Rares sont les formations dont la sacro-sainte « évolution naturelle » n’a aucune emprise et,
Bone Gnawer fait partie de celles-ci. Initié en 2009 sous la houlette de Rogga
Johansson (
Paganizer, entres autres) et
Kam Lee, plus connu pour avoir officié dans les rangs de
Massacre, Bone Gnower se pose en fervent défenseur d’un death-metal old school, respectant chacun de ses préceptes. Après un «
Feast of Flesh » plutôt réussi, la formation décide d’ouvrir à nouveau les portes de l’abattoir en cette troisième année post-apocalyptique avec sa nouvelle bavette délicieusement nommée «
Cannibal Crematorium ». A noter que Rogga
Johansson a rangé son hachoir en 2014 mais ce dernier collabore cependant sur les deux derniers morceaux de l’opus.
Bone Gnawer n’a aucunement changé son fusil d’épaule et «
Cannibal Crematorium » s’avère être dans la droite lignée de son prédécesseur. Les garçons bouchers découpent et cisèlent à gros coups de riffs puissants (« Modern Day Cannibal »,
Chainsaw Carnage », « Below A Murder Of
Carrion Crows » ou «
Carnivore Death et le morceau-titre), rehaussé d’un groove entraînant, propice au headbanging intensif, le tout enrobé d’une atmosphère glauque, morbide, sur fond de sample du film culte «
Massacre A La Tronçonneuse », on ne compte plus les cris d’horreur, de souffrance et de malades mentaux.
Même si tous les bouts de bidoche sont issus de la même tripaille, «
Chainsaw Carnage » sort du lot par sa saveur purulente toute particulière, qui synthétise le propos de la formation et peut constituer le parfait résumé du savoir-faire de Bone Gnower. A ce morceau de viandaille, nous pouvons également ajouter la perversité de « Chewed, Mauled
And Gnowed » ou de «
Cannibal Crematorium », les gros breaks de « Below A Murder Of
Carrion Crows » et les refrains du morceau titre ou de «
Carnivore Death ».
Kam Lee vocifère à s’en arracher les tripes et prouve que le temps n’altère en rien son organe vocal. Son growl est à la fois caverneux, gras et glaireux, et ajoute à la putridité ambiante.
Mais force est de constater que
Bone Gnawer n’a pas inventé le fil à couper le beurre. L’ensemble de «
Cannibal Crematorium » repose sur une base très vieille école qui trouvera certainement écho chez les vieux deathters dont je fais partie, mais un fort sentiment de « déjà entendu » émane de cet opus, annihilant toute once d’originalité. De plus, certains morceaux semblent moins inspirés que les autres comme « Horrors In The House Of
Human Remains » qui ne décolle pas ou «
Chrome Skull », assez générique et quelconque. Votre serviteur émettra également un doute sur l’utilité de l’interlude « Il Sesso Bizarro Di Cannibali » qui casse plus le rythme qu’autre chose. Pour finir, la pléiade d’invités qui viennent pousser la chansonnette avec
Kam Lee est, là encore, bien inutile, car le bougre fait le boulot avec brio, le but étant sûrement de se faire plaisir, entouré de quelques amis.
A l’instar du dernier Grave,
Bone Gnawer fait partie de ces formations qui font passer un bon moment à l’auditeur sur une courte durée, mais au final, on n’en retient pas grand-chose. Ni bon, ni mauvais, cet album finira assez vite aux oubliettes, englouti dans les méandres du temps, malheureusement.
Merci pour l'agréable chro poto!
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