RavenEye est un trio Britannique formé à Milton Keynes en 2014. On y trouve Kev Hickman à la batterie, Aaron Spiers à la basse et Oli Brown à la guitare et au chant. Tous trois ont un passé plutôt Blues. Oli Brown, à peine âgé de 25 ans, est déjà titulaire de quatre albums solo. D'ailleurs, si parmi les lecteurs de ces quelques lignes, il y a des fans de Steve Ray Vaughan, n'hésitez pas à jeter une oreille à Songs From The
Road... Mais là, je m'égare, ou peut-être pas tant que ça. Car, ne l'oublions pas, le
Hard Rock prend sa source dans le rock, qui a construit ses fondements avec de grands Bluesmen. Et soyez en certain, avec
RavenEye, cette ligne n'a pas fini de prendre des tournures modernes et originales.
Maintenant que les présentations sont faites, passons à la pochette du disque. Un jeune oiseau qui brise sa coquille. A priori, on pourrait dire que ce dessin est assez simpliste. Mais ne vous fiez pas aux apparences, sous ses petits airs, le volatile noir cache un énorme symbole. Laissez moi vous décrire l'éclosion d'un artiste et d'un groupe, qui, après être passé par la croisée des chemins, empruntera la route du diable pour une envie de monter les marches vers le paradis des plus grands musiciens.
Commençons par la section rythmique. La batterie est juste là où on l'attend. Les accents sont précis, les breaks pointus et les rythmes d'une diversité appréciable. Sur le pont central de « Get It Started » par exemple, la caisse claire claque et appelle la basse d'une manière aussi simple que remarquable. Une basse qui roule tout au long des cinq titres comme sur les couplets du titre éponyme. Kev et Aaron jouent leur rôle dans un trio où il n'y a pas de place pour les fioritures. Ils vont à l'essentiel pour produire un
Hard Rock pur.
Mais attention ! N'oubliez pas qu'Oli Brown est sans aucun doute de ceux qui arrivent à enfermer le blues dans leurs guitares et en ressortir un rock intensif.
Par contre, détrompez-vous, si vous attendez des solos de plusieurs minutes. Vous pourrez apprécier sa technique aussi pointue que brève sur trois des cinq titres. Sa pédale MXR
Slash Fuzz sera du plus bel effet sur « Hey Hey Yeah ». Mais l'intention de déployer un arsenal de notes n'est pas la priorité sur cette renaissance.
La variété des titres et les variations de guitare simplement incroyables sont une évidence dès la première écoute. Les arrangements donnent à chaque titre un son différent du précédent. Je citerai sans hésitation « Get It Started » pour sa partie centrale qui est en mon sens un hommage vibrant à Led Zepplin. Alors que « Hey Hey Yeah » flirt avec le Southern, « You Got It » nous offre une guitare au son lourd et prenant touchant du doigt le Stoner Rock. Sur chacun des morceaux l'équilibre entre chant et guitare rythmique est du pur plaisir. Les jeux de voix sont incroyablement maturent et avancent sans complexe des refrains ultra efficaces. «
Breaking Out » assume pleinement son
Hard Rock, alors que « Run Away » est beaucoup plus Groovy et passera sans problème sur les radios.
Les textes de cet EP sont également un aboutissement et la raison d'être de
RavenEye. «
Breaking Out » expose la sortie des conformités personnelles. L'idée que vous pouvez être votre propre ennemi et la volonté de se déplacer vers ce que vous croyez. Une thérapie personnelle qui devient la locomotive d'un projet. « Run Away » va un peu dans le même sens. Lutter longuement en se demandant qui l'on veut être. Douter de son entourage et finir par sauter sur une opportunité pour fuir au loin et s'épanouir pleinement.
Une tranche de vie, pour un groupe où les rencontres se font souvent à grand coup de ressemblances. Force est de constater que dans la musique il est également heureux de voir ce phénomène se reproduire à l'identique. En effet, et pour des raisons logiques, les groupes qui passent en première partie ont quelque chose de commun avec la tête d'affiche. Ils partagent les mêmes origines, traversent les même courants, et jouent une musique que vos oreilles de fan apprécieront quoi qu'il arrive. Là encore, avec
RavenEye, on ne peut pas se tromper. Ils ont fait la première partie de Blues Pills pour un goût commun des sons à la fois blues et puisant dans un pur rock des années 70. Ils ont également affirmé leur jeu de scène avant les prestations de
Slash and The Conspirators. En novembre, ils ouvriront le feu avant
Deep Purple pour deux dates en France.
Pour finir, et bien appuyer les similitudes musicales qu'il peut y avoir entre
RavenEye dans son ensemble, et Oli Brown en particulier, je mettrais en avant deux choses qui peuvent se résumer en un prénom : Jimmy. Hendrix tout d'abord, pour son adoration et sa volonté non dissimulé d'avoir un groove aussi naturel que celui du maître à la guitare. Page ensuite, pour une ressemblance toute relative avec lui dans sa jeunesse, son pays d'origine et surtout sa maîtrise fougueuse et passionnée de la six cordes. Sans parler de l'esprit qui se dégage de la musique que nous produit le groupe sur cet EP. Enfin, je ne saurais oublier l'amour de ce jeune guitariste-chanteur pour
Soundgarden et Chris Cornell, et ne pas manquer de citer cette influence qui permet à
RavenEye de sortir une musique à la fois chaude et énergique.
Oli Brown a brisé la coquille blues dans laquelle il était pour ouvrir ses ailes noires et, avec un
Hard Rock éclairé, nous proposer un EP bien inspiré. Avec
RavenEye, groupe dont l'identité commence à se dessiner, il vient donc d'éclore d'un
Breaking Out explosif. Juste dommage qu'il soit si cours. Mais pour notre plus grand plaisir, ils pourraient bien revenir avec un autre petit format assez rapidement. On espère que des choses fascinantes sortiront de l'esprit de cet oiseau de mauvaise augure comme tant d'histoires ont pu jaillir de celui d'
Edgar Allan Poe.
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