Liste des groupes Black Thrash Dystopia (NL) Chaos Philosophorum

Dystopia fait partie de ces dizaines de groupes au talent certain qui évoluent anonymement sur la scène metal batave. Fondé en 2005 et évoluant initialement dans un black thrash de très bonne facture, le combo fait évoluer son art à chaque sortie, revenant fin avril avec son troisième full length, toujours auto produit.
Si l’EP Haat marquait déjà un changement dans la musique du combo, évoluant vers quelque chose de plus mature et complexe, ce Chaos Philosophorum vient enfoncer le clou de la plus belle des manières.

Dès l’intro, qui se combine parfaitement avec le superbe artwork de la pochette, on sent une envie d’évoluer vers quelque chose de plus sombre et épique, avec ce rythme lent et ces cuivres qui imposent une lourdeur inquiétante amplifiée par les hurlements écorchés de Dennis Onsia. Through the Vortex mêle habilement la noirceur vénéneuse et les dissonances du black au riffing implacable et au tempo énergique du thrash, alternant durant plus de dix minutes passages lents, lourds et sifflants, avec explosions de violence contrôlées et plans plus aériens en un enchevêtrement assez complexe et technique. On remarque aussitôt que le son est à la hauteur, clair, puissant et mettant en valeur tous les instruments, et que la maîtrise instrumentale est au diapason, ce qui est indispensable quand on propose une musique aussi exigeante.
Blak Death s’ouvre sur un mid tempo mélancolique aux guitares oniriques et presque spatiales renvoyant encore une fois à la pochette, et même lorsque le tempo accélère, on se rend compte que les Hollandais gardent cette obsession de la mélodie lancinante qui nous accroche et nous obsède, judicieusement appuyée par les blasts de Cees de Wit : Dystopia semble jouer un metal plus mature et porté sur les ambiances, tout en subtilités et en nuances, dégageant un sentiment de majesté et de noblesse renforcé par le chant très expressif du hurleur, et ce tant dans les parties lentes que dans les passages les plus rapides.
Passé le premier titre un peu complexe et difficile d’accès, le quatuor nous touche avec justesse et sensibilité. L’emploi des cuivres, qui vient appuyer les moments les plus solennels, fait autant penser à Sear Bliss qu’à Cult of Luna à qui le groupe empreinte ces lentes montées en puissance et ce côté atmosphérique assumé (le superbe pont central d’Archon, avec ce riffing et ces cuivres imposants transcendés par des choeurs exaltés et une minute plus tard, le souffle dominateur et écrasant du tuba et des trompettes nous font courber l’échine sur ce long passage instrumental à la pesanteur extraterrestre, rappelant le meilleur d’Hollenthon).
L’album se termine sur un Bound to Annihilate magistral de 15,30 minutes proposant un parfait condensé de l’art inclassable que nous offre Dystopia depuis le début de ces 58 minutes, entre attaques thrashisantes, mélodies black, riffs lourds et saccadés et passages atmosphériques. La fin du morceau est incroyable, avec cette montée en intensité progressive sur fond de guitares oniriques et de choeurs hallucinés propulsée par un chanteur complètement possédé dont les hurlements déments vous font frissonner.

En un mot comme en cent, Chaos Philosophorum est un album extrêmement professionnel et travaillé sur lequel tous les amateurs d’un metal extrême intelligent, progressif, sombre et chaotique doivent jeter une oreille. Avec Dystopia comme guide, apprenez à maîtriser vos peurs et osez affrontez l’angoisse du Chaos, vous en sortirez certainement plus fort et plus sage…