Ayant déjà à leur actif un EP et un album depuis leurs débuts en 2007, les alsaciens de
Me As The Devil reviennent proposer cette année un nouvel EP, trois ans après leur premier full-length. Celui-ci est toujours auto-produit (confié cette fois à David Husser) et présente l'originalité d'être sorti sous la forme d'un vinyle 33 tours, avec deux titres sur la face A et deux autres sur la face B. A l'image du premier album, cet EP de 21 minutes se voit pourvu d'un artwork mystérieux, nébuleux même, entre ces tâches noires et ce cercle représentant les phases de la Lune. Ajoutez à cela l'intitulé "Cannibal" et vous serez d'emblée intrigués. Que nous réservent donc les strasbourgeois ?
A vrai dire l'intro du morceau-titre "Cannibal" est assez déroutante. Entre ces riffs ultra-massifs et ce tempo d'une lourdeur absolue, on croirait presque avoir à faire à un groupe de doom. Que nenni cependant, puisque c'est bien dans l'indus que la formation évolue, un indus original et intégrant des influences pour le moins diverses. Si le socle industriel est en effet là, avec ses riffs en béton et son assise rythmique solide (le break énorme de "Holy
Sentence"),
Me As The Devil intègre de nombreux éléments originaux.
Parmi ces apports, on notera un penchant vers le gothique, notamment dans le chant, qu'il s'agisse de "Cannibal" ou des couplets de "Holy
Sentence" dans un esprit presque
Cold Wave. Parlons également de cette dimension atmosphérique que l'on retrouve d'une part dans la sonorité des leads de guitare, particulièrement cristallins et qui offrent un contraste plaisant avec la lourdeur de certains riffs, mais aussi dans l'utilisation judicieuse des claviers. En des touches toujours discrètes, ils apportent une légèreté bienvenue. Enfin cet EP affiche un groove certain, plus clairement exprimé sur l'imparable "She's Coming Back For Me", dont l'efficacité mettra vos cervicales à rude épreuve.
L'ensemble est par ailleurs extrêmement bien en place, ce qui peut paraître surprenant pour un groupe n'ayant qu'un seul full-length à son actif. Les quatre morceaux sont tous très soignés et s'enchaînent avec une fluidité remarquable, magnifiés par une production parfaitement adéquate. L'instrumental "
Anger" conclut d'ailleurs le tableau de la meilleure des manières, avec son crescendo final dantesque où ce clavier obsédant donne une dimension quasi-religieuse aux paroles murmurées par le chanteur.
S'il convient cependant de ne pas s'emballer, l'exercice consistant à briller sur un EP de courte durée restant toujours plus simple que de confirmer sur un album entier, on ne peut que souligner la performance des alsaciens. Ces quatre titres de très bonne facture confirment leur talent et constitueront, espérons-le, une porte d'entrée vers la reconnaissance et le succès.
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