Si le nom de
Giuffria ne vous est pas totalement inconnu c'est que vous appartenez peut-être à la catégorie enviable de ces gens, généralement jeunes, qui aiment approfondir, apprendre, chercher et cultiver des connaissances à propos d'univers, de périodes ou d'époques, qu'elle n'a pas nécessairement connu.
Mouais...pas très convaincant…
En vérité, vous et moi savons bien qu'en réalité si le nom de
Giuffria ne vous est pas totalement inconnu c'est que vous appartenez sans doute plutôt à celle, nettement moins enviable puisque généralement nettement moins jeune, de ceux qui ont connus ces mêmes univers, périodes ou époques pour les avoir vécu de près et qui donc ont vu passer Gregg
Giuffria et ses comparses du temps où ils sévissaient, à savoir dans les années 80. La formation pratiquait alors un
Hard FM très mélodique dans lequel les claviers étaient omniprésents. Envahissants diraient même certains. Et ils n'auraient pas forcément torts.
L'atout principal de ce quatuor était, selon moi (mais pas selon
Gene Simmons qui l'évinça lorsque
Giuffria devint House of Lords), son chanteur, David Glenn Eisley et son organe au timbre très particulier.
Pas étonnant d'ailleurs que le vieux briscards de
Deep Purple lui proposèrent la place laissée vacante par
Ian Gillan au début des années 90. Une place qu'il refusa au profit de
Joe Lynn Turner avec lequel les Anglais enregistrèrent
Slaves and Masters qui, soit dit en passant, est un album très intéressant. David Glenn, quant à lui, accompagné de Keni Richards, de F.
Kirk Alley, mais surtout d'
Earl Slick, sous le nom de
Dirty White Boy, nous proposa un Bad Reputation remarquable au
Hard Rock Bluesy superbe.
Et ensuite ?
Plus rien. Ou presque. Rien en tous les cas qui mérite d'être évoqué. David Glenn disparu. Musicalement du moins.
Plus de 20 ans après, en 2014 pour être tout à fait précis, le vocaliste décide avec quelques camarades, dont notamment le guitariste Craig Goldy et le bassiste Chuck Wright, deux musiciens qui, eux aussi, ont fait parti de
Giuffria, de revenir aux affaires. Il faudra encore attendre 3 ans avant qu'un opus baptisé
Blood, Guts and Games ne voit le jour.
Par les temps qui courent (et qui courent vite, de plus en plus vite), pratiquer un
Hard FM telle que celui dont
Giuffria nous gratifiait autrefois serait, à mon sens, une grossière erreur. Une telle musicalité ne sied, en effet, plus vraiment à l'air du temps. Fort heureusement, même si Eisley / Goldy nous propose l'expression d'un art dans lequel on peut reconnaître ce legs là, il évolue dans un
Hard Rock beaucoup plus solide (entendez par là '' nettement moins mélodique'') que celui de son aîné. Les synthés, bien que très présents, restent à leur place et laissent les guitares s'exprimer librement. Et surtout, au premier plan (ce qui n'était pas toujours le cas avec
Giuffria). Puisque nous en sommes à évoque la place de chacun dans ce mix, personnellement, même s'il fait, comme à son habitude, un excellent travail, je trouve qu'il aurait été préférable de mettre un peu (et j'insiste sur le ''un peu'') plus en avant la performance de David Glenn. Mais je chipote.
Au niveau des morceaux, évidemment ici rien ne sera à même de secouer quiconque dans ses convictions les plus profondes. Il règne même une inertie d'un ensemble qui se complaît trop souvent dans un rythme de croisière sympathique mais presque invariable. Manque en effet quelques coups d'accélérateurs supplémentaires autre que ce
Wings Of A
Hurricane un peu seul. Davantage de variations qui auraient donné beaucoup plus de relief à ce disque. Cela étant I Don't Belong Here Anymore ou Soul of Madness, dont l'entame aux claviers nous rappelle un peu le
More Than Meets
The Eyes de
Joey Tempest et de ses acolytes, sont de bons morceau. Tout comme
Track Thirteen d'ailleurs.
Peu d'accélération donc. En revanche pour les freinages brusques, on peut compter sur les ballades qui si elles ont l'avantage de ne pas trop nous ennuyer n'apporteront pas grand-chose à l'ensemble.
Au final, pour être tout à fait précis et clair, ceux qui attendaient le retour de
Giuffria pourront sans doute, à l'aune de ce
Blood, Guts and Game, trouver quelques raisons de se réjouir. En revanche ceux qui espéraient une suite au sublime Bad Reputation seront fatalement beaucoup moins enthousiastes à l'écoute de ce manifeste totalement dépourvu d'éléments bluesy, country ou de passages emprunté à ce folklore si typique du sud américain. Dépourvu, en somme, de ce qui contribuait grandement au charme de cette œuvre.
En tant que fan d'Eisley, javais dans l'idée de chroniquer cet album, mais au fil des écoutes j'ai préféré abandonner. En effet, cet album ne parvient pas à rivaliser avec les 2 Giuffria et encore moins le Bad Reputation de Dirty White Boy. finalement, cet album au son daté s'écoute sans plus!
Merci Darko, pour la chronique.
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