Cinq ans séparent ce nouvel album du précédent, "
Kiss", sorti en 2007. Pendant ces cinq années le groupe est entré en pause (pour la troisième fois en quinze ans), et le chanteur,
Hyde, a créé un nouveau groupe,
Vamps, qui fait assez parler de lui ces derniers temps, ayant même tourné avec
Apocalyptica. Mais revenons à L'
Arc-en-Ciel. Le groupe a fêté ses vingt ans en 2011, avec pour l'occasion un grand concert événement de deux jours devant 100 000 spectateurs au Japon, leur pays natal. Quelques mois après est annoncé un nouvel album, accompagné d'une grande tournée mondiale passant entre autres par
Paris (pour la deuxième fois) et par le
Madison Square
Garden de
New York (faisant de L'
Arc le premier groupe japonais ayant joué dans cette salle mythique, si on exclue
Dir En Grey, qui n'était pas en tête d'affiche à leur époque).
Alors, qu'est-ce qu'il vaut, ce "
Butterfly" ? Tout d'abord, à l'ouverture de l'objet on remarque que le packaging est toujours très soigné. Les photos du groupe sont somptueuses et le livret avec des ailes de papillon en surimpression à l'intérieur est vraiment classe.
Concernant la musique, il est assez ardu de résumer ce qu'est le son L'
Arc-En-Ciel ; c'est une sorte de mélange aux frontières du metal, du rock et de la pop, avec toujours des influences très diverses et quelques expérimentations. Et ce nouvel album ne déroge pas à la règle, car le groupe explore de nouvelles sonorités électroniques, disséminées avec goût dans leurs morceaux. On peut le remarquer dans les titres qui ouvrent l'album, "Chase" et "
XXX", deux tubes en puissance. Le premier est un morceau de rock endiablé baignant dans une atmosphère presque industrielle ; le second est une bizarrerie aux paroles sexuelles, qui se compose d'un seul long couplet et d'un refrain revenant comme une litanie. Rien qu'avec ces deux pièces, l'
Arc explore de toutes nouvelles sonorités très modernes qui lui vont plutôt bien. "
Butterfly" recèle d'autres bombes comme "Good Luck My Way", morceau très entraînant, et le fabuleux "
Drink it Down", pièce metal imparable avec une atmosphère de film d'horreur.
Outre tous ces tubes, deux morceaux plus complexes à appréhender tirent leur épingle du jeu : "
Shade of season", assez sombre et utilisant à merveille les samples électroniques au service de l'ambiance, et "
Wild Flower", morceau émouvant évoquant la détresse ayant suivi le tremblement de terre et la catastrophe de Fukushima. Le titre commence de manière assez calme pour ensuite monter en puissance vers sa moitié. Les paroles sont excellentes et le solo de Ken, le guitariste, y est vraiment réussi. Cette chanson bien ficelée s'impose déjà comme l'une des meilleures de la discographie du groupe.
La véritable star de l'album reste
Hyde, le chanteur, qui a sûrement dû changer de professeur de chant depuis la sortie du dernier album ! Finie la voix grave un peu forcée. Désormais,
Hyde retrouve son registre aigu qui avait fait des merveilles dans les années 90, mais cette fois-ci, il le maîtrise à la perfection. Écouter sa voix sur les ballades de l'album est un vrai plaisir, notamment sur "
Bless", une véritable performance vocale, et "Mirai Sekai", très jolie pièce progressive aux airs de berceuse qui referme l'album. À cette voix aiguë et androgyne imparable se mêle également la voix rocailleuse que
Hyde a acquise avec son expérience dans le groupe
Vamps ; et ce mélange de force et de douceur, mêlé à la puissance, font que le chanteur n'a jamais eu une si belle voix qu'en ce moment. Les prestations live du World Tour
2012 sont d'ailleurs là pour en témoigner !
Pour en revenir aux autres titres de l'album, même les morceaux plus « classiques » de L'
Arc, dans un registre pop, qui pourraient être le point faible de "
Butterfly", s'en sortent avec les honneurs. "Shine" est un morceau très lumineux et entraînant ; quant à "Bye Bye", c'est un morceau qui joue sur la corde sensible des auditeurs sans tomber dans le cliché (le titre a d'ailleurs été remarqué par le public lorsqu'il a été joué en concert à Hawaï, en hommage à un membre du staff décédé du groupe, le chanteur ayant même du mal à chanter sous le coup de l'émotion).
Seul "
Nexus 4", morceau paresseux qui semble calqué sur des chansons déjà entendues sur "
Awake" (2005) ou "
Kiss" (2007) ne semble pas avoir de réel intérêt. Comme chaque titre de L'
Arc, il atteint une nouvelle dimension en live, mais dans cet album il est un peu mou.
Au final, ce douzième album est celui de la résurrection d'un groupe qui, même s'il n'est pas très célèbre dans nos contrées, n'a plus rien à prouver au Japon, où L'
Arc-en-Ciel sont de véritables stars.
Plus aventureux que "
Kiss", ce "
Butterfly" démontre que L'
Arc se porte toujours très bien : la tournée mondiale a dû rebooster le quatuor, qui livre des morceaux très soignés, bien pensés, qui tapent toujours juste.
Le groupe a acquis un véritable savoir-faire en vingt années de carrière, proposant ici la quintessence de son style inimitable. Dans une interview datant de
2012,
Hyde confiait que le fait de faire des pauses régulièrement permettait au groupe de se poser, de prendre son temps pour revenir en force. À la vue de cet album réussi de bout en bout, et de la tournée triomphale ayant suivi, on ne peut que lui donner raison. J'ai désormais hâte de voir dans quels horizons nous mènera l'
Arc-en-Ciel dans le futur.
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