Liste des groupes Néo Metal Valiria Blind Faith

Jeune formation metal heavy mélodique et alternatif native de Sao Paulo, encore peu connue hors de sa terre mère, Valiria se pose comme un prometteur outsider dans cette veine stylistique à chant féminin. Cela dit, une expérience de deux ans de la scène metal locale s'inscrit en creux entre 2014, année de création du combo sud-américain, et l'accouchement de son premier bébé, « Blind Faith », EP auto-produit de 5 titres égrainés sur un ruban auditif de 24 minutes. C'est dire que le groupe s'est laissé une confortable marge de manœuvre, ayant, de fait, peaufiné ses arrangements, soigné le mixage et passé en revue les détails d'une production où l'enregistrement des pistes ne souffre que de peu de notes résiduelles.

Inspiré par la dynamique percussive de Lacuna coil, l'empreinte vocale d'Evanescence, une ambiance jumelant celles de We Are The Fallen et d'Autumn, avec un zeste de Kingfisher Sky, le quartet brésilien livre un initial opus à la fois entraînant, puissant mais sans excès de rugosités, mélodieux mais sans ingénue mièvrerie, où les attaques de riffs s'avèrent bien dosées et où tout en se montrant nuancé dans ses harmoniques, le groupe s'est montré humble dans sa démarche. En outre, un habile brassage de ses sources d'influence et une touche personnelle perceptible dans les différentes séries d'accords et nombre de variations atmosphériques confèrent à ce pénétrant propos tout son substrat, empreint d'inspiration et d'originalité. Aussi, entrons dans le cœur du message musical concomitamment délivré par Laís Tomaz (chant), Luccas Vasconcelos (guitare), Rodrigo Sughayyer (basse) et Sergio Barsant (batterie) afin de tenter d'en déceler la substantifique moelle.

D'une part, c'est d'un mode rythmique plutôt enjoué, voire mordant, que s'est paré la menue rondelle, avec quelques passages du plus bel effet, mais aussi avec ça ou là certains écueils que le combo devra éviter par la suite s'il ne souhaite pas tomber dans les travers d'une proposition simplement agréable à défaut d'être véritablement impactante. Tout d'abord, une basse vrombissante signée Rodrigo Sughayyer nous accroche prestement le tympan de même qu'un riffing en tirs en rafale sur « One Day », piste metal atmosphérique mélodique aux accents power, dans le sillage rythmique de Lacuna Coil, avec une patte d'Autumn en arrière-fond sur le plan mélodique. Sur un parterre guitaristique brûlant parsemé de braises incandescentes, la charismatique Laís Tomaz, dotée d'un timbre chatoyant calé dans les médiums et éminemment impactant, dans l'ombre d'Amy Lee, déambule avec aisance, prestation particulièrement délectable sur l'immersif refrain, non sans rappeler Evanescence. Quelques failles en matière de justesse vocale n'empêcheront nullement de suivre le brûlot jusqu'à son terme. Dans cette énergie, de grisantes sonorités d'une lead guitare foncièrement saturée nous parviennent des lymbes de « Lies », frondeuse piste où la douce se mue en redoutable prédatrice. Dans l'ombre de Lacuna Coil, l'instrumentation se déploie progressivement en de grésillantes volutes et sous le joug d'une rythmique fulminante, mais suivant un lassant car bien linaire sillon mélodique. Mais, les assauts répétés de la six-cordes rythmique nous pousseront à l'esquisse d'un headbang à peine voilé. Enfin, dans cette dynamique, une offensive introduction dictée par des riffs acérés et amples nous immerge dans le chaudron bouillonnant de « Shot Me down », entraînant et touchant morceau heavy mélodique dans la lignée de Kingfisher Sky, avec une touche d'Autumn. Des effets de réverb partiels confèrent aux impulsions vocales de la princesse une saveur particulière. On découvre ainsi une plage jouissivement sulfureuse, aux refrains enivrants et où la symbiose opérée entre les acteurs en présence est confondante. Bref, on est face à une piste aux allures d'un hit en puissance, dotée d'armes de séduction et de poing suffisantes pour que l'on entre prestement en communion avec l'ensemble du corps orchestral ainsi investi.

D'autre part, le collectif a ralenti le tempo, sans y perdre en matière de relief acoustique et de caractère. Ainsi, des cloches en goguette tintent dès l'entame qu'aspire aussitôt un riffing rocailleux sur le mid tempo « Lullaby for Madness », titre d'inspiration heavy mélodique à la rythmique plombante et grasse, non sans rappeler l'univers de We Are The Fallen. Cet acte s'avère furieusement efficace de par sa structure scripturale, assurant une heureuse liaison entre de sculpturaux couplets et des refrains catchy, mis en habits de lumière par la déesse, celle-ci, de par ses oscillantes et rayonnantes patines oratoires détenant les clés qui sauront magnétiser plus d'une âme rétive. Dans une même mouvance rythmique, « Come to Me », de par sa troublante atmosphère orientalisante, à la manière de Xandria, à l'époque de « Salomé », offre son lot de moments envoûtants, voire hypnotiques sur le refrain. Bien habité par la maîtresse de ces lieux propices à la captation de nos sens, l'instant posé octroie quelques passages tamisés de bon aloi, au tracé mélodique témoignant de très fines nuances. On se surprend alors à voir flirter la belle avec des notes très haut perchées, délicatement modulées et tenues à la perfection, que l'on suivra sans sourciller, et que l'on ne manquera pas de revisiter, histoire de revivre ces féériques moments, déclencheurs de quelques inconscients frissons tant la charge émotionnelle est forte.

Ce premier effort a permis de mettre le doigt sur un potentiel déjà affirmé chez les Brésiliens de Valiria, qui ne manquent ni d'aplomb, ni d'inspiration, se révélant, de fait, aptes à fédérer un auditorat déjà sensibilisé au metal mélodique et atmosphérique à chant féminin, dans la lignée des sources d'influence sus-citées. Le groupe a beaucoup appris de ses pairs, et même s'il éprouve encore quelques difficultés à s'en extraire pour y apposer davantage son empreinte artistique propre, il a restitué ses gammes et ses arpèges non sans panache, avec un brin d'originalité, eu égard à la combinaison des séries de notes impliquées et des styles auxquels il s'est référé. Il conviendra encore d'y gagner en justesse vocale, diversifier l'offre, notamment par des ballades, fresques, instrumentaux, duos, pour que le champ de réception de ses vibes s'élargisse. Mais, nos acolytes ont encore le temps d'affiner le trait, d'étoffer leur propos, pour espérer l'emporter. Affaire à suivre...