Godammn Bitchfucking Rock N’ Roll!!! Vous pardonnerez la vulgarité éhontée de cette expression, mais il s’agit du seul et unique réflexe verbal venant aux lèvres de votre chroniqueur après chaque écoute de ce disque sacré s’avérant être le premier album éponyme du groupe de hair metal américain
Britny Fox. Il y a en effet certains albums qui inexplicablement, font mouche dès la première écoute dans les tympans déjà bien abimés de l’auditeur, passant dès lors quasiment plus de temps dans la chaîne hi-fi de salon que dans leur vulgaire boîtier plastique.
Formé en 1985 à Philadelphie par le vocaliste « Dizzy » Dean Davidson et par le guitariste Michael Kelly Smith alors fraichement évincé d’un certain
Cinderella par la maison de disque de ce dernier pour cause de personnalité capillaire trop semblable à celle du bassiste Eric Brittingham,
Britny Fox prend activement part à la vie de sa scène locale avant de signer trois ans plus tard un premier contrat discographique avec le label Columbia Records. De cette union nuptiale nait en juin 1988 un premier album éponyme baptisé bien évidemment «
Britny Fox » et se voulant être un concurrent direct des « Open Up and Say… Ahh ! » de
Poison et autres « Long
Cold Winter » du voisin
Cinderella parus le mois précédent. Représenté par une pochette peu originale avouons le, mettant en scène les quatre mousquetaires du glam metal pennsylvanien dans leur plus beaux costumes et leur plus belles perruques, ce premier effort pourrait être considéré au premier coup d’œil tel une énième version sonore edulcorée du lifestyle « sex, drugs & rock n’ roll » d’un boys band maquillé parmi tant d’autres à une époque où le Président Reagan a certainement eu de sérieux doutes quant à l’avenir démographique de son pays lorsqu’il regardait les video clips de MTV entre deux coups de fil à Gorbatchev.
L’album débute avec le tube «
Girlschool » qui nous redonnerait presque envie de retourner sur les bancs de l’école élémentaire, non pas pour réapprendre les tables de multiplication oubliées d’ailleurs depuis belle lurette, mais pour revivre le charme de ces premières expériences liées notamment à la découverte du sexe opposée et aux premières cuites à la Tourtel. Energique, inspiré et très rock n’ roll, ce titre pose les bases de l’identité musicale de
Britny Fox sur ce premier effort : un hard rock tonique et efficace marqué par une relative rigueur technique que n’aurait pas renié certains combos heavy metal à tendance NWOBHM de l’époque. A mi chemin entre un
Tom Keifer version j’ai la banane entre deux crises de déprime et le Brian Johnson des débuts, les vocaux relativement brut de décoffrage de « Dizzy » Dean Davidson apportent une agressivité sans pareil à la musique du combo de Philadelphie lui permettant indéniablement de se démarquer de certains de ses pairs trop lisses et quelques fois sans âme à l’instar de
Trixter ou des frères
Nelson notamment. Symbole de l’ambivalence et de la richesse vocale de Davidson ; ses prestations en chant clair très
Paul Stanley dans le rendu sur certains titres tels le second tube de l’album « Long Way To Love », la jolie ballade «
Save the Weak » ou encore le bon et puissant « Fun in
Texas ».
A n’en point douter, l’aspect vocal tantôt strident tantôt clair si particulier et original de «
Britny Fox » s’avère être l’une des caractéristiques majeures ayant fortement contribué à forger la personnalité de ce quartette dissident de
Cinderella injustement mis au placard aujourd’hui et cantonné aux scènes des clubs miteux de banlieue devant des publics certes restreints mais on ne peut plus passionnés. Parce que de bons musiciens font rarement de la mauvaise musique, Michael Kelly Smith (guitare), Billy Childs (basse) et Johnny Dee (drums, futur
Doro) gratifient chacun l’auditeur d’une indéniable leçon de classe et de feeling rock n’ roll un instrument de musique à la main.
Exit les virtuoses mécaniques dénués d’émotions, les trois bonhommes font dans le rock n’ roll sale et décadent et possèdent la précieuse recette qui inexplicablement nous fait taper du pied par terre et pratiquer inconsciemment le air guitar. Illustrant le background du combo, l’excellente version de « Gudbuy T’
Jane » originellement interprété par le mythique
Slade : définitivement, « Dizzy » Dean Davidson et ses potes savaient ce qu’était le rock n’ roll glamour, non pas le synthétique glam metal américain objet de notre culte mystique mais l’originel et sacro-saint glam rock des 70’s chers aux légendaires et immuables Ziggy Stardust, T. Rex et autres
Mott the Hoople.
Une petite bombe relativement sous estimée donc que ce très efficace «
Britny Fox » qui parvient ventes exceptées à rivaliser sans peine avec ses concurrents, prouvant qu’on sait aussi faire en 1988 du bon rock n’ roll efficace et inspiré dans d’autres villes que
Los Angeles ou
New York. On ne peut plus en phase avec son temps, «
Britny Fox » parvient néanmoins à rompre les patterns de son époque en proposant un hard rock plein de feelings mais empreint d’une certaine rigueur dans l’exécution propre aux ténors du heavy metal de l’époque que sont entre autres les inénarrables Iron Maiden et
Judas Priest. Si vous avez toujours rêvé de voir
Angus Young remplacer Dave Murray dans la Vierge de Fer le temps d’une galette, ce disque est fait pour vous et vos voisins.
Je l'apprécie beaucoup.
Zaz : tu dois le savoir mais au cas où "Goodbye T jane" est une cover de Slade.
Par contre, je relisais la discussion du dessus, le second BF est bien moins bon que le premier, trop linéaire et trop "clean" je trouve.
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