Amis de l’underground ; des fanzines en noir et blanc, splits 7’’ EP limités à
666 exemplaires, trade listes et autres billets envoyés à l’autre bout de l’Europe entre deux feuilles de papier d’aluminium, bonsoir ! Même si la qualité n’est pas toujours au rendez vous dans les sphères obscures du metal souterrain, les démarches sincères et désintéressées tendent à dégager en général une aura que peuvent envier les groupes posant pour les couvertures des magazines grand public et faisant l’objet de têtes de gondole dans les supermarchés de l’inculture…
Martial Barrage, groupe de death metal canadien formé en 2003 et originaire de la province glacée du Manitoba confirme la règle à la sortie de son premier album «
Call of the Serapeum » paru en 2005 sur le label canadien
Sinister Sounds.
Le trio de Brandon pratique un death metal sans concession d’obédience plutôt technique et aux structures relativement complexes, et traite essentiellement au sein de ses exactions sonores du Monde Antique et de l’impérialisme des grandes civilisations de l’Histoire d’un point de vue assez controversé ce qui tend notamment à le rapprocher dans l’esprit des initiés à des groupes comme Spear of Longinus ou encore
Arghoslent avec lequel il a justement partagé un split intitulé «
Send Forth the Best Ye Breed » édité en 2009 sur le label français
Drakkar Productions.
Les hostilités de cet appel du Serapeum commencent avec un « Skirting Byzantium » on ne peut plus représentatif du style cher à
Martial Barrage : un death technique aux structures relativement complexes qui pourrait rappeler un groupe comme
Suffocation, animé entre autres par deux identités vocales bien distinctes. En effet, alors que les riffs sont précis, incisifs et que la rythmique s’avère être marquée d’une rigueur quasi métronomique malgré quelques pertinents changements de rythme et accélérations ci et là ; les vocaux caverneux et un ton plus aigus du duo Vitruvius/Varanger se complètent à merveille et contribuent très efficacement à dynamiser la musique de ce premier album du combo canadien. Le son s’avère être d’obédience old school, minimalisme et identité underground obligent, mais il n’affecte en rien la qualité des compositions de ce « Call of Serapeum », bien au contraire. En effet, ce son perfectible donne encore plus de charme et de cachet au death metal du barrage martial que s’il avait été produit avec les moyens substantiels que l’on connait aujourd’hui au sein des plus gros labels du genre.
Si le tempo s’avère être assez relevé sur l’ensemble de la galette, illustrant sans difficulté le talent des musiciens et le charisme que dégage leur death metal pamphlétique ; certains morceaux sont néanmoins un peu plus lents et semblent ainsi privilégier la réflexion à l’expression d’une haine brutale et immodérée. Notons ainsi un contraste intéressant entre des titres rapides tels que les excellents «
Call of the Serapeum », « Talvisota » ou encore « Below Yet So Above » et un titre plus lent comme le majestueux « Imperative Processionnal ». Le concept thématique de l’album et plus largement de
Martial Barrage est pertinemment appuyé sur ce premier album par des gimmicks sonores tels des extraits de films héroïques à la Braveheart ou
Gladiator, ou encore des extraits de discours manipulatoires de différents tyrans et dictateurs que l’humanité a connu et mérité dans l’esprit irrévérencieux et vindicatif de Vitruvius, Varanger et d’Utu.
Véritable pamphlet contre un monde moderne privilégiant pathétiquement l’appétit des biens matériels et la faiblesse de l’esprit face à certaines valeurs aujourd’hui perdues qui ont pourtant fait la grandeur de civilisations passées, «
Call of the Serapeum » constitue dans son ensemble un très bon disque de death metal qui puise son originalité dans une technicité infaillible et des structures complexes mêlées très efficacement à un son et à une attitude old school indubitables.
Martial Barrage prouve avec ce premier opus réussi qu’il est possible d’allier technique et complexité structurelle avec feelings et crédibilité souterraine. Ce disque peut définitivement mettre d’accord les amateurs de death old school privilégiant l’attitude et ceux de death technique préférant la recherche et l’élaboration musicale. Ainsi, digne d’intérêt pour tous les fans de death metal en général.
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