Liste des groupes Power Symphonique Celestial Wish Celestial Wish

Dans un registre metal à chant féminin fort convoité bien que pléthorique en formations de tous poils, les Britanniques de Celestial Wish n'ont pas tremblé pour monter au créneau, mus par un soudain élan créateur. Encore vert sur la scène metal locale mais motivé par son ambition de faire partie des valeurs montantes du genre, le combo n'a pas attendu longtemps pour nous octroyer cette démo de quatre titres égrainés sur une bande auditive de vingt minutes. Créé en 2012 à Birmingham, le collectif a sorti cette modeste auto-production quelques mois seulement suite à sa formation. On y décèle un metal symphonique puissant, aux arrangements soignés, au riffing massif, à la technicité éprouvée et calé sur une ligne vocale haut perchée, nous faisant alors penser à Within Temptation. Que nous révèle alors le message musical de cette œuvre dont Saneeta Ram est la frontwoman ?

C'est dans un metal symphonique atmosphérique qu'évolue le collectif, avec quelques moments entraînants, dans l'ombre de leur modèle identificatoire. Ainsi, de saisissantes variations d'intensité sonore octroyées par une instrumentation pléthorique accolée à des arrangements de bonne facture nous introduisent majestueusement sur « His Kingdom Come », entraînante piste metal symphonique à la mélodicité agréable, à défaut de s'avérer imparable. Les couplets comme les refrains suivent un cheminement harmonique du plus bel effet, dans la lignée d'un Within Temptation de la première heure. On évolue dans des espaces immaculés, d'où un délicat violon émerge, où les graciles volutes oratoires de la belle brillent de mille feux, sans recourir à de démonstratives envolées lyriques. Un break opportun permet au chant des sirènes de s'inscrire en creux pour une douce ronde des saveurs, avec une réverb bien distillée, avant que la vague ne nous submerge sur la reprise. Joli moment s'il en est. On regrettera cependant une qualité d'enregistrement peu probante, laissant filtrer quelques distorsions, et un sous-mixage des lignes de chant qui, à la longue peut s'avérer gênant. Dans cette lignée rythmique, des nappes synthétiques nous immergent au cœur de « Our Creation », rayonnante piste metal symphonique non sans rappeler Apparition, avec le limpide filet de voix de Saneeta en prime. Des riffs corrosifs étreignent une rythmique plombante, sur un tracé mélodique plutôt invitant, avec un joli solo de guitare en sus. Des changements de tonalité sont octroyés mais sont desservis par quelques notes saturées témoignant d'une production précipitée.

Par ailleurs, le groupe propose deux plages à la rythmique plus tempérée dans des ambiances dissociées. En mid tempo, « Puri Sermonis Amator », piste sympho à la rythmique martelante, offre une orchestration au déploiement progressif, aux fines harmoniques, s'étoffant peu à peu, jusqu'à devenir prégnante, et ce, au point d'aspirer de fait la soyeuse empreinte vocale de la déesse. Une énigmatique et envoûtante ligne mélodique nous retient un temps, mais les faibles oscillations des séries de notes autour d'une ligne médiane confèrent une impression de linéarité à l'ensemble. De plus, le manque de dissociation des couplets/refrains peut interloquer et, in fine, provoquer une désaffection. Mais, nos acolytes n'ont pas livré tous leurs charmes. En effet, « Your Song » est une ballade feutrée aux airs d'une douce sonate, délicatement mise en lumière par les subtiles inflexions de la sirène, avec de faux airs de Anneke Van Giersbergen, non sans évoquer The Gathering. Cette dernière est soutenue par de somptueux et habiles arpèges au piano accolés à une romantique et violoneuse ambiance, glissant le long d'un chemin mélodique fort engageant, bien que n'offrant que peu de variations de tonalité. Tout s'opère par touches, où les nuances atmosphériques sont de mise, pour une émouvante rencontre.

Ainsi, cette menue rondelle se laisse écouter plus qu'elle n'avive l'irrépressible envie d'y revenir tout de go. Si les harmoniques s'avèrent bien sculptées, les accords précis et l'assise vocale séduisante, on ne pourra faire l'économie d'approximations quant au rendu final, la production ayant souffert de déconcertantes notes résiduelles, de désagréables distorsions, de finitions encore taillées dans la roche. A cela s'ajoute quelques carences en matière d'originalité et une personnalité qui ne se dessine pas suffisamment pour la considérer à part entière. Ces erreurs de jeunesse devront s'estomper d'autant plus rapidement que le combo souhaite ne pas en rester là dans son projet, soucieux de s'illustrer dans cette sphère metal si concurrentielle. On pourra néanmoins jeter une oreille attentive à la galette pour une écoute ou deux, peut-être plus. Les amateurs de metal symphonique à chant féminin pourront y trouver de quoi les interpeler mais pas au point de leur faire oublier les sources d'influence du jeune combo. Bref, le potentiel est là, il n'y a plus qu'à le valoriser par une œuvre lavée de toute impureté, qui se sera laissé le temps de mûrir. On attend donc quelques efforts supplémentaires pour que le collectif nous fasse réellement vibrer.