Liste des groupes Doom Metal Capilla Ardiente Bravery, Truth and the Endless Darkness

Certains doomeux doivent probablement connaître la formation chilienne « Capilla Ardiente » (ou Chapelle Ardente en français), par l’intermédiaire de leur premier EP « Solve et Coagula » paru en 2009 sous l’étiquette du fameux label High Roller Records. Rappelons pour ceux qui ne connaîtraient pas, que c’est groupe qui avait été à l’initiative de l’ex-bassiste de « Poema Arcanvs », Claudio Botarro, entre 2004 et 2005. Il s’est alors allié avec un ancien roadie de « Poema Arcanvs », Felipe Plaza, celui-là même qui fondera « Procession » durant cette période. Claudio Botarro a rallié depuis la formation de son jeune homologue, en 2010 pour être précis, suite à la sortie convaincante de « Solve et Coagula ». On aurait pu se dire que ce ralliement à « Procession » aurait pu sceller définitivement le sort du projet « Capilla Ardiente ». En fait non! La notoriété de l’EP a dû être la raison de cette poursuite, désormais parallèle à l’autre référence du doom metal chilien. Un album sort d’ailleurs en 2014, intitulé « Bravery, Truth and the Endless Darkness », avec de nouvelles compositions. Celui-là a été enregistré aux DM6 studios de Santiago, passage incontournable de toute formation brutale chilienne et propriété du batteur et ingénieur son Pablo Clares. Si l’Ep des débuts avait soulevé les passions, elles risquent de retomber à l’eau pour l’effort suivant.

L’empreinte génétique de « Candlemass » s’inscrit chez « Procession », mais également fortement chez son frangin « Capilla Ardiente. Les riffs chargés et lourds qui lancent l’album sur l’introduction « Consequence and Consequences » en sont la preuve. On peut d’ailleurs ressentir ce son écrasant, froid et profond qui avait accompagné les sorties du grand leader suédois durant sa période avec Robert Lowe. On notera que cet héritage est plus sensible sur l’album que sur le précédent EP. « Solve et Coagula » avait le don d’utiliser des mélodies bien travaillées, de surprendre l’auditeur dans divers changements d’ambiances. A l’inverse l’opus qui fait suite au projet s’éprend dans une certaine monotonie. « Into Unknown Land » fait foi d’une baisse de créativité et d’un penchant plus prononcé à « Candlemass ». Les riffs sont certes implacables, bien appuyés, mais trop ternes et sans âme pour être subjuguant. On va me dire que c’est le propre du doom metal, mais ici, il y a un réel souci de redondance. La musique est devenue quelque peu indifférente, sans grand relief non plus.

Nous ne sentons plus l’équipe aussi impliquée que lors de leur effort précédent. Pour exemple, nous ne notons que de faibles et très brèves réparties sur « Towards the Midnight Ocean », qui semblait bien investi de prime abord. On y décèle même des riffs frénétiques, une consistance impitoyable. L’attirance des débuts va s’avérer plus incertaine à la longue. Il est assez amusant de remarquer une influence, bien que minime, aux travaux de « Symphony X », notamment si on fait un lien avec une œuvre comme « The Odyssey ». C’est vrai, qu’en supplément, le chant de Felipe a quelque chose de Russell Allen dans les intonations. Le titre en question va véritablement faire part de signes de faiblesse sur sa seconde partie, plus poreuse. On alterne les sorties trop brèves et un accablement juste longuet, du moins n’arrivant que difficilement à nous toucher. Un peu comme celui parcourant l’instrumental vaporeux « Naufrages ». Des notes renvoyant aux sentiments d’abandon, de solitude, sont délivrées au compte-goutte, emportées loin par le courant de la mer.

Ainsi, l’image de « Naufrages » se distingue diamétralement de celle reflétée par un « They Who Where Lost and Now Are Cursed », délivrant des riffs nerveux et ouvragés, un ton déterminé. Cela traduit même une forme de hâte dans le rythme et les lignes de chant. Néanmoins, le chant plus que les instruments est perturbé, est devenu fuyant. En fait, les avis seront partagés à l’écoute de ce titre. C’est vrai que l’on retient de bonnes reparties de lead guitare, dont un petit solo de flamenco. A l’inverse, il faut admettre que c’est extrêmement monotone et que l’on ne peut se contenter que de petites interventions de lead guitare ici ou là. L’EP était déjà moins avare en mélodies et en changement de riffing. Tout au plus retiendrons nous comme véritable morceau positif, un plus généreux « Nothing Here for Me », avec son entame orageuse. Les instruments ont pris là en souplesse. Le tout se révèle plus audacieux et pertinent ; surtout sur la seconde partie de piste alternant passages de somnolence, de marche funèbre, et réveils oppressants.

« Capilla Ardiente » était le fruit d’une rencontre, aujourd’hui consommée depuis l’entrée de Claudio au sein de la formation de son ancien roadie Felipe. Il n’avait plus vraiment de raison d’être. Ils ont préféré continuer cette expérience comme s’il s’agissait désormais d’un « Procession »-bis, mais il est à remarquer que l’intérêt qui a été porté pour « Solve et Coagula » risque fortement de ne plus être au rendez-vous pour le volume qui lui fait suite. L’inspiration de 2009 s’est tout simplement envolée. « Capilla Ardiente » ne fait plus que du « Candlemass » worship de seconde zone, alors qu’ils avaient su se montrer bien plus éclairés et subtils auparavant. Le ruisseau tourmenté a accouché d’une grande rivière plate. Il est probable d’ailleurs que beaucoup d’auditeurs iront choisir un meilleur cadre pour s’y noyer.

12/20