Nous tenons tous plus ou moins souvent un chariot entre nos mains. Tout dépend en fait de la fréquence à laquelle votre tendre moitié vous demande de sa douce voix: « tu vas te bouger le c-l maintenant et aller me faire les courses!!! ».
Ce chariot là n’a aucune valeur, quand bien même il peut parfois nous coûter un bras.
En revanche, si vous tenez entre vos grosses paluches velues de métalleux un cd ou mieux encore un vinyle du – désormais sous respiration artificielle - groupe
Chariot, alors vous possédez un petit trésor de guerre.
Comme tant d’autres combos issus de la deuxième vague de la NWOBHM, je mets dans cette liste les
Blitzkrieg,
Satan et consorts,
Chariot a pris la marée en pleine tronche peu après le milieu des 80’s et n’a jamais atteint davantage qu’un gros succès d’estime.
Mais ne sommes nous pas là pour rétablir la justice et remettre la cathédrale au milieu du village? Yes we can.
Oyez, oyez, laissez moi vous compter l’histoire de ce groupe britannique qui avec un peu de réussite aurait pu passer le restant de sa vie à remplir son chariot de caviar plutôt que d’œufs de lompe.
Formé en 1983 à Londres,
Chariot paraphe un contrat moins d’un an plus tard avec Shades Records, un label monté par le magasin de disques du même nom, situé lui aussi à Londres, et dont le groupe est la première signature.
Après avoir sorti cette même année 1984 un premier album archi prometteur ayant pour titre «
The Warrior », et qui renferme à mon sens une des meilleures chansons du heavy anglais, la fantastique "When the moon shines", le combo poursuit sur sa lancée deux ans plus tard avec «
Burning Ambition » (1986). Entre-temps,
Chariot s’est fait la couenne à force de tournées répétées et de nombreux gigs dans les pubs enfumés de Londres, à une époque où l’on ne distinguait même plus les zicos sur scène, même du premier rang, tellement ça clopait de partout – je vous ai déjà dit que j’étais marseillais ?-.
Enregistré paraît-il en seulement une semaine, ce qui donne une idée de la fraicheur que dégage les titres, le groupe délivre ici un skeud honnête, sans artifice. Par dessus tout, ça transpire la passion. Celle de gamins désireux d’en découdre et bien décidés à l’époque à vouer leur vie au métal. N’est pas Adrien qui veut. En un mot, un disque authentique –
Bonafide en anglais -.
La combinaison entre les riffs et les vocaux de Franklin (leader et guitariste/chanteur) prêtent à la comparaison avec une autre légende de la NWOBHM,
Tank, en plus light néanmoins (« Screams the night », excellente entrée en matière qui nous offre notamment le meilleur solo de l’album, un niveau, qu’hélas, on ne retrouvera pas par la suite). Puissant mais toujours mélodique. L’influence du early
Saxon se fait également entendre, notamment dans le riffing ("Play to win", "Strangers").
Dans son ensemble, à mon goût, cet album, c’est un peu du 50-50. Vous pouvez donc toujours téléphoner à un ami ou demander l’avis du public pour vous décider et énoncer votre dernier mot.
Du côté des réussites, outre "
Scream the night", déjà évoqué, la power ballade "So blind" atteint sa cible, avec un bon solo dans l’esprit de
Gary Moore, une grosse poignée de feeling en moins. Le chant me fait d’ailleurs aussi penser parfois au regretté irlandais. "Wasted years" offrira à certains l’occasion de se rémémorer les beaux jours de Maiden, et pas seulement pour son titre. Perso je pense davantage à
Trust mais je ne suis pas bien certain de savoir pourquoi. "
Burning" passe tout seul. Enfin, "
Heartless" propose un feeling sudiste bienvenu, soutenu par un excellent groove. Un bon morceau qui méritait une toute autre fin que ce foutu fade out.
En suce, oups sus – pardon mesdames pour la grivoiserie -, de la qualité des compos suce, oups sus, citées, Pete Franklin, s’il n’a pas une voix au dessus de la mêlée, a néanmoins tout ce qu’il faut ou il faut pour faire vivre des titres qu’il a composés. Est-on jamais mieux servi que par soi même ? Dans les années 90, Franklin montera ensuite
Dirty Deeds, qui deviendra tout simplement
Deeds.
Dirty Deeds fût d’ailleurs le premier groupe signé par
Steve Harris sur son label
Beast Records. Trois albums virent le jour, du piètre « Real World » (1999) à l’excellent « Blown » (2002).
Côté t’as-pioché-une-boule-noire – mo mo motus -, "Play to win" manque d’un refrain un peu plus catchy pour emporter le tout. Ses paroles me semblent être l’objet d’un clin d’œil à Motörhead. "Cradle to the grave" délivre un refrain trop répétitif et un solo moyen, deux reproches que l’on peut faire à pas mal de titres ("Strangers", "Meet my match", qui présente la facette la plus mélodique du groupe).
Plus original mais pas suffisamment marquant, "This time you lose" nous offre un rock n roll au feeling seventies.
Enfin, il y a un hic. C’est même davantage un bon gros hoquet qu’un simple hic. La production de ce skeud est tout bonnement dégueulasse, à la limite de gâcher notre plaisir, balançant une sale reverb’ sur les guitares tout au long de l’album et annihilant ainsi une grande part de l’impact percussif des dites guitares (waow trop belle cette phrase). Le producteur a dû trop tremper son fucking porridge dans une cup of tea! Monsieur Steve James, vous êtes le maillon faible, au revoir – je me demande si je regarde pas un peu trop la télévision moi? -. Un Steve James qui avait déjà doté
Rogue Male d’un son étonnant - mais approprié - sur son premier album « First Visit » l’année précédente.
Live, l’assaut était frontal, style take no prisoners. Je me souviens d’une tournée avec
Vulcain absolument terrible. En France,
Vulcain jouait en second et inversement en Angleterre mais le groupe de première partie avait plus d’une heure pour fracasser les têtes. Sur vinyle (ou cd), ça obuse toujours mais ça perd un peu de son charme. La faute à cette production complètement foirée ? Ou bien est-ce tout simplement parce que ce genre de groupe est fait pour la scène et rien d’autre. Permettez moi de pencher (sans avoir picolé) plutôt pour la première option.
Avis donc principalement aux amateurs du heavy anglais des 80’s, cet album ne vous décevra pas. Je recommanderai néanmoins plutôt d’investir d’abord dans leur premier skeud. Ce qui, en réfléchissant, est un conseil stupide puisque je chronique ici même le suivant. Le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est con, on est con.
Groupe que je connais sans jamais avoir eu l'opportunité d'investir dedans par le passé. A ajouter dans ma liste parmi d'autres dossiers en attente.
Merci amigo.
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