Liste des groupes Power Metal Foreword Blind Fate

Parfois, l'âge venant, cette satanée mémoire vous joue des tours. Quand vous écoutez, au hasard, la première démo baptisée Blind Fate d'un de ces groupes du Brésil répondant au nom de Foreword, et que la voix particulière de ce chanteur Reginaldo Mendes éveille en vous quelques anciens souvenirs, ceux d'un autre vocaliste dont la voix était, ou est, similaire mais dont vous ne parvenez plus à vous rappeler du nom, la déprime guette. Le noir vous envahit. La morosité de cette vieillesse ennemie vous jette à terre, vous piétine, vous brise l'âme et joue de manière cynique avec vos restes. Et puis soudain, la chance aidant, la lumière revient. Ce nom sur lequel vous ne parveniez pas à mettre la main jaillit. Ici, en l'occurrence, il s'agira de Michael Kiske. En effet, Reginaldo, dans l'emploi caractéristique de certains aigus, est, en quelque sorte, le sosie vocal de Michael. Ouf, l'honneur est sauf. Mais jusqu'à quand?

Au-delà de cet étalage pathétique concernant la dégénérescence intellectuelle de votre modeste serviteur, revenons donc au travail de ce quintet originaire de Belém. Alors que les guitares évoluent ici dans un registre un peu plus bas, que le propos est plutôt celui d'un Heavy Metal Speed mélodique classique et que l'ensemble est clairement le fruit d'une production aux moyens plus limités, l'influence perceptible restera ici clairement allemande (Helloween notamment mais aussi, dans une moindre mesure, Edguy) et anglaise (Iron Maiden sur la piste éponyme).

Cette similitude vocale, que j'ai, si vous vous souvenez bien, déjà évoquée plus haut, et si vous ne vous souvenez pas c'est que, sans doute, vous êtes dans un état de déchéance lié à l'âge aussi avancé que le mien, ne viendra pas ternir outre mesure la bonne tenue d'un opus sans grand éclat, mais sans terrible faux pas non plus. Et ce, d'autant plus que si cette ressemblance est presque palpable sur les premiers morceaux de ce disque (Mediocre Golden, Mirage), elle aura tendance à s'estomper par la suite.

En parlant de faux pas, revenons sur ces soli de basse (comme par exemple celui de Blind Fate ou celui de Voices in my Mind) pour insister sur le fait que ces démonstrations n'auront vraiment que peu d'intérêt, sinon celui de nous faire songer à Steve Harris et à son Iron Maiden, le talent en moins. Ces cinq natifs de la terre de braise auront, s'ils ne veulent pas être l'objet de quelques critiques vindicatives, tout intérêt, à l'avenir, à s'abstenir de nous proposer à nouveau de telles prestations. Même si ce défaut n'a rien d'insurmontable, j'ai aussi beaucoup de mal à saisir là l'intérêt, sur une œuvre aussi courte, de nous proposer un premier titre instrumental et introductif, là où, me semble-t-il, entrer le plus rapidement possible dans le vif du sujet serait bien plus indiqué. Pour ce qui est de la production, elle sera clairement insuffisante mais ne rendra pas pour autant l'ensemble inécoutable. Loin s'en faut.

Quoi qu'il en soit, cette première tentative des Brésiliens de Foreword ne sera pas totalement dénuée d'intérêt. Il faudrait cependant, pour mieux juger, que le groupe nous propose davantage que seulement 4 morceaux et qu'il offre un mixage digne de ce nom à son travail. Et accessoirement qu'il se trouve une personnalité. Mais là on entre dans le domaine de l'utopie...