Attraper le bon wagon semble parfois évident mais dès qu’on rate le train en marche, il est quasiment impossible de reprendre la vitesse indispensable à une ascension digne de ce nom.
Yorblind fait partie de cette génération de groupes s’étant créé et ayant éclot au moment où des dizaines de combos sortaient et où le death mélodique avait sérieusement le vent en poupe, comme en témoigne les cartons et les multiples clones de
Children of Bodom,
Soilwork,
In Flames ou
Dark Tranquillity au milieu des années 2000.
Lorsque "
Melancholy Souls" est présenté au public en 2005, le groupe français fait figure de futur prétendants au succès hors de nos terres et laisse couler un sang quasi suédois dans un metal brutal et mélodique comme la Scandinavie le fait si bien, avec un chant arraché et agressif rapprochant
Yorblind des groupes plus extrêmes du genre. Cependant, il y a parfois des anomalies et l’écho que déclencha "
Melancholy Souls" resta malheureusement bien vide et creux, tant et si bien que la sortie de "Reflexions" quatre ans plus tard passa inaperçue.
C’est donc avec envie, motivation et un line up remodelé que
Yorblind veut s’imposer en ce début d’année grâce à un troisième opus faisait réellement office de virage stylistique, abandonnant la culture old school du death mélodique à une vision bien plus moderne, sans pour autant renier ses origines.
Court (trente-six minutes), compact et résolument plus féroce que ses prédécesseurs, "
Blind…but Alive" donne le change mais, paradoxalement, colle à l’actualité du moment comme ces prédécesseurs le faisaient avant lui. On remarque que le groupe s’est professionnalisé, que la production est plus épaisse et carrée (voir synthétique) et que
Yorblind s’est désormais ce qu’il veut. C’est, tout en gardant les influences précédentes, du côté d’un metalcore plus moderne qu’il faudra se pencher, tout en accueillant de nouvelles influences vocales plus graves et proches du sludge parfois ("
The Exploited").
"
Blind…" ouvre de son côté l’album sur une délicieuse montée en puissance, qu’un
Still Remains ou
Architects ne renieraient pas forcément, avec une mélodie reprise au tapping avant que "I Am Not" ne surgisse avant se laisser exploser la colère des français. La double pédale se fait plus lourde (c’est de ce côté-là que l’aspect synthétique se fait sentir), le chant sombre mais les guitares distillent habilement des nappes mélodiques sur lesquelles les riffs plus âpres viennent se greffer ensuite, un peu à l’instar de ce qu’a réalisé récemment
Lahmia sur son formidable premier album. "The
Scapegoat" poursuit dans une veine plus groovy et directe (ce riff d’intro fait pour les concerts) que l’on rapprocherait volontiers de
Trepalium et de son "Prescription Of Crisis" où on ajouterait des soli et des arrangements électroniques.
On sent que
Yorblind cherche à créer sa propre patte, sa mixture mais, par la même occasion, propose des compositions assez différentes les unes des autres. Ceci n’est pas forcément un mal, au contraire, mais cela se veut plus troublant sur un disque si court et dans un style où l’homogénéité est souvent une force. De là à dire que
Yorblind cherche sa personnalité, il n’y a qu’un pas. "The
Master" par exemple, bien plus thrash dans ses riffs et son ambiance, évoque un vieux
Metallica noirci et extrêmisé. Rien à voir avec son successeur "
Nemesis" qui lui sent bon le fleuron suédois avec un riff et une attaque de batterie pas éloigné d’un
Arch Enemy dans ses jeunes années.
"…But Alive" vient terminer de jolie manière acoustique ce si court album et il s’avère que nous avons au moins autant de nouvelles questions que de réponses une fois ce troisième opus terminé. Vers où va le groupe ? Quel public cible-t-il ? Pourquoi un album si court ?
Reste à savoir comment le public réagira et si l’accueil sera plus ouvert et chaleureux que les fois précédentes.
Yorblind a le talent et la passion. Ils n’ont plus qu’à le démontrer sur les planches.
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