Pourquoi donc daigner accorder une quelconque importance a des oeuvres aussi imparfaites, immatures et mineures que ce
Chronicles of Tyrinthia: Sword Sworn, premier pas des Américains de Heralds Of
The Sword? Il est vrai que la question pourrait se poser en ces termes. D'aucuns pensent même d'ailleurs qu'une hiérarchie distinctive entre ceux qui ont d'énormes moyens et ceux qui en manquent cruellement devrait nous obliger à avoir une certaine indulgence naturelle à l'égard des seconds. Peut-être. Pourquoi pas. Cela étant, n'oublions pas que ces groupes plus modestes ont parfois l'audace non pas de nous présenter leurs travaux mais de nous les vendre, et cela indépendamment de la qualité de ceux-ci bien évidemment. En outre, il y aussi, souvent, comme dans le cas qui nous intéresse ici, un décalage terrifiant entre les envies et les aspirations du groupe, et le résultat. Ainsi lorsque ces natifs de Bakersfield indiquent "Si vous aimez la Fantasy, alors vous allez aimer ce que nous faisons. Clair et simple." ou encore "Mon objectif est d'écrire de la musique que n'importe qui peut écouter ce qui explique pourquoi je chante et je ne crie pas", il y a affirmation mensongère éhontée et honteuse qu'il faut absolument dénoncer.
Faisons le méthodiquement en reprenant chacune de ces allégations impudentes.
1. Amateur d'Heroic Fantasy, ce disque est pour toi.
Au-delà de toutes les bonnes intentions dont sont animés ces musiciens, et qu'il ne nous appartiendra aucunement de juger ici, on ne parviendra pourtant pas à ressentir un quelconque potentiel dans cet ouvrage ennuyeux au possible.
De plus la grandiloquence est un élément indissociable de ces mouvances
Power Metal, proche de
Rhapsody In
Fire et consorts, auquel s'apparente très directement ce sextet. Or lorsqu'elle se fait aussi minimaliste que sur le manifeste dont il est question ici, le résultat ne peut décemment convaincre quiconque. Et de fait, tous ces instants dévolus à la narration, privé de cette emphase, ne sont que d'interminables moments poussifs.
Bien évidemment, ici le manque de moyens est clairement un argument recevable si tant est qu'on ne cultive pas indéfiniment ces passages les rendant interminables.
Luca Turilli et ses complices avaient eu l'intelligence d'aller à l'essentiel sur un Legendary Tales bien plus simple que ne le furent ses successeurs. Un écueil que, bien entendu, nos six Californiens ne parviendront pas à éviter. Et ainsi, égaré en ces corridors ternes, il nous tarde souvent que quelque chose, ou quelqu'un, vienne enfin nous délivrer de ces longs instrumentaux si peu immersifs. Citons donc les titres Mystical Lands of Tyrinthia, March of the Heralds ou Lodac's Wrath où ces plages désespérément désertes sont consternantes.
N'oublions pas, également, d'évoquer les pseudonymes ainsi que les tenues qu'ont choisi d'arborer ces musiciens. Saelion of the Dhar'Raan, Vincenzo of
Castle Durnhaus, Lerador of Eldoria, Fedelis of Darglund
Castle, Khadgar of Valineth et Torvak of Kaldolmarr sont les membres de cette communauté. Et, bien sûr, épées, glaives, tenues de paladins, de chevaliers et autres accessoires, ou accoutrements, médiévales fantasmés sont de rigueur.
2. L'interprétation vocale contenue ici est nuancée.
Non content de composer de la musique désespérément rébarbative, aux longueurs souvent inutiles et dérisoires, Heralds Of
The Sword, se paie le luxe d'avoir recruté un chanteur dont certaines faussetés crispantes nous font assurément regretter chacun de ces moments où seule cette musique convenue et pénible nous agressait l'ouïe de sa platitude crasse. Pour comprendre pleinement l'atrocité que revêtent parfois ces interventions, l'écoute des premiers couplets du morceau Battle of the Tyrinthian Plains sont d'une redoutable efficacité. Tout comme ceux de
Kingdom of
Old et de tant d'autres encore.
3. De la musique pour tous.
Là encore difficile de donner crédit à une telle déclaration puisque alourdit par autant de défauts ce disque serait davantage pour personne plutôt que pour tous.
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