Il est des formations dont le parcours est loin de s'apparenter à un long fleuve tranquille, dont celui de ce quartet étasunien né en 2015 à Pensacola, en Floride, sous le nom de Storm Within. Sévissant originellement dans un registre heavy progressif, le combo nord-américain fera évoluer son art, optant alors pour une perspective metal symphonique, six ans plus tard, et ce, sous l'appellation de After The Storm.
Conscient des risques courus à se lancer tête baissée dans la mêlée, le collectif n'a nullement cherché à brûler les étapes, loin s'en faut. Aussi, nous livre-t-il un modeste EP, baptisé «
Cease and Desist », en guise de message de bienvenue. En quoi les cinq pistes que compte la menue rondelle constitueraient-elles une arme défensive suffisamment efficace pour permettre à nos belligérants de se jouer de la féroce concurrence dont cet espace metal continue de faire l'objet ? Ce faisant, les 25 minutes affichées au compteur de la galette seraient-elles en mesure de placer dès lors nos acolytes parmi les sérieux espoirs du metal symphonique à chant féminin ? Un tour du propriétaire s'impose...
Avant de poursuivre, faisons connaissance avec nos hôtes. A bord de la goélette, nous accueillent : Breña
Holland, chanteuse au chatoyant grain de voix, James Hestand (
Dark Con Of Man, ex-
Wicked Waltz) et Michael Kyle aux guitares, suivis de Justin Matthews (
Dark Con Of Man) derrière les fûts. De cette étroite collaboration émane un propos metal gothico-symphonique aux relents heavy et death, dont les sources d'influence seraient à chercher du côté de
Lacuna Coil,
Evanescence,
We Are The Fallen et assimilés. Jouissant d'une production d'ensemble plutôt soignée mais nullement aseptisée, dont un enregistrement n'accusant que d'infimes sonorités résiduelles, cet introductif élan témoigne également d'arrangements de bon aloi. Mais entrons sans plus attendre dans la frêle embarcation pour une croisière que l'on espère des plus enchanteresses...
C'est sur des charbons ardents que se plaisent à nous projeter nos acolytes, avec deux belles réussites à la clé. A commencer par «
Taken by the Undercurrent », up tempo aux riffs acérés adossés à une frondeuse rythmique ; dans la mouvance de
Lacuna Coil, ce tonitruent effort n'aura de cesse de nous asséner de furieux coups de boutoir tout en sauvegardant une ligne mélodique des plus enveloppantes. Dans ce champ de turbulences, faisant écho à des growls éminemment ombrageux, les sensuelles inflexions de la sirène font mouche où qu'elles se meuvent. On pourra toutefois regretter tant la brutalité de la chute finale que la présence de ponts technicistes qui ne s'imposaient pas. Dans cette dynamique, l'engageant et enfiévré « Clairvoyance » se pare d'un refrain catchy mis en exergue par les troublantes oscillations de la frontwoman. En outre, d'insoupçonnées et opportunes montées en régime du corps instrumental ainsi qu'un fin legato à la lead guitare sont au menu des réjouissances. Une version ''radio edit'' de ce titre nous est également livrée, où seule la mise en relief de son dispositif percussif la démarquerait de l'originale.
Quand le convoi instrumental ralentit un tantinet sa cadence, le spectacle s'avère, cette fois, un tantinet moins alléchant. Ainsi, « In Limbo » se pose tel un mid/up tempo aux riffs broussailleux et dévoilant un fringant solo de guitare. Pourtant propice à un headbang bien senti, le lascif propos accuse une sente mélodique, certes, avenante mais déjà courue, tout en concédant, en prime, des enchaînements intra piste peu sécurisés. On pourra non moins esquiver « New Beginnings », ''lacunacoilesque'' mid tempo syncopé aux riffs épais, eu égard à de tenaces linéarités de son sillon mélodique. Distillant un refrain peu loquace, que les claires ondulations de la belle peineront à relever, et en dépit d'un fringant solo de guitare à mi-morceau, le terne méfait ne saurait davantage prétendre à une inconditionnelle adhésion.
On l'aura compris, les efforts consentis au regard de la production et d'une technicité instrumentale affermie ne sauraient compenser ni les irrégularités mélodiques, ni les répétitives séquences d'accords, ni la faiblesse de la charge émotionnelle générée par la rondelle. Peu diversifié sur les plans atmosphérique, rythmique et oratoire, et ne variant guère plus ses exercices de style, ce premier essai, en l'état, ne saurait permettre au collectif étasunien de venir jouer les épouvantails dans un registre metal où de jeunes loups aux dents longues n'ont de cesse d'affluer. Un sursaut s'avère donc urgent s'il caresse dès lors l'espoir d'une carrière à long terme. Bref, une proposition en dents de scie octroyée par le combo floridien...
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