Vous avez surement remarqué dans mes autres chroniques l'intérêt que je porte aux artworks (et par extension aux artistes) car ils représentent souvent pour moi le premier contact sensoriel avec un album. C'est ainsi que j'ai remarqué en furetant ça et là sur le web le splendide travail réalisé par Allyson Medeiros, peintre-illustrateur-tatoueur d'origine brésilienne installé aux États-Unis, collaborateur de Rezn depuis leur premier album, "
Let It Burn" (2017).
Battant le fer tant qu'il est chaud, cette formation chicagoane, formée en 2016, investit le Jamdek studio pour l'enregistrement de "
Calm Black Water", 2ème opus qui parait sur le label
Off The Records fin 2018. Passant du feu à l'eau, Medeiros conceptualise une créature lovecraftienne dont la moitié émergée est un iceberg.
Cet "Iceberg", l'auditeur fait sa connaissance au détour du premier titre qui, après un début sur de calmes eaux, perce la surface avec l'aide d'un riff monolithique et destructeur. Un début doomesque où surplombe la voix hantée de Rob McWilliams, qui narre son histoire terrifiante tel John Houseman sur les falaises surplombant Antonio Bay. Alternant calme méditatif et furie lourde, ce premier titre met de suite en expectative.
C'est alors que s'enchaînent "Mirrored
Image" et "Quantum Being", diptyque totalement envoûtant. Envoûtant de par son utilisation le saxophone lugubre de Spencer Houellette qui réveille les monstres tapis dans les profondeurs. Enivrant par le duo basse-batterie qui vous caresse avant de vous submerger. Euphorisant comme la voix toujours hantée et cette guitare qui égrène de petites notes et de gros riffs impétueux. Une musique telle une invitation à la contemplation, où les paroles suggèrent plus qu'elles ne racontent.
La guitare se fait encore plus lourde sur "
High Tide", parcourue d'u bout à l'autre par un riff utra-massif. Proposant à l'auditeur de fusionner avec les vagues, Rob McWilliams atteint ici la crête grâce à une belle ligne de chant lancinante.
Un appel des profondeurs auquel on ne peut résister à l'aune des deux titres finaux. "
Bottom Feeder" et sa basse chaloupée apporte une dimension légèrement plus guillerette mais attention, les guitares vous replongent illico la tête sous l'eau. Résonnent alors quelques percussions qui évoquent un rite final prompt à réveiller quelque monstrueuse déité plongée dans un sommeil profond.
Hélas trop tardivement pour votre raison, "Sunken" vous dépose finalement aux portes de cette cité engloutie d'où ont émané ces sensations qui vous ont peu à peu enveloppé. Le riffing doom reprend ici la barre pour mieux vous transformer en une créature innommable et serviable.
Thématiquement, Rezn a réussi totalement son pari musical et littéraire. S'inspirant de Lovecraft, le groupe évite le bestiaire trop souvent cité pour s'intéresser à la dimension onirique très présente chez l'auteur de providence. L'album s'écoute d'un traite, les titres s'imbriquant telle une seule pièce musicale où aucune lassitude ne pointe. Aucun riff ou idée n'est étirée inutilement.
La production de Dylan Piskula et le mastering signé par le groupe lui-même sont de très bonne facture.
Pour conclure, voici un album vraiment surprenant. Travail d'orfèvre où les subtilités se dévoilent lors des écoutes successives, "
Calm Black Water" se révèle varié et captivant tout le long du voyage qu'il propose. Ne me reste alors qu'à découvrir leur premier et aussi attendre leur nouvel opus prévu fin 2020.
Inconnu au bataillon, mais ta chro éveille fortement ma curiosité. Et comment résister à cette petite référence discrète au Fog de Carpenter, hé hé. Sans compter le fan de HPL que je suis. Merci pour le papier Armel. Je vais tenter le voyage ces jours-ci.
Et moi de même ! Merci pour le papier
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