Né du peu connu multi instrumentaliste américain Greg Murani,
Psychostatus est un projet de heavy progressif qui ne paye pas de mine au premier abord. Encore un américain qui fait du prog' diront certains… Mais il faut reconnaître quand même un certain talent, en effet le petit gars a écrit et enregistré pour tous les instruments : guitare, basse, programmation de la batterie et les rares claviers. Par contre, il ne doit pas juger ses talents de chanteur à la hauteur, car c'est sous une forme totalement instrumentale que se présente la musique de
Psychostatus.
Mais passons sans plus tarder au vif du sujet. A quelle variation de heavy prog' avons-nous affaire ici ? Un autre enfant caché de
Dream Theater ? Malheureusement oui. Mais il s'en sort quand même bien, enfant caché peut-être mais ce n'est pas lui le vilain petit canard. Dès les premières notes de l'introduction de l'album via le titre éponyme, cette guitare son "clean" toute calme et assez lente, on sent tout de suite dans quel univers baignent les inspirations de Murani. Cela rappelle l'intro de titres comme "
Stream of Consciousness" par exemple (tiens, un des instrumentaux ambitieux de DT). On retrouvera au cours de l'album des types de sons largement empruntés à la bande de
John Petrucci, comparaison qui de toute façon parait inévitable lorsqu'on se lance dans ce genre de musique aujourd'hui. Que ce soient donc ces notes de guitare claire ou acoustique parsemées au gré des intros (de nouveau sur "
Freedom", "
Angel Eyes") et des breaks, ou bien lors de passages où la guitare se fait plus électrique, lourde et tranchante, on sent indéniablement des influences. Cependant, le son se veut dans son ensemble plus agressif que celui de ses mentors, avec des riffs plus percutants et thrashys sur des tempos plus élevés, comme sur "
Storm the
Gates", "Termination", "Section 19" ou "Thrill of
Victory".
On retrouve dans la construction de la plupart des titres une alternance de passages soutenus à la guitare électrique sans répit, et de breaks et autres passages plus légers à la guitare clean ou acoustique parfois accompagnée de claviers. L'alternance se fait aussi entre les titres, on aura droit à des pièces à l'atmosphère mélancolique comme la très belle "
Freedom" et sa guitare aérienne, ou encore "
Farewell to Peace" avec ses nappes de claviers reposantes, mais aussi à des titres plus directs. Presque sans introduction tellement la guitare nous assaillit dès le lancement de la piste, "
Storm the
Gates", "Section 19" ou "Thrill of
Victory", déjà précitées comme les plus puissantes de l'album, nous envoient un son à la distorsion très lourde, heavy, entremêlé et entrecoupé de passages mélodiques plus clairs. Ce qui donne au final des titres tortueux du plus bel effet, que l'on prend plaisir à réécouter pour découvrir de nouveaux méandres à chaque fois.
A noter également, et de nouveau un parallèle avec DT, la trilogie que j'appellerai des "nightmare" : les pistes 3, 8 et 12 ("
The Nightmare Resolved", "
The Nightmare Reality", "
The Nightmare Revisited"). Le parallèle se fait sur le fait que ces trois titres reposent sur une même mélodie en trame de fond, déclinée de manières plus ou moins coléreuses et travaillées selon les cas et agrémentée de passages techniques et fluides ou répétitifs et lourds, tout comme la série des "Twelve Step Suite" que l'on retrouve au travers de la discographie de DT.
Dans l'ensemble l'album n'est pas mauvais du tout, il est même bon, mais il y a plusieurs soucis. Tout d'abord l'évidente et inévitable comparaison avec les maîtres du genre,
Dream Theater, et bien qu'ayant un son et une approche plus frappants et directs on retrouve encore trop d'éléments proches. Ensuite, et c'est là surement à cause du fait qu'on a affaire à de l'instrumental, certaines chansons ont du mal à se différencier de leurs propres voisines, pour preuve la paire "Section 19" / "Thrill of
Victory", ce mur de guitares se retrouve utilisé de la même manière et on ne se rend presque pas compte que l'on a changé de piste… Mais au-delà de ça, l'absence de chant n'est pas si gênante au final, même s'il faut vraiment apprécier ce genre de musique pour ne pas être sujet à quelque bâillements intempestifs à l'écoute de ce "Chains of
Life".
Il y a encore du chemin à faire pour se démarquer réellement du reste de la scène heavy prog' américaine, mais je doute que Greg Murani ait cet objectif. Il nous délivre ici presque une heure de prog' instrumental à l'inspiration parfois douteuse mais en contrepartie techniquement irréprochable et en se faisant plaisir, et je crois que c'est simplement cela qu'il désire, composer et jouer sa musique tout simplement, et ma foi tant que c'est aussi bien fait, je dis pourquoi pas.
12/20.
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