas oublier que le Piémont nous avait déjà offert les excellents
Ufomammut, à classer dans les références du stoner doom... Alors, pourquoi ne pas faire confiance à leurs voisins d'Emilie-Romagne pour nous faire émerger un groupe de qualité dans le genre ?
Aussi, lorsque j'ai été amené à découvrir le second album de
Caronte, quatuor relativement confidentiel pour le moment, sachant qu'ils étaient édités chez Van Records, référence très acceptable pour tout ce qui est musique occulte, j'étais alléché... et j'avais raison.
Le groupe ne s'est pas fichu de ses auditeurs en lui délivrant avec cet album, une bonne heure de musique, dans un package soigné tout à fait dans l'esprit occulte du label, l'artwork juxtaposant agréablement éléments classiques du stoner psychédélique (Demoiselles dénudées et fumées) et éléments plus occultes (ankhs, cornes de taureaux, pentacles, etc) comme à mi chemin entre
Samsara Blues Experiment et
Necros Christos...
S'il n'est plus aussi étonnant qu'il y a quelques années d'être surpris par un groupe de doom, la scène distillant régulièrement ces derniers temps, des petites merveilles dans toutes ses composantes, de Blues Pills et
Avatarium à Dragged into Sunlight en passant par
Pallbearer et Uncle
Acid and the Deadbeats, cela n’empêchera pas
Caronte de nous livrer musicalement quelque chose d'agréablement détonnant.
En effet, le groupe évoluera dans plusieurs thématiques différentes et au milieu d'ambiances plutôt vaudou planantes avec des chœurs mystiques, placera des riffs purement doomesques avec un refrain tonitruant (« Maa-Kheru's
Rebirth ») ou jouera à
12012 avec un bon gros riff des bas-fonds qui enterre sans problème ceux du médiocre dernier album de Jus Osborn et consorts comme sur « Handlecheyapi » ou encore s'enjaillera sur du hard-rock un peu plus rapide presque sabbathien (« Wanka Tanka Riders »). Les morceaux sont longs (autour des 8 à 10 minutes) et prennent le temps de distiller leurs ambiances particulières sans trop s'appesantir non plus et dégagent des espaces d'expression notamment pour une guitare aux soli plus chaleureux très 70's. L'ensemble est dominée par la voix de son leader Dorian
Bones, assez reconnaissable avec un ton presque blues dans la voix claire qui occupe la majorité de l'album, et qui donne une touche assez old-school à l'album, même s'il amènera sa voix hurlée tout à fait désespérée à certains titres comme « The
Sulphur Shaman », titre le plus dark de l'ensemble.
Il est difficile de trouver à cet album de véritables défauts tant il navigue avec aisance entre les différents rivages du doom, rock'n'roll à souhait, aux lenteurs pachydermiques juste ce qu'il faut, occulte sans l'être trop, planant mais puissant. Il présente sept compositions personnelles qui, sans être véritablement innovatrices sont capables de faire un gros effet sur la scène, car tout en montrant un franc respect pour les anciens, les italiens ne comptent pas s’arrêter là pour faire du revival à deux lires cinquante (oui, je sais que l'Italie est passé à l'euro, ça doit être l'effet 70's). L'art du groupe semble sur cette mouture avoir trouver sa plénitude et c'est tant mieux. En tout cas, on retiendra cette galette comme une des productions marquantes de l'année passée, et en tout cas il faut faire passer le message : Amateurs des scènes psychés, stoners et autres rock'n'roll, n'hésitez plus, mettez du parmesan dans votre doom !
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