Une nouvelle onde vibratoire metal symphonique gothique vient tenter de nous étreindre, ce jeune entrant originaire de
Moran entendant essaimer ses gammes au moment où les places n'ont de cesse de se faire de plus en plus chères dans cette asphyxiante enceinte. On comprend qu'il devient illusoire de s'illustrer sur cette scène metal sans ce petit coup de génie qu'il faut pour assurer ses arrières, oeuvrer sur le long terme et surtout ne pas tomber dans les travers d'une pâle caricature, souvent fatale pour une nuée d'homologues générationnels. Nos valeureux ritals l'ont bien intégré et se sont laissés le temps de nous le prouver.
Onyria, quartet italien co-fondé en
2012 par Helena, chatoyante chanteuse rock, et Simon J,
Gillman, émérite guitariste et vocaliste, se présente comme une valeur alternative d'un metal symphonique classique, intégrant dans son set stylistique une efficiente assise atmosphérique gothique, une empreinte rock mélodique, le tout assorti d'une touche power et d'un zeste de romance lui conférant son substrat et toute son originalité. Avec le concours du fin bassiste Benjamin Kiem et du batteur Alessandro Magnani, ainsi qu' Alisandru "Quilo" Sanna (MalosCantores), vocalement sollicité sur « Lagrimas del Cinixiu » (seul titre interprété en italien), le combo transalpin a parfaitement équilibré son offre sur le plan rythmique, maîtrisé l'écriture de ses lignes mélodiques au point de les rendre quasi hypnotiques.
Un zeste de maturité que lui ont autorisé les trois ans d'un travail acharné en studio transparaît dans chaque composition de «
Break the Silence », premier album full length tout juste accouché, livrant ses quarante énergisantes minutes où s'égrainent dix engageantes pistes d'égale durée. Et ce, sans omettre l'optimale mise en relief du skeud, eu égard à un enregistrement de bonne facture, un mixage ajusté et des finitions qui ne manquent pas à l'appel. Bref, on aborde une œuvre rayonnante et délicate, s'effeuillant au gré de truculentes vibes pouvant nous faire penser tour à tour à
Lacuna Coil,
The Murder Of My Sweet,
Delain,
Ancient Bards,
Ela. Autant de raisons de nous pousser à mettre le cd dans la platine et de nous laisser transporter par cette proposition.
Ce sont d'abord les pistes les plus vivifiantes qui témoignent d'une personnalité déjà affirmée et de la force créatrice de composition de nos acolytes, même si l'on ressent quelques sources d'influence sous-jacentes eu égard à l'une ou l'autre série d'accords. Aussi, on entre prestement dans la danse à l'instar du saignant «
Sleep no More », titre power symphonique au riffing meurtrissant, non sans rappeler les derniers efforts de
Delain, où la sirène ne tarde pas à témoigner d'une impactante puissance. Avortée de tout lyrisme exacerbé, ses virulentes impulsions n'en demeurent pas moins communicatives, et donc, attractives. On ne passera pas outre un petit solo de guitare au picking alerte signé Benjamin sur un bref pont mélodique avant que la reprise sur le refrain ne vienne définitivement nous faire plier l'échine. D'autre part, des arrangements bien distillés, renforcés par d'amples choeurs, s'épandent sur «
Revenge », entraînante et offensive plage nous calant sur de sculpturaux couplets avant de nous assigner à résidence sur les refrains. Au sein d'une dense instrumentation couplée à une frondeuse rythmique, la belle, à la façon de
Sara Squadrani (
Ancient Bards), nous surprend à monter avec célérité dans les notes haut perchées tout en conservant son mordant rock. Un break au piano interrompt la folle embardée avant que les flammes percussives ne jaillissent à nouveau pour un colossal feu de forêt. De son côté, le véloce « Fake » nous fouette le pavillon par ses riffs corrosifs et une offensive rythmique, rappelant dès lors
Ela. Nuancé dans son tracé mélodique, ce solaire instant, brut de décoffrage, n'offre que peu de moments d'accalmie et c'est précisément ce qu'on lui demande. Sinon, une ample instrumentation se déploie sur le vénéneux « My Addiction », épicée piste sympho gothique aux riffs échevelés. Quelques changements de tonalité viennent corroborer un cheminement harmonique éminemment infiltrant. A la croisée des chemins entre
Lacuna Coil et
Delain, cet incandescent morceau révèle un lead guitariste bien inspiré par son sujet, livrant de sémillants accords, d'une précision d'orfèvre, venant en contre-point des inflexions musclées et aux allonges bien tenues de la charismatique interprète. Enfin, l'entraînant et sensible «
Afterlife » revêt l'habit d'un hit en puissance, dans la veine harmonique d'un
Delain de la première heure. De cinglantes accélérations font jeu égal avec une rythmique un poil syncopée, pour une immersion dans une mer limpide à la profonde agitation intérieure. Des growls s'invitent au bal évoluant en osmose avec le belle sur un tracé mélodique apte à procurer d'authentiques plaisirs, nous cueillant au passage sur de bien engageants refrains.
Quelques marques d'originalité infiltrent également la rondelle de par leur atmosphère. Ainsi, le vitaminé et up daté « Damned », dans le sillage de
The Murder Of My Sweet, nous aspire dans une irrésistible tourmente peuplée de refrains catchy, mélodiquement imparables, servis avec grâce et maestria par la maîtresse de cérémonie. Sans se départir d'une ligne de chant exigeante qu'imposent les portées de cette pièce, la diablesse étonne par sa capacité à user d'impulsions aussi soudaines que fort bien distribuées. On pourra sans sourciller esquisser un headbang subreptice sous l'impact des frasques oratoires de la féline créature. Dans une autre énergie, une langoureuse ritournelle à l'italienne nous est proposée sur «
Lagrimas de Cinixiu (ft. Quilo) », mid tempo aux riffs gras et à la profonde rythmique. De souriantes gradations alternent avec de nombreuses variations au fil d'une piste prenant par moments de faux airs de rap sous le joug du flow de Quilo, rapidement soufflé par les angéliques vibes octroyées par la sirène. Cheveux au vent, on suit à la trace ses fières volutes oratoires sans les lâcher d'un iota.
Enfin, le combo nous installe dans une chaise longue pour une immersion en eaux profondes, à l'image de ses tendres et frissonnants instants. Ainsi, un subtil piano/voix sur fond de grésillement de vinyle introduit «
Prisoner of Mind », conférant un côté suranné à cette émouvante power ballade, dans la lignée d'un
Lacuna Coil des premiers émois. De par ses rais de lumière mélodique disséminés de bout en bout, il devient illusoire de chercher à s'en extirper sans voir perler une petite larme. La jeune déesse se muant cette fois en séductrice aux charmes dévastateurs, de par son timbre à la fois clair et écorché vif, achève de nous retenir plus que de raison. Par ailleurs, de fines perles de pluie pianistiques viennent à la rencontre d'une touchante empreinte vocale, alternant de troublantes fêlures, de stupéfiantes montées en puissance et un chapelet d'envolées semi-lyriques, sur «
Save Me from the
End », fondante ballade aux allures de slow qui emballe. L'opportune survenue du guitariste soliste, par ses truculents arpèges, ne manquera pas d'accaparer le tympan tout autant que la fluide mélodicité de l'instant posé. D'un battement d'aile, on s'élève dans les airs pour ne plus en redescendre avant la douce clôture de l'acte. Enfin, une enchanteresse plage nous est également destinée à l'aune de « Don’t Forget Me », outro de l'opus. De saisissants couplets alternent avec des refrains mordorés, espaces d'expression artistique où la jeune interprète, par le truchement de ses patines à la fois veloutées et témoignant d'un élargissement de son spectre vocal, fait mouche. Et ce n'est pas le flamboyant solo de guitare qui fera démentir le sentiment d'être aux prises avec le gemme du propos. Bref, un ravissement de tous les instants pour nos sens, alors aspirés par la force émotionnelle contenue dans les arcanes de cette délectable et plantureuse composition. Chapeau bas.
Pour son premier jet, le collectif transalpin s'en sort honorablement, parvenant à la fois à nous surprendre, nous séduire, nous émouvoir, voire nous pousser à l'addiction. Fait assez rare, très peu de baisse de régime ne vient desservir cette galette, le disque tournant inlassablement dans la platine sans que ne nous gagne la soudaine et irrépressible envie d'interrompre le déroulement du spectacle. Un peu décalé par rapport aux standards vocaux du genre, le groupe convainc néanmoins, et ce, tant par ses attaques et ses ruades oratoires que par les douces volutes infiltrées dans ses mots bleus, d'une sensibilité à fleur de peau. De bout en bout, la troupe s'adonne totalement à son art, à sa manière, opportunément investie dans les différents compartiments du convoi. On comprend que nos acolytes ont cherché à élargir le spectre de leur auditorat, le message musical pouvant affecter aussi bien les amateurs de metal atmosphérique gothique, voire symphonique, et assimilés, que les fervents partisans d'un rock mélodique bien enlevé. Ainsi, à l'aune de cette efficace auto-production, apte à éveiller d'authentiques plaisirs, les inspirés Italiens d'
Onyria pourraient bien se frayer un chemin dans un registre qui ne les a pas attendus. C'est dire que la concurrence se ferait fort de ne pas mésestimer ce potentiel déjà affirmé et quasi magnétique transpirant par tous les pores de cette généreuse offrande. Bref, un groupe à ne lâcher du tympan sous aucun prétexte...
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