Les Allemands de
Wolfen auront dû patienter six longues années avant de donner enfin un digne successeur à
The Truth Behind sortis en 2006. Un intervalle de temps qui peut sembler une éternité lorsqu'on sait avec quelle promptitude les mutations et les révolutions peuvent naître, mourir ou tout aussi bien perdurer en un bouleversement qui défigurera définitivement le paysage musical. Quoi qu'il en soit le nouveau chapitre de cette aventure, que ces natifs de Cologne auront débuté au milieu des années 90, s'intitule
Chapter IV et se propose de venir briser ce silence que le temps, et sans doute l'adversité, leur a imposé. La volonté est audacieuse. Le résultat incertain.
En premier lieu, alors qu'il s'agira de définir l'art de ces saxons, il nous faudra dire que si autrefois leurs desseins créatifs erraient en des sphères où se mêlaient Heavy
Metal,
Power Metal US et Thrash mélodique, nul ne saurait dire, a priori, si leurs aspirations actuelles auront évolué. Néanmoins la problématique posée ici par un questionnement lié certes à ce longs laps de temps écoulé mais aussi, il le faut le dire, conjugué à une certaine méconnaissance dont sont victimes les travaux de musiciens à la popularité confidentielle, trouvera sa réponse dès lors que les premières notes d'un Revolution/
Evolution viendront résonner en nos esprits. La suite de l'œuvre ne démentira pas cette première impression. Si le groupe semble en effet avoir pris un soin particulier à travailler son côté mélodique, et notamment en composant quelques refrains remarquablement réussis ; il n'aura fait que peu de concession concernant cette agressivité propre aux mouvances, déjà évoquées, desquelles il se revendique.
Ensuite, en poursuivant l'analyse, il nous faudra concéder que l'innovation n'est assurément pas de mise en ce
Chapter IV où trop souvent on se surprend à songer à d'autres formations ayant, peu ou prou, arpenté les sentiers que
Wolfen se propose ici de fouler à nouveau. Et les noms de
Rage ou d'
Helstar nous assailliront évidemment alors que les envies d'analogie se feront en nous plus pressantes. La voix délicieusement rugueuse d'Andreas von Lipinski accentuant d'ailleurs, parfois, cette sensation de ressemblance qui existe entre ses travaux et ceux d'un Peavy Wagner. Toutefois, pour être tout à fait honnête, il nous faudra dire que ces comparaisons seront bien plus de l'ordre des influences assumées que de celui des amalgames sans personnalité. Car oui, incontestablement
Wolfen a un tempérament fort qui s'affiche parfois maladroitement mais toujours de manière suffisamment personnelle pour occasionner ce plaisir saint de la découverte.
Pour revenir plus en détail sur le contenu de ce nouvel effort, en dehors d'un premier titre où
Wolfen ne parvient pas à sublimer un propos certes séduisants mais quelques peu habituel et convenu dans l'expression d'un Heavy
Metal aux accents Thrash en une plage un peu trop mélodique, et à la virulence un peu trop succinctes en rapport au reste de l'œuvre, il arrivera assez aisément à nous séduire avec des pistes nettement plus inspirés et incisives (le très bon D.F.A.I.T,
The One,
Soul Collector et Demons aux voix gutturales âpres, White
Chapel...).
Au-delà de ces instants où la formation cultive assez subtilement l'art du métissage, certains morceaux, quant à eux, seront clairement plus à même de captiver les amateurs d'une brutalité plus directe et primale. Et ce qui s'affichait alors comme des accents
Trash deviennent davantage que des intonations. Ils se changent en une appartenance convaincue et assumée. Tant et si bien que bien plus que parées d'inflexions, des chansons telles que Nefilim,
Hole in the Sky ou encore Unbroken, sont, effectivement, de véritables morceaux de Thrash mélodique.
L'œuvre, exception faites de certains rares moments un peu trop académiques, pourrait même se vanter d'une certaine excellence s'il n'était pas affublés de ces deux balafres hideuses, indiscutablement dispensables, que sont ses deux ballades, Dolor Mundis et Birmingham 6. Si la seconde n'est qu'une première éraflure sans incidence, la seconde, quant à elle, est une plaie profonde et sinistre qui accentue d'autant plus cette première griffure. Les deux blessures, en une proximité malheureuse, nous offrent une hémorragie douloureuse de plus de douze minutes durant lequel on repense avec nostalgie à l'exaltation qui, il y a peu encore, emplissait nos instants de cette douce violence. Le contraste entre ces deux titres et le reste de l'opus est d'ailleurs assez saisissant. Un peu trop sans doute.
Pour conclure,
Chapter IV, quatrième véritable album des Allemands de
Wolfen, contient de très bons moments où règnent parfois un certain conformisme peu incommodant. Un album dans lequel, cependant, certaines pistes viennent gâcher le plaisir de l'écoute, par le contraste qu'elles imposent, mais aussi par une construction trop harmonieuse. Une bonne surprise néanmoins.
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