Il y a généralement dans toute communauté, sociale, politique ou culturelle, un élément à part du reste de l’ensemble. Et cela s’applique également au monde musical. Prenons l’univers du black metal, lui-même divisé en de nombreuses écoles ayant chacune, à peu d’exceptions près, leur particularité comme par exemple le style norvégien, suèdois ou encore finlandais. Parlons en d’ailleurs du style finlandais, reconnaissable entre milles, popularisé à la fin des années 90’ et surtout au début des années 2000 par des formations comme
Horna,
Satanic Warmaster ou
Sargeist. Les bases de la musique de ces groupes continuent d’influencer de nombreux combos comme par exemple les tout jeunes
Prevalent Resistance. Cependant,
Black Dawn, un quatuor actif dès 1993 décide de ne pas rentrer dans le catalogue des groupes de black typique finlandais. Ainsi, après trois démos sortis respectivement en 1992, 1993 et 1996, la formation parvient enfin à enregistrer son premier album, intitulé de façon peu originale
Blood for Satan, qui sort en 2001 de façon conjointe sous les houlettes de Season of
Mist et de Necropolis Records.
A quoi donc faut-il s’attendre dans ce cas à l’écoute de ce «
Blood for Satan » ? Avant de rentrer dans les détails du sujet, j’affirmerais simplement ceci : Cet opus est l’album le plus brutal en matière de black metal qui soit sorti des frontières finlandaises. Et oui, rien que ça, je m’explique.
Il est rare pour ma part de commencer par décrire le son et la production d’un album, cependant je ne peux ici pas passer outre cela dès le début de cette chronique. En effet la production est tout simplement dantesque tellement l’épaisseur du son et la puissance dégagée est impressionnante. Voilà donc un premier élément qui les diffère du reste de la scène finlandaise, préférant généralement un son plus « trve ». Tous les instruments sont mis en avant, même si la batterie monopolise cette apocalypse sonore. Il faut d’ailleurs saluer la performance de Jani Martkkala , impressionnant de rapidité tout au long des trente deux minutes de cette galette.
Les morceaux sont généralement courts, tournant autour de deux minutes, même si plusieurs d’entre eux passent la barre des quatre minutes ainsi que le dernier, nous offrant six minutes de blasphème plus que délectable. Chaque piste s’articule généralement autour de deux ou trois riffs, simples mais efficaces, pour le plus grand malheur de votre nuque, à l‘image du terrible « A
Hymn to Grand
Darkness » ou de « To
Haunt and to Feed ». Il faut ajouter à cela des blasts quasi incessants et de nombreux interludes durant lesquels
Prophet Hoat Wrath véhicule sa propagande sataniste mais nous y reviendrons. Il faut d’ailleurs mentionner la particularité qu’a ce dernier consistant à alterner voix typiquement black et voix grave pour un rendu du plus bel effet mais laissant transparaitre une supposée schizophrénie du personnage.
Comme le laisse penser le titre de l’album, les messages transmis à travers les dix morceaux de ce «
Blood for Satan » sont résolument satanistes. Précisons tout d’abord que le chanteur appartient à une secte, appelée « Ostrobothnian Black
Metal Circle », ce qui en dit long sur ses croyances. Les références au malin sont donc omniprésentes à travers cet album, comme par exemple l’introduction de l’excellent « Of Blackest
Witchcraft », déjà utilisée par plusieurs groupes auparavant comme
Gloomy Grim sur « Written in
Blood ». Nous pourrions aussi nous attarder sur la symbolique, comme la présence de la croix d’
Ankh sur la pochette, symbole de la vie, mais ici inversée, renvoyant directement au culte de la mort.
Ainsi
Black Dawn parvient, avec cet unique album à leur actif (pour le moment ?), a proposer une alternative au style pratiqué au sein de leurs propres frontières, c’est-à-dire un black metal résolument brutal, sans fioritures et très porté sur le satanisme dans la plus pure tradition.
Malheureusement cet album passera relativement inaperçu, même au sein de la scène dans laquelle nos finlandais évoluent. Pour couronner le tout, la formation sera contraint de changer de nom pour
The True Black Dawn du fait qu’un groupe de heavy metal américain porte également le même nom, ce qui contribue sans nul doute à faire sombrer le groupe un peu plus dans l’anonymat. Le groupe est néanmoins toujours actif et en attendant un hypothétique futur album, jetez vous sur cette petite bombe, vous ne le regretterez pas !
15/20
Je ferais une rectification : "mis en lumière au début des 90's par les légendaires Beherit et Impaled Nazarene, popularisé pour les trends par les talentueux Horna ou Sargeist, et repompé allègrement par des suiveurs au talent plus ou moins incertain comme Prevalent Resistance" hé hé.
Sinon cet album n'est pas passé inaperçu au contraire, grâce notamment au boulot de Season Of Mist, ce disque s'est même retrouvé avec de la promotion valable, jusqu'à squatté les compilations Hard Rock Mag de l'époque. C'est surtout que ce truc n'a pas résisté à l'épreuve du temps à cause de l'inactivité phonographique du groupe.
Sinon il s'agit effectivement d'un disque très brutal, proche parfois de la scène suédoise, mais aux ambiances beaucoup plus crasseuses.
Je n'ai pas trouvé d'informations m'indiquant que cet album fut bien distribué, mais je te fais confiance là dessus ;)
Bien distribué c'est pas le mot non plus, Black Dawn n'étant évidemment pas une priorité pour SOM, mais inaperçu c'était pas le bon mot non plus.
Merci pour cette chro en tous cas, je songeais à la rédiger de temps en temps (parmi 500 autres), mais je n'éprouvais pas le besoin d'en dire grand chose hormis que c'était brutal...
Je m'offusquais du fait que le groupe ne soit pas chroniqué, et je voulais m'y mettre. C'est pourquoi j'apprends avec surprise le changement de nom du groupe (et aussi son "activité").
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