Blestem

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17/20
Nom du groupe Colosus
Nom de l'album Blestem
Type Album
Date de parution 24 Juillet 2013
Style MusicalBlack Atmosphérique
Membres possèdant cet album18

Tracklist

1.
 Desertaciune
 03:54
2.
 Mormant
 12:51
3.
 Intuneric
 09:42
4.
 Blestem
 04:21
5.
 Dorinta
 07:56
6.
 La Apus
 09:36
7.
 Red Snow (Coldworld Cover)
 09:13
8.
 Pustiu
 07:49

Durée totale : 01:05:22

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Colosus


Chronique @ Icare

09 Octobre 2014

Un aller direct et sans retour pour l’asile ou la tombe, à savourer avec modération

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le DSBM n’est pas extrêmement représenté en France. Alors que les combos du style pullulent en Allemagne et en Scandinavie, l’hexagone semble bouder cette nouvelle expression musicale que d’aucuns jugent peut-être trop minimaliste et caricaturale pour être crédible. Tout juste peut-on citer des groupes tels Pensées Nocturnes, Nocturnal Depression ou Dysphorie qui, dans leurs styles respectifs s’évertuent - ou se sont évertués dans le cas du premier - à porter à bout de bras un genre qui semble à l’agonie, victime d’une tendance généralisée à s’auto parodier et à tourner en rond. Eh bien, réjouissez-vous ou lamentez-vous, c’est selon, car voici que Colosus, one man band lillois signé sur Kaotoxin – label qui a décidément le don pour débusquer les jeunes talents et les combos à la musique originale et inspirée - débarque aujourd’hui avec son premier full length pour vous souiller les oreilles de son art maudit et délétère. Et autant vous le dire tout de suite, l’entité incarnée par Khrudd, également batteur chez les britanniques de Sidious, n’est pas là pour rigoler.


Non, certes, Colosus ne fait pas dans l’originalité, mais en même temps, ce n’est pas ce que les amateurs du genre exigent. En revanche, les 8 titres de Blestem sont particulièrement intenses, dégageant une haine et une soif de destruction palpables qui risquent bien de vous laisser sur le carreau. Je veux dire littéralement sur le carreau, barbotant dans votre sang écarlate, les veines des poignets ouvertes et l’artère fémorale tranchée. Dès le début, Desertaciune nous prend à la gorge avec ses presque 4 minutes d’ambiant aux sonorités fantomatiques et désespérées sourdant l’angoisse, et l’enchaînement avec Mormant, dont les arpèges de guitare lancinants et la basse lugubre résonnent, froids et inéluctables, comme un appel désespéré au suicide, faisant presque passer Forgotten Tomb pour des clowns, est fatal. Du haut de ses 12,52 minutes, ce titre nous crache à la gueule un mal-être et une souffrance difficilement supportables, nous enveloppant du manteau de suie de ses riffs roulants et maladivement beaux, sapant définitivement notre amour pour l’existence, insinuant dans notre esprit corrompu un attrait toujours plus avide pour la mort, et ce jusqu’à ce que la froideur de la lame, comme aimantée par la chaude pulsation de ces vaisseaux bleus bouillonnants de vie, entre cruellement en contact avec notre chair déjà meurtrie. Les guitares sont particulièrement graves, la voix de Khrudd est impitoyable, rauque et haineuse, grondant comme le sombre et inéluctable héraut d’un jugement dernier qui verra l’éradication d’une race humaine se vautrant dans la fange de sa propre déchéance, et, fait assez rare pour être noté dans ce genre de metal d’habitude très lent, la batterie n’hésite pas à sortir de sa catatonie morbide, conférant une agressivité destructrice à l’ensemble, notamment via ces parties de double très présentes, et surtout ces blasts particulièrement lourds, dont la réverbération sourde avale un peu le chant plaintif des guitares, et qui intensifient la lobotomie de la lie humaine dont nous sommes tous.
Les grattes justement varient agréablement leurs riffs (on est loin d’un Hypothermia qui fait tourner les trois mêmes accords pendant 15 minutes), et sans avoir la virtuosité d’un Nyktalgia, Colosus émaille son mur distordu d’arrangements mélodiques et de notes larmoyantes qui se révèlent pleinement lors d’une écoute au casque (Mormant, le superbe et glaçant La apsus), et qui ajoutent à la profondeur et à l’impact lancinant de ces 65 minutes de dépression.

Si le début d’Intuneric semble nous bercer insidieusement dans le voile de son ambiant hébété et sélénite, la haine vient vite reprendre ses droits, explosant dès 1,38 minutes sur ce râle agonisant de Khrudd , ce riff désespéré et particulièrement grave à la mélancolie glaciale et torturante et cette double pédale qui résonne à l’envi et se répercute sans fin dans cet océan de négativité et de noirceur. Le paroxysme de l’horreur est atteint en milieu de titre, lorsque, flottant sur le dépouillement désolé de ces arpèges nus et froids, ces hurlements plaintifs et déments viennent nous faire saigner les tympans, à la limite du soutenable, nous faisant presque chanceler de malaise tellement ils sont suffocants de douleur et de dégoût de soi, renvoyant inéluctablement au pire – donc au meilleur - de Silencer. A la suite de quoi Colosus repart à l’assaut, impitoyable, rappelant presque Hate Forest dans l’accordage de ces riffs sombres, roulants et claustrophobes et la résonance vide de ces blasts déshumanisés, annihilant toute émotion positive, nous entraînant toujours plus loin dans son monde de désolation et d’aliénation.

Impossible de ne pas être pris aux tripes et profondément bouleversé par cet enchaînement d’intros et d’interludes ambiant inquiétants et décharnés (écoutez voir le titre éponyme, qui enchaîne à merveille sur le début de Dorinta, proche d’un Trist au meilleur de sa forme ou d’un Coldworld aux tendances suicidaires), d’arpèges funéraires à l’aura macabre oppressante, et de riffs morbides suintant la douleur et le rejet de la vie. La funeste apothéose de cette délectable danse macabre est atteinte sur La apus, auquel Déhà prête ses vocaux particulièrement habités et schizophrènes, entre borborygmes maladifs et hurlements insanes, émanations lointaines d’une âme damnée qui vont se perdre dans la brume opaque de deuil et de misanthropie de ces riffs tantôt vibrants tantôt terrifiants à vous pétrifier le cœur.


A la frontière d’un black ambiant déshumanisé et glacial et du DSBM le plus sombre et dépressif, Blestem se vit comme une expérience unique et douloureuse, se subit comme une crise de folie qui engourdit progressivement toutes les fibres de votre être, se savoure comme un poison des plus capiteux et nocifs qui s’injecte directement dans les veines. Cachez donc les ciseaux, couteaux de cuisine et autres lames de rasoir, enfouissez les cordes au fin fond d’un carton poussiéreux dans le grenier, fermez à double tour l’armoire à pharmacie et jetez les clés, car cet album d’une beauté noire particulièrement chavirante peut autant s’imposer comme une révélation indispensable à votre âme en quête de sensations fortes que comme un aller direct et sans retour pour l’asile ou la tombe. A savourer avec modération et à ranger précieusement aux côtés de Sterbend, Trist, ou Make a Change Kill Yourself, étoiles brillantes luisant au firmament d’un art noir décidément trop injustement décrié.

5 Commentaires

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growler - 09 Octobre 2014: Aller direct à l'asile? Faut que j'écoute ça!! Merci Icare pour cette chronique redoutable, encore une fois.
Icare - 09 Octobre 2014: Merci growler! Ce coup-ci, c'est peut-être moi qui vais réussir à te faire basculer de l'autre côté de la force, hé hé! :-D
Icare - 10 Octobre 2014: gogol69: hé hé, je suis partout! Merci encore pour ton commentaire avisé, je vois que toi aussi tu as succombé à la magie noire de cet album si saisissant...
growler - 10 Octobre 2014: Ah ouais, c'est pas mal du tout!!!
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