Les fans ou tout simplement adeptes de
Sentenced ont pu penser que son guitariste emblématique S.S Lopakka était perdu pour la cause métal après le split du combo en 2005. A l’âge du christ lors de son envolée vers les cieux (Sami est né en 1975) et après 16 ans de bons et loyaux services dans un line up n’ayant quasiment jamais évolué, celui-ci fait un retour surprenant au sein d’un quatuor non moins déroutant : Kypck.
Pour ce faire, il s’est entouré du chanteur E. Seppänen officiant dans le groupe finnois de power
Dreamtale, et de l’assise basse/batterie de The Skreppers à savoir J.t Ylä-Rautio et surtout K.h.m Hiilesmäa. Ce dernier étant surtout connu pour avoir assuré la production entre autres de Him,
Lordi,
Sepultura,
Moonspell et, excusez du peu,
Sentenced (!!!). Est-il encore judicieux de préciser à qui celle-ci fut donc confiée et pourquoi elle est tout simplement énorme et faramineuse?
Petit rappel historique pour mettre le concept en place : Kypck (Kursk en anglais voir Koursk) est une ville située dans le sud ouest de la Russie dont les premières mentions écrites datent de 1032. En 1508, la cité rejoint l’état centralisé russe. En 1943 s’y déroule la plus grand bataille de chars de l’histoire entre panzers et tigres allemands d’un coté et armée rouge de l’autre. Le sous marin nucléaire K-141 Kursk, fleuron de technologie est lancé en
1994 … Et sombre en mer de Barents en 2000 faisant 118 morts sans que l’on sache encore réellement aujourd’hui en quelles circonstances. En 2007 Kypck est formé, et en 2008 sort ce
Cherno.
Maintenant que votre curiosité est satisfaite et votre culture nettement étoffée, nous allons pouvoir enfin parler de cette galette en laquelle croit énormément le label vu le nombre de promotions (join the Kypck army …) ou autres vidéos dont elle profite déjà.
Et à la première audition on comprend pourquoi !!!
Dès l’introduction de « Christmas in Murmansk », une chape de froideur, de puissance colossale vous écrase comme si un quelconque char T russe engageait ses chenilles sur votre âme sensitive. On s’imprègne et reste abasourdi sous le coup de ce monde chaotique -
Cherno signifie noir -, malsain, vil et martial dont on ne sortira pas indemne. L’ensemble est plaintif et froid comme un hiver sibérien, et donne un rendu névrotique, pesant et suicidaire. Un doom très sombre dont la beauté des mélodies reste présente et profite des atmosphères crées. Les ambiances servent les compos et non le contraire comme trop souvent dans ce style musical, la constante étant des tempos lents et syncopés où riffs gras, épais et sur saturés succèdent à des arpèges mélancoliques.
Des plages plus « commerciales » comme
1917, complainte dépressive vous marquant au fer rouge, ou un Stalingrad hymnique, sont pour leur part de purs bijoux. L’utilisation à bon escient de quelques samples restitue à chaque titre un ciselage sonore ambiant exceptionnel et une originalité évitant toute monotonie.
En outre, les lyrics du combo sont délivrés en russe, ce qui assez surprenant et inhabituel, mais rajoute encore au charme et à l’appréciation de cet opus tenant de
Saattue, voir
Katatonia et
Sentenced… Mais aussi d’une certaine référence en la matière et « maitre ès
Doom »,
Black Sabbath sur « A day in the life of Yegor Koutnesov ».
Pour en finir donc, avant d’aller chercher mon calibre et de me faire une petite roulette russe après avoir bu quelques vodkas ; un retour plus que gagnant pour un Sami Lopakka que l’on n’attendait pas dans un tel créneau metal. Cette première offrande est résolument bonne et ravira tous les adeptes de spleen extrême…
17/20 METALPSYCHOKILLER
Merci
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