Capitis Capri Sancti

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17/20
Nom du groupe Patricide (PL)
Nom de l'album Capitis Capri Sancti
Type Album
Date de parution 20 Juillet 2019
Style MusicalDeath Metal
Membres possèdant cet album2

Tracklist

1.
 Oszukany
Ecouter06:12
2.
 Triumf
 05:02
3.
 Serrizim
 05:22
4.
 Bluźnierca
 04:17
5.
 Czarny los
 04:45
6.
 Memoriae
 05:14
7.
 Królestwo Ciemności
 04:36
8.
 Pokłon
 04:49
9.
 Przymierze (Sacrillegium Cover)
 05:53

Durée totale : 46:10

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Patricide (PL)



Chronique @ Formetal

01 Juillet 2020

La Pologne est un pays dont les particularités géographique, politique et culturelle constituent un héritage complexe pouvant parfois être difficile à assumer. Ce territoire, comprimé entre les deux colosses allemand et russe, souvent convoité par l'ogre austro-hongrois, a maintes fois souffert d'invasions militaires, faisant de ce pays d'Europe de l'Est une victime idéale pour toute dictature vorace qui se respecte. Plus particulièrement, son annexion par l'Allemagne hitlérienne en septembre 1939 aura laissé des traces indélébiles au sein de la population juive polonaise, violemment touchée par les exactions nazies.
Si je me suis permis de réaliser ce petit détour historique, c'est parce qu'il peut partiellement expliquer la manière avec laquelle l'autorité politique polonaise appréhende et traite depuis plusieurs décennies sa propre scène metal. La peur d'une montée des extrémismes, comme c'est le cas par exemple chez son voisin autrichien, pouvant expliquer la méfiance de l'état polonais envers cette musique, traditionnellement accusée de véhiculer des propos satanistes et malheureusement perçue par une la frange de la société non initiée ou trop pudibonde, comme dangereuse.
Pourtant, paradoxalement, s'il est bien un pays où prolifèrent les groupes de musique brutale, c'est la Pologne. Elle y est fort bien implantée et très présente sur la scène internationale par l'intermédiaire de poids lourds comme Vader, Hate, Behemoth, Trauma, etc. Malgré cela, le traitement que lui font subir ses dirigeants politiques n'est pas toujours des plus agréables, et il n'est pas rare que des concerts aient été annulés pour motif d'incitation de la jeunesse à la débauche, de propagande prétendument nazie ou anti-religieuse (Behemoth, Kat, etc.).

Si les exemples ne manquent pas, ce n'est certainement pas le groupe dont il est question dans cette chronique qui pourra déroger à cette censure. Avec un nom pareil, Patricide, avouez qu'il leur aurait été difficile d'être plus explicite ! Sans parler du titre en latin de ce premier album, ostensiblement anticlérical « Capitis Capri Sancti » (NDRL : Tête de chèvre sacrée) et sa pochette évocatrice, particulièrement typée black, bien qu'il s'agisse de death metal ! On pourra aisément imaginer que ce combo sera rapidement mis à l'amende par les autorités de son pays. Ceci expliquant cela, ses deux pères fondateurs, Baron et Mantas, ont alors choisi de s'expatrier en Norvège, afin de pouvoir jouir d'une plus grande tranquillité artistique.
Et visiblement, à l'écoute de ce skeud, grand bien leur en a pris !

Je ne me répandrai pas avec une chronique à rallonge, j'irai droit au but : cet album fait l'effet d'une monstrueuse claque ! Pas une claquette d'enfant jouant à « Je te tiens, tu me tiens par la barbichette », mais une de celle que vous aurait administrée un énorme combattant MMA slave !
Mais, attention, mettons les choses au clair dès le départ : Patricide ne cherche en aucune manière la surenchère de vitesse, contourne le piège du mur de son indigeste et standardisé, ne succombe pas à la mode actuelle du slamming brutal death made in Indonesia. Non, Patricide ne fait pas cela. Le metal de mort pratiqué par ce duo reste d'obédience old school, évolue globalement dans un registre mid-tempo, rappelant l'armada anglaise Bolt Thrower (The 4th Crusade), voire même leur surpuissant et carré compatriote Vader, lorsque ce dernier ralentit son tempo. Et ce n'est pas non plus parce qu'ils sont polonais que leur musique sonne comme leur illustre aîné Behemoth. Non, Patricide ne fait pas cela.
Patricide a choisi de composer neuf titres dont une reprise (Sacrilegium) avec une intelligence démoniaque qui capture immédiatement l'auditeur, tout en évitant l'ennui de la répétition entre chaque titre.
Leur musique se fait d'emblée ultra puissante et le ton blasphématoire est donné. Petit à petit elle devient entraînante, inquiétante et la pression qu'elle inspire ne vous lâche plus. La prestation vocale n'y est pas pour rien dans ce ressenti. Le premier grognement aura de quoi mettre tout le monde d'accord, faisant passer un grizzly en colère pour un animal de compagnie bien gentillet : Baron au chant, bien qu'également multi instrumentiste (Elegis, Profanatism), en impose sacrément derrière un micro ! Tout au long de l'album, il délivre un growl caverneux et féroce, presque malsain, qui fait véritablement froid dans le dos, comme peu d'autres chanteurs du genre y parviennent.
La section rythmique est lourde et carrée, sachant apporter des variations dans le tempo. La basse ravira les aficionados de la quatre cordes, tant elle se montre audible et vrombissante, grâce à un mixage particulièrement réussi. Les riffs de guitare quant à eux, bien qu'assez simples dans leur majorité, font directement mouche et se montrent même carrément ensorcelants au fil des écoutes. Mon évocation du 4th Crusade de Bolt Thrower est sur ce point assez révélatrice.
Autres points remarquables, je relèverais les choeurs slaves particulièrement immersifs qui ouvrent le morceau éponyme (piste 5), ainsi que le titre 6, morceau instrumental heavy/thrash épique, puissant et de toute beauté.
Le dernier point à souligner est un élément qu'il me semble important de saluer lorsqu'il s'agit d'un effort "fait maison": la production en béton banché qui restitue à cet album une puissance phénoménale.
In fine, pour tout bon amateur de death, cet album s'avale d'un trait et, comme une bonne vodka que je ne nommerai pas, on en redemande volontiers.

Je terminerai par cette anecdote: l'an dernier, attendant patiemment mon tour dans une salle d'attente, mes yeux interloqués se posaient sur le titre d'un article de magazine spécialisé en finance. En le parcourant, j'apprenais un peu surpris qu'en 2019, la Pologne était devenue le plus gros pays acheteur de lingots d'or au monde, faisant passer ses réserves de métal jaune devant celles de la Russie et de la Chine. Vous vous demandez certainement ce que cette information vient faire sur un site où l'on cause musique ? Certes, ces considérations intéressent davantage les banques que les artistes. Mais cela m'amène une réflexion: la grandeur ou la prospérité d'un pays ne se mesure pas simplement au nombre de tonnes de métal précieux dont elle dispose. Elle se mesure aussi à sa capacité à promouvoir et défendre l'art, sous quelque forme que ce soit, aussi subversif puisse-t-il paraître aux yeux de certains censeurs. Peut-être alors les autorités, pas seulement en Pologne, mais aussi partout où l'art est muselé, devraient-elles porter un regard bienveillant sur un autre type de metal, tout aussi précieux que l'or, et dont beaucoup de pays regorgent abondamment... Patricide en est assurément une fort belle pépite.

3 Commentaires

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Op467 - 01 Juillet 2020:

Quel panégyrique ! Je vais me pencher sur ce groupe, car le death polonais avec le dernier Vader est énorme. 

Formetal - 01 Juillet 2020:

C'est globalement moins rapide et brutal que Vader. Mais l'ambiance blasphématoire dégagée est particulièrement jouissive.

 
Op467 - 02 Juillet 2020:

Effectivement sur ce point il y a du Behemoth dans les climats. 

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